Chapitre 24 : «Triste réunion de famille...»

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Nous n'avions rien dit à M. Gaye.

Il était tellement mal en point. La surprise serait vraiment de taille. Le chef cuisinier avait concocté les mets comme demandé. Le salon en était d'ailleurs rempli. C'était la première que je sentais la villa, vivre. D'habitude, on a presque l'impression qu'elle est inhabitée.

Les invités arrivèrent presque tous en même temps. La maison fut immédiatement remplie. Il y avait Oumeyra, son mari. Mariama, Soraya et son mari, Malick, sa femme, leur trois filles ainsi que les filles et petits-enfants de Malick. Ils se présentèrent un par un avant de prendre place. Mme Goudiaby mis M. Gaye sur sa chaise roulante avant de l'emmener jusqu'au salon.

Une fois sur place, il se mit à pleurer. C'était tellement émouvant. Soraya courut vers lui et s'accroupit en pleurant. Même Malick qui aimait faire le dur avait les yeux rouges. Ils se rendirent compte que M. Gaye ne faisait pas la comédie.

Oumeyra et Mariama le saluèrent vite fait avant de faire les présentations. C'était beau, vraiment beau. Même mes cameramans avaient les larmes aux yeux. Il n'y a pas plus beau que la famille. M. Gaye était submergé d'émotion. Il n'arrivait même pas à parler. Ses arrières petits-enfants quant à eux, étaient beaucoup plus intéressés par le buffet que par leur grand-père. Ils sautaient dans tous les sens, la bouffe à la main.

M. Gaye demanda à Mme Goudiaby de demander poliment aux hôtes de faire moins de bruit car il voulait parler. Chacun pris ses enfants puis la pièce devint silencieuse. Toujours sur sa chaise roulante, il dit d'une voix faible et tremblante :

-M. GAYE : Je n'ai pas les mots. Je suis profondément touché par le fait que vous ayez tous mis nos différents de côté. Merci de m'honorer de votre présence. Je sais que vous pensez que je suis toujours le même mais sachez que le Souleymane Gaye que vous avez connu n'est plus là. Je regrette amèrement tout le mal que je vous ai fait. Je demande pardon à chacun de vous. Je vous aime plus que tout.

J'avais la chance d'avoir une des choses les plus importantes dans la vie : la famille. Et j'ai fait en sorte d'être détesté à cause de mes ambitions plus qu'exagérées et mon égoïsme. Ce qui est dommage, c'est que même si vous me pardonnez, nos rapports ne seront jamais comme avant. Malick est un homme maintenant, et il a des grandes filles, et a même des petits-enfants que je ne pourrai jamais bien connaitre car je suis malade. Ma maladie s'aggrave de jour en jour et je ne sais pas combien de temps je tiendrai encore. Mes enfants, cette maison vous revient de droit tout comme mes entreprises. Je vous supplie de ne pas refuser. Je me suis battu toute ma vie dans l'optique d'offrir un avenir meilleur à mes enfants, à ma famille et, accepter d'en prendre soin me, fera le plus grand plaisir.

ü OUMEYRA :

Sache que ta bataille n'était pas vaine. Je prie désormais et j'ai trouvé la paix en Dieu.

Oumeyra, tu es une personne qui me marquera à jamais et cela, je ne cesserai de le dire. Dieu t'avait mis sur ma route pour me rendre meilleur et je n'ai pas su m'ouvrir à toi. Tu m'as épaulée et encouragée et cela, je ne l'oublierai jamais. Tu es un diamant et je suis heureux de savoir que désormais tu as trouvé un joaillier digne de prendre soin de toi. Plus je te regarde, plus je sais que tu es épanouie. Avec moi, tu étais tout le temps préoccupée. Je te demander pardon devant tout le monde. Pardon. Contrairement à moi, tu as su donner l'amour qu'il fallait à notre fils ; tu lui as appris de respecter sa femme comme il respecte sa mère et sa sœur ; Tu lui as inculqué d'excellentes valeurs ; Tu as fait de lui le merveilleux père, mari, frère qu'il est. Je suis fier de lui et fier de toi.

Bravo, dame de fer.

ü MARIAMA :

Ah Mariama. Je sais que tu as beaucoup plus de raisons de me détester que les autres car je t'ai involontairement pris un enfant et tu devras vivre avec le doute de savoir si elle est en vie ou non. Je devrai également vivre avec ça et crois-moi cela fait partie des choses qui me rendent encore plus malade. Pardon, milles excuses, même si je sais que cela ne la ramènerait pas. Quand je t'ai connue, tu venais à peine de digérer ton veuvage. Au lieu de te soutenir, de continuer à t'offrir autant d'amour que ton défunt mari, je t'ai brisée. Je t'ai fait perdre goût à la vie. J'ai fait douter de tous les hommes. Je t'ai laissé seul élever notre fille. J'aurai dû insister pour t'épauler, mais la fierté m'en empêchait. Aujourd'hui c'est trop tard. Mes mots, sanglots, prières n'y changeront rien. Le mal est déjà fait. J'ai feins d'être un homme que je n'étais pas pendant longtemps. Je t'ai sorti de ta petite vie paisible pour t'emmener vers une vie pleine de tourments. Le pardon n'est qu'un mot, mais il a le pouvoir d'apaiser. Donnes une chance à quelqu'un, tu mérites d'enfin connaitre le bonheur. Il n'est jamais trop tard pour cela. La solitude tue, crois-moi.

Destin forcéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant