Chapitre 13 : « Détente en amoureux »

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Oumeyra était redevenue l'adorable femme que j'avais épousée.

A mon réveil, elle avait déjà sorti un de mes sacs de voyage et y avait déjà rangé quelques affaires. J'avais également eu droit au petit déjeuner au lit. J'avais demandé à Amadou de venir me chercher et avait fait exprès de libérer mon chauffeur. J'étais censé aller en Mauritanie. Je ne voulais pas être obligé d'aller jusqu'à Diass, pour après repartir sur Toubacouta. Donc voilà. Je fis la bise à ma femme pour lui dire au revoir. Elle me serra fort contre elle, et me dit :

-OUMEYRA : Tu vas me manquer. Reviens-moi vite, il y a pleins de choses que nous devons rattraper.

Je m'avançai alors calmement puis m'en alla rapidement avant qu'elle ne bombarde de questions. Comme je détestais attendre, je téléphonais à Mariama afin de vérifier si elle était déjà prête. Elle me confirma que oui. Amadou me déposa au bureau. Je devais y récupérer une de mes voitures blindées. C'est avec cette dernière que je devais me rendre à Toubacouta. Une fois que tout était ok, je me rendis chez Mariama. Une fois en bas de son immeuble, je lui demandai de descendre. Comme toutes les femmes, elle avait une énorme valise, juste pour deux nuits. J'eus beaucoup de peine à la mettre dans ma malle arrière, tellement elle était lourde. Elle s'installa au niveau du siège passager, puis m'embrassa vite fait. Je sentais qu'elle était vraiment contente que l'on passe un peu de moment ensemble. J'en avais également besoin. Je me sentais revivre avec Mariama.

-MARIE-LOUISE : A ce moment précis, éprouviez-vous des remords par rapport au fait que vous alliez passer deux jours, avec une femme qui n'était pas la vôtre ?

-M. GAYE : Honnêtement non ! La seule chose qui m'inquiétait c'était de croiser une personne qui me connaissait et qui serait susceptible de tout raconter à ma femme.

-MARIE-LOUISE : Pourquoi le choix de Toubacouta ? Vous auriez pu emmener Oumeyra ici en lune de miel, surtout que si ma mémoire est bonne, vous n'étiez pas allés en lune de miel.

M. Gaye me regarda d'un air découragé, et oui, je savais poser les bonnes questions et ne laissais aucun détail :

-M. GAYE : Décidément ! Vous aimez me compliquer la vie. C'est vrai que je n'avais pas emmené Oumeyra en lune de miel. Mais à l'époque, je n'avais pas pu. Notre mariage était précipité, et ils y avaient pleins d'autres facteurs bloquants. Arrêtez de comparer les deux relations. Elles ont chacune leurs spécificités. J'avais toujours voulu visiter Toubacouta. Ma rencontre avec Mariama m'avait donné envie de réaliser ce rêve. J'avais choisi de nous occuper un peu afin de ne pas seulement être enfermé comme des lapins, durant tout le séjour. Nous ferons un tour en pirogue, des séances de massage, ou encore se promener avec les lions. J'avais besoin d'évacuer pleins de choses.

Je voyais et j'entendais de moins en moins mon fils depuis qu'il s'était marié. Il ne nous avait pas encore invités chez lui et je ne voulais pas m'imposer. Je voulais lui proposer d'offrir un travail à sa femme, un vrai travail, très bien rémunéré. Mais je sais qu'il le prendrait mal. Il fallait donc que je trouve le moyen de le faire moi-même, discrètement.

Durant tout le trajet, j'avais demandé à Mariama de me parler de son défunt mari. Je me posais beaucoup de questions sur lui. Elle me raconta qu'ils avaient été présentés par un de ses anciens collègues. Ils ne s'étaient fréquentés que trois semaines avant de se marier. Il était Responsable Administratif et Financier dans une compagnie d'Assurance. Ils avaient le même âge. Elle m'expliqua que c'était le genre d'homme gentil, attentionné, pieux et adorable. Ils n'avaient jamais eu de problèmes. Il aimait sa femme et s'en occupait très bien. Elle en était raide dingue, et, à voir la manière dont elle en parlait, je savais qu'elle l'aimerait toujours ; Même s'il n'est plus de ce monde. Il était apparemment mort d'une crise d'asthme. Ce dernier fut pris d'un malaise, après avoir dîné. Il avait utilisé sa pompe, mais rien. Mariama dût prendre sa voiture afin de l'emmener à l'hôpital le plus proche. Mais une fois sur place, c'était déjà trop tard. Elle n'oubliera jamais ce jour, ça c'est sûr. Elle versa quelques larmes. Je lui pris la main et lui dit que j'étais là pour elle. Mariama se retourna vers moi et me dit :

-MARIAMA : Mon amour, depuis la mort de mon mari, je ne me suis mise avec personne car j'ai déjà assez souffert et je ne veux pas souffrir à nouveau parce qu'on m'a menti ou trompé. Je tiens à toi et je sais que c'est réciproque, mais je ne te demande qu'une chose : c'est d'être toujours honnête avec moi, quoiqu'il arrive. Si j'ai horreur d'une chose, c'est que l'on me mente.

Etait-ce la peine qu'elle me dise cela ? Quelle personne sur cette terre aime les mensonges ? Je la rassurai du mieux que je pouvais. J'essayais d'être un homme bon quand j'étais avec elle je ne voulais pas qu'elle découvre mon côté obscur. Ce côté dont j'essayais de me débarrasser mais qui ne cessait de me suivre. Beaucoup de personne me déteste aujourd'hui. Mais valent-elles mieux que moi ? Je commets des péchés, elles en commettent également. Tout ce qui m'importe c'est ma personne. Ne dit-on pas que nous devions d'abord penser à soi ? Alors pourquoi m'indexe-t-on parce que je le fais ?

La route fut longue et interminable. La prochaine fois, je demanderai à Amadou de me chercher un chauffeur discret. Une fois arrivés, je téléphonai à Oumeyra pour lui dire que j'étais bien arrivé. Elle en profita pour me dire que lorsque Malick avait su que j'avais voyagé, sa femme et lui l'ont invité à dîner. Comment étais-je censé le prendre ? Je ne sais pas. Elle voulut me les passer mais je prétextais que j'étais fatigué. Mon fils était d'une intelligence inouïe. Il pourrait me poser des questions et finirait par découvrir que j'ai menti sur l'endroit où j'étais. Il était préférable d'attendre demain pour rappeler ma femme. Une fois à l'accueil, la réceptionniste nous souhaita la bienvenue :

-RÉCEPTIONNISTE : Bienvenus M. et Mme GAYE. Nous vous avons préparé la suite Bambou. C'est une des meilleures. Voici vos clés.

Passez un excellent séjour et n'hésitez surtout pas à composer le 1110 en cas de besoin.

Nous prirent nos clés, puis, accompagnés du bagagiste, nous rendirent dans notre magnifique suite. Le lit avait l'air super douillet. La chambre climatisée, disposait d'un coin salon. Nous avions à notre disposition : une terrasse, une salle de bain équipée. Le chant des oiseaux rendait l'hôtel si magique. C'était comme si je m'étais déjà fait masser. J'étais relax et détendu. Mariama était contente. Elle n'avait cessé de me remercier. Après tout qui détesterait un tel endroit paradisiaque. Pendant qu'elle rangeait ses habits dans les placards, j'allai prendre une bonne douche. Je voulais être à l'aise.

Dès que je finis, ce fut au tour de Mariama d'en prendre une. Je reçus un appel de mon féticheur. Cela faisait un bail que je n'en avais pas eu. Je profitai du fait que Mariama était sous la douche pour décrocher. Après les salamalecs, il me parla de quelque chose qui devait bientôt se passer. Ne me demandait pas quoi. Ce n'est pas encore le moment de le découvrir. Mariama avait enfilé une magnifique robe blanche. Afin de cacher mes mollets de criquet, j'enfilais un très beau kaftan. Après tout, il fallait que j'aie l'air de quelqu'un d'important. Mettre un short, m'aurait donné l'air d'être quelqu'un de banal. C'était partie pour notre balade en pirogue. Je n'arrêtais pas de faire des bisous à Mariama ; De lui tenir la main et cette fois-ci, ce n'était pas calculé. En étais-je amoureux ? Je ne sais pas. Mais pour la première fois de ma vie, je faisais quelque chose sans calculer. Je ne voulais rien en retour. Je sais ce que vous vous dites tous : et ma femme dans tout ça ? Je me pose également cette question. Avais-je épousé Oumeyra juste pour me venger de ses parents ou encore l'arracher à son docteur. Je ne sais pas. Je sais que je voulais coûte que coûte qu'elle soit ma femme. Parfois je me demande si je n'aurai pas mieux fait de rester seul. Le mariage ne m'a rien apporté de bien. Je n'ai fait que mentir, trahir, utiliser, inventer, manigancer, comploter, depuis que je le suis. J'essayais d'être un homme bon, normal, mais c'était quasi impossible.

-MARIE-LOUISE : M. Gaye, si vous deviez citer deux bonnes actions que vous avez faites dans votre vie, quelles seraient-elles ?

M. Gaye ne dit plus rien. C'est comme s'il était remonté jusqu'à loin dans le temps pour trouver la réponse à ma question. Il me faisait tellement de peine. J'ai l'impression qu'il avait lui-même du mal à supporter son propre caractère. Nous restâmes longtemps sans qu'il ne parle, je fus obligée de demander à ce que l'on passe des spots publicitaires en attendant qu'il se décide à répondre. La question n'avait rien de difficile, alors pourquoi tardait-il tant à répondre, M. Gaye n'avait-il fait que du mal dans sa si triste vie ?

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Destin forcéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant