Chapitre 23 : « Mme Goudiaby...»

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M. Gaye n'avait pas l'air en forme. Une fois de plus, Mme Goudiaby avait insisté pour l'emmener à l'hôpital mais il avait refusé. Il me tira par la main puis me dit :

-M. GAYE : Ma fille, j'ai un service à vous demander. Je voudrai que vous rassembliez mes deux ex femmes et mes enfants, et même mes petits-enfants, si possible. Je me suis confessé devant le monde entier. Je n'ai plus rien à cacher. Ce que je veux maintenant, c'est implorer leur pardon et renouer le contact. Malick a eu des enfants entre temps, ils sont grands et ne connaissent même pas leur grand-père.

-MARIE-LOUISE : M. Gaye me faisait vraiment de la peine. Je décidai alors de téléphoner à nouveau à ses femmes discrètement. Ce ne fut pas de tout repos surtout avec Mariama. Cependant, elle finit par céder. Oumeyra était réticente mais elle finit par dire qu'elle viendrait à l'heure fixée. Il ne restait plus que Malick. Sa mère m'avait remis son numéro et souhaité bonne chance. Je composai son numéro et m'enferma dans une pièce assez éloigné de la chambre de M. Gaye afin qu'il ne puisse m'entendre :

-MALICK : Allo, oui bonjour ?

-MARIE-LOUISE : M. Gaye, je suis Marie-Louise Gomis. La journaliste qui fait une émission sur votre père. Si je me permets de vous contacter aujourd'hui c'est parce que j'aimerai que vous passiez tout à l'heure à 16H précise, au domicile de votre père SVP. Il ne va pas bien du tout. Je sais que vous lui en voulez terriblement et je vous comprends, mais il a le droit de rencontrer ses petits-enfants.

-MALICK : Depuis plus de dix ans, il nous fait croire qu'il est mourant, et apparemment il n'est pas encore prêt à quitter cette terre. Mon père aime trop jouer de la comédie.

-MARIE-LOUISE : Ecoutez, quel que soit ce qu'il a pu faire, cela appartient au passé. Il faut savoir pardonner. Faites-le au moins pour vos enfants. Ils ont le droit de connaitre leur grand-père. Je vous en supplie M. Gaye.

Il resta silencieux un long moment avant de dire :

-MALICK : Ok. J'y serai à 16H.

-MARIE-LOUISE : Je vous remercie du fond du cœur M. Gaye. Vous ne le regretterez pas.

Avait-il écouté mes remerciements ? Il avait raccroché. Je m'en foutais un peu du moment où il avait accepté de venir. Quand j'eus fini avec mes appels, j'allai rejoindre M. Gaye, mais il s'était endormi. Je parlai donc à Mme Goudiaby de ce qui était prévu pour l'après-midi. Elle se rendit donc en cuisine afin de mettre le chef de cuisine au parfum. Elle lui demanda de concocter des mets sucrés et salés pour les hôtes. Il était impératif que tout soit prêt avant le réveil de M. Gaye.

J'étais heureuse pour lui. Il avait raison. Il en avait commis, des bêtises. Mais elles appartenaient au passé. Il était malade, l'acceptait et s'en remettait à Dieu. Il avait même renoué avec la prière. Qui sommes-nous pour continuer à le juger ? Nous sommes tous de pauvres pécheurs et si Dieu nous pardonne à chaque fois ? Pourquoi ne pas excuser et tourner la page ?

Je ne pouvais plus me concentrer sur quoi que ce soit, tellement j'avais hâte qu'il fasse 16H. Pour tuer le temps, j'allai rejoindre Mme Goudiaby dans le coin salon de la chambre de M. Gaye. Je ne sais pas pourquoi, mais j'avais envie d'en savoir plus sur elle, sur sa vie. Mon instinct de journaliste savait quand flairait les histoires intéressantes. Et j'en avais flairée une. Alors j'orientai mon interview vers elle :

-MARIE-LOUISE : Mme Goudiaby, si cela ne vous dérange pas, pouvez-vous nous parler un peu de vous ?

Elle répondit avec le sourire :

Destin forcéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant