Point de vue DianeNous étions le 12 Juillet. La gare de Lyon était bondée de femmes et de mères languissantes de revoir leurs héros. La locomotive arrivait, crachant sa vapeur immaculée dans un long sifflement. Les hommes étaient aux fenêtres et hurlaient de joie, agitant leur mains abîmées. J'étais vêtue d'une robe jaune, comme indiquée dans ma dernière lettre, afin que Marius me reconnaisse dans la foule. Je serrai ses courriers, tous ficelés, contre mon coeur. Les portes s'ouvrirent et un flux important de soldats s'écoula, volant dans les bras de leurs familles. Chaque homme pouvait être Marius.
La gare se vidait, ils restaient encore quelques couples ou enfants. Des femmes pleuraient, imaginant le pire. Alors que tout espoir semblait perdu, une main se posa délicatement sur mon épaule. Je me retournai vivement pour me retrouver face à un homme à la barbe brune volumineuse et aux boucles tombant en cascade sur ses épaules. Ses yeux couleur charbon me fixaient avec gravité.
- Vous êtes Diane ? demanda le soldat d'une voix rauque.
- Oui ... répondis-je, une terrible angoisse me rongeant.
- La Diane de Marius ?
- Vous ...
- Je suis Marcel Larcher, son plus fidèle compagnon, si j'ose dire, commença-t-il en évitant mon regard à tout prix. Hier après-midi, nous étions en première ligne. Marius a accouru, tel un héros, brandissant son Lebel. Une balle, deux balles ... puis, un obus. Je suis navré, mademoiselle ... mais votre Marius n'est plus.Mon monde venait de s'effondrer : la chute était fracassante et la réalité terrifiante. Aucun mot ne voulut passer la barrière de mes lèvres. Mes yeux s'emplirent de larmes, mon coeur se serra, mes mains se mirent à trembler et bientôt, je tombai à genoux, impuissante, maudissant le dieu que j'avais tant prié pour protéger mon tendre filleul.
Mon Marius, mon pauvre Marius. Marius était mort. Marius était parti. Marius Pontmercy, s'en était fini de lui. Fini.
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Ma chère Marraine
Historical Fiction« 12 Février 1916 Mon cher Marius, Le ministère a bien reçu votre demande, me voilà donc marraine [...] » La grande guerre, une période sombre. Le bonheur, l'amour, deux choses précieuses étaient enfouies dans des enveloppes parfumées. Les Marraine...