_SEUNGMIN ;
Un réveil brutal m'accueille en ce matin, alors qu'un terrible cauchemars me gardait endormi. La respiration saccadée, la sueur coulant de mon front, je me relève brusquement sur mes coudes.
D'ordinaire, les cauchemars qui occupaient mon sommeil n'étaient pas aussi malsains et glauques que celui qui m'aggripait de ses griffes acérées. De ce que je me souviens, cette habitude perdure depuis mon enfance ; recroquevillé sur mon lit, terrorisé par les ombres de la nuit, tenant fermement une lampe torche alors que mes yeux parcourent inlassablement la chambre.
Encore fatigué après l'accablante journée d'hier, je m'échoue à nouveau sur le canapé qui m'a bercé la veille. Je me remémore l'Australien qui ne cessait de me proposer un des lits à l'étage, mais j'insistais pour dormir sur le canapé. Simple mesure de sécurité.
La maison est baigné dans un silence imperturbable, nul bruit ne vient déranger ce calme si étrange pour une demeure qui habite cinq types. Peut-être qu'ils ne sont pas réveillé, après tout nous nous étions, pour certain, couché tard dans la nuit. Ou peut-être qu'ils planifient un plan pour se débarrasser de moi.
Cette pensée farfelue me fit lâcher un petit rire, alors que je suis incapable de les imaginer me faire du mal. Ces gars sont trop purs. Sauf lui.
Pendant que je me lève du canapé, étirant mes muscles endoloris, Woojin pénètre le salon. Il semblait scotché par son jeu de cartes, mais lorsque nos yeux se croisent, il se met à sourire étrangement. Comme un sourire en coin qu'il m'adresse tout le temps, cachant d'horribles secrets. Et ça me met foutrement mal à l'aise, j'aime pas ça. Le brun s'installe confortablement sur son sofas, alors que son sourire trône sur ses lèvres.
Les poings serrés, je m'avance vers lui. Et avant même qu'il ne puisse examiner la situation, je plaque une main sur le dossier du sofas, alors que nos visages proches se dévisagent. Les sourcils froncés, je le scrute sans vaciller, alors que le coréen garde cet air relaxé qui me met tant en rogne.
-T'as un problème peut-être à me sourire comme un pédophile ? dis-je finalement, les dents serrées.
-Un pédophile ? Mais quelle imagination débordante tu as, Seungminie.
Je grogne férocement face à ce surnom affreux et mesquin. Depuis mon arrivée dans cette maison, Woojin m'a directement parut bien trop louche pour être une personne saine d'esprit. Mais je semble être le seul à m'en apercevoir, les gars lui donnent une confiance aveugle. Le brun cache sûrement un plan machiavélique, ou je ne sais quel truc farfelu qui consisterait à tous nous éliminer. Et cette pensée ne me plaît pas, pas du tout.
-J'vais te donner un conseil, Woojinie. Ne joue pas trop les malins avec moi, tu risque de le payer cher, l'avertis-je sur un ton sérieux.
-J'aimerai bien voir ce dont est capable de petit prodige de cette maison. Tu tiens ton intelligence de ton père, n'est-ce pas ? répondit-il d'un air moqueur.
Cette fois-ci, je me sens bien désarmé. Comment sait-il pour mon père ? Soit sa question était totalement hasardeuse, soit ce type s'affirme lui-même en tant que gros psychopathe. Il doit sûrement avoir un sens des analyses poussées, mais delà à deviner aussi rapidement des informations pas si évidentes, j'ai une bonne raison pour ce frisson qui vient de parcourir mon échine.
Woojin se délecte de ma réaction, souriant à pleine dent à présent. Je vois ça comme de la pure provocation, et ce que ça peut faire grimper ma colère. Ce que j'aimerai lui foutre mon poids dans son visage, et faire disparaître ce sourire aussi malsain qu'il se donne à cœur joie de me montrer.
-Bah alors Seungminie, on a peur du grand méchant loup ? se moque-t-il.
Mais ses rires furent rapidement coupés par mon poings qui frappe le sofas tout près de son visage, et ce sourire disparaît, laissant place à une expression morte, macabre, lugubre. Je peux même apercevoir ma mort douloureuse au travers de ses yeux sombres. Alors que j'avais repris un peu de distance avec lui, le brun attrape mon col et me force à me rapprocher. Sa force aussi soudaine et brutale m'étouffe, et je peine à respirer, étranglé.
-Écoute-moi bien, sale petite merde, ose quelque chose contre moi, et je te crève sans aucune pitié, murmure-t-il de façon si convaincante que j'en perds tous mes mots.
Les sourcils plus froncés que jamais, je m'extirpe de sa poigne. Nous nous observons du blanc de l'œil pendant d'interminables secondes. Et alors que j'allais partir, je lève mon majeur en l'air. Puis je monte à l'étage en malaxant mon cou douloureux.
On verra qui de nous deux va crever le premier, connard.
*
_MINHO ;
Depuis que ce Hyunjin est dans le bain, Jisung et moi sommes silencieux comme des tombes. Toujours nonchalamment assis sur mon sofas, je l'observe d'un air frustré. Et le roux semble avoir remarqué que je le fixe, puisque son visage vire au cramoisi, et il ne cesse de déglutir, les yeux rivés sur ses mains.
Si ça ne tenait qu'à moi, j'aurai été bien plus sûr mes gardes vis-à-vis du gamin. Mais Jisung semble l'apprécier, et pas qu'un peu. Rien que de les penser ensembles, je frappe l'accoudoir de mon poings, les dents serrées.
Jisung sursaute à ma soudaine colère, et ose finalement lever sur moi. Au même moment, je croise son regard, et ne le quitte plus. Les doigts tapotant l'accoudoir, je le fixe intensément, en espérant le faire comprendre que je suis énervé. Pas jaloux, énervé.
-Tu es vraiment stupide Jisung, lançais-je finalement, après avoir reprit un peu de bon sens.
-C-comment ? demande-t-il l'air choqué.
-Tu te comporte avec lui comme si tu le connaissais depuis longtemps. On ne sait rien de lui, et qui sait, il peut représenter un danger pour toi et moi.
-Hyunjin n'est pas dangereux, enfin ! affirme-t-il avec plus d'assurance.
-C'est qu'un pauvre gamin émotif, il va être un fardeau.
-Qu'est ce qui te prends Minho ? Je dois t'avouer que tu me met vraiment en colère.
-Ah ouais. J'en ai absolument rien à foutre, tu le sais ça ?
Et je prends alors conscience de mes paroles venimeuses, alors que l'expression de Jisung tombe en chute libre. Ses yeux baignent dans les larmes qu'il se démène à sécher, voulant rester fort.
-Jisung, écoute-, tentais-je, en vain.
Mais le roux se lève brusquement, et la lèvre inférieure mordue par ses dents, il m'adresse un dernier regard rempli de peine avant de partir s'enfermer à l'étage. Pour quel connard je me fais passer maintenant ? Et bordel pourquoi j'ai aussi mal réagit quand il a protégé Hyunjin ?
Je me lève d'un bond, grimpant rapidement les escaliers, et alors que j'allais frapper à la porte de la chambre dans laquelle mon Jisung s'enferme, une autre porte s'ouvre. Hyunjin, simplement habillé d'une serviette enroulée sur sa taille, le corps encore mouillé, et les cheveux gouttants, sort de la salle de bain.
-Tout va bien ? Je vous ai entendu hausser le ton, demande-t-il l'air inquiet.
-Tout va super bien, répondis-je avec plein de sarcasme dans ma voix.
Hyunjin semble vraiment mal à l'aise en ma présence. Je laisse ma main glisser sur le bois de la porte, puis redescend au salon. C'est regrettable, mais je dois laisser un peu de temps à mon Jisung. Je décide donc d'examiner plus en détail le mini GPS.
Quel serait l'intérêt pour ces types de faire avaler un tel prototype à un des sujets ? N'ont-ils pas des caméras partout sur l'île pour nous garder à l'œil ? Une multitude de question auquel j'aimerai y répondre par des réponses claires chamboulent pour esprit et m'empêche de me concentrer. Sans oublier la dispute avec Jisung qui doit sûrement être recroquevillé au milieu de la chambre. Démuni, je laisse tomber le GPS et cogne ma tête contre la table.
Quel idiot tu es, Minho.