_JISUNG ;
Idiot...idiot ! idiot !
Minho est vraiment un idiot. Je ne le pensais pas aussi égoïste, mais il m'a bien affirmé le contraire il y a quelques heures. Ne peut-il donc pas avoir ne serait-ce qu'un minimum de compassion ? Hyunjin est un pauvre garçon qui a dû bien souffrir depuis ces deux premiers jours enfermé sur cette île. Nous sommes tous les trois des "sujets", alors pourquoi ne comprend-t-il pas que nous devons nous aider, nous serrer les coudes ?
Exactement trois heures se sont écoulées sans que je bouge d'un pouce. Recroquevillé au milieu de la chambre, j'observe mes pieds. Je dois avoir les yeux bien rouges et bien gonflés après toutes ces larmes que j'ai versé. Minho peut être très blessant quand il s'y met, mais il n'a jamais été aussi froid qu'aujourd'hui. Et me voilà une nouvelle fois à pleurer par sa faute.
Mes bras se resserrent autour de mes jambes, alors que mes ongles grattent toujours plus mes genoux. Je ne suis vraiment qu'un pleurnichard de pacotille. Ce que je peux me haïr ! Jamais je n'ai apporté telle aversion en ets une personne. Seulement une profond exécration envers moi-même.
Mes amis pensaient que j'allais bien. Mes parents pensaient que j'allais bien. Parfois moi aussi, je pensais que j'allais bien. J'ai toujours été l'ami pacifiste, toujours souriant et plein d'énergie. Mais qui a besoin d'ennemi quand on se déteste soi-même ? Et je me déteste comme jamais.
Mon esprit est un bordel de pensées qui se heurtent et se bouscule, et j'en perds le contrôle. Mes ongles frottent plus profondément ma peau, alors que je regarde un point invisible sur le mur.
Imaginer que Minho me déteste amplifie ma répulsion, et mes yeux se brouillent à nouveau de larmes. Tu ne vas quand même pas encore chialer Jisung ? Une goutte écarlate éclate sur le sol en bois, rapidement accompagnée d'une autre. Et s'il découvrait toute cette encre sombre et toxique qui me tue à petits feux ? Il me rejetterait, c'est sûr.
-Bordel tu fous quoi Jisung ?!"
Je lève soudainement la tête, balayant mes cheveux de mon front. Par-dessus mon épaule, j'aperçois Minho, au pieds de la porte, me regarder avec horreur.
-Minho-
Je fus brusquement coupé dans ma phrase lorsque le brun me relève violemment par le bras. Une terrible douleur traverse alors mes jambes, et je manque de chuter sous la pression.
-Minho...?"
-Putain tes genoux !
Le brun s'abaisse devant moi, et je ne vois plus que ses cheveux bruns dans mon champ de vision réduit par mes yeux mi-clos.
-Regarde-moi ça !
C'est tout tremblant que je baisse lentement la tête. Et je me sens rapidement blêmir. Ne supportant plus, je tombe sur le lit derrière moi. Minho daigne finalement lever les yeux et m'observe, totalement sous le choc.
Inconsciemment, je déchirais mes genoux, grattant la chair sans ressentir aucune douleur. Peinant à déglutir, je regarde le brun, n'osant pas parler.
-Jisung, qu'est ce qui t'as pris ?
Ses traits se sont radoucis, laissant transparaître une profonde inquiétude, alors qu'il me scrute d'un air plaintif. Mon cœur bat si fort dans ma cage thoracique que j'en ai terriblement mal. Qu'est ce qui m'a prit ?
La bouche ouverte, pourtant incapable d'émettre ne serait-ce qu'un petit son, je le regarde. Pourquoi est-ce que je me suis fait endurer une telle horreur ?