Abigail Griffin était certainement la femme parfaite.Toujours bien habillée, polie, belle à en couper le souffle, et surtout sage à en faire pâlir le Dalaï-lama.
Sa mère, Jean Walters, lui avait enseigné l'art d'être courtoise et soignée, comme toute dame digne de ce nom. C'est elle qui lui avait appris à dire « merci », « s'il vous plaît », « excusez moi », et toutes autres marques de politesse.
Étant membre haut placé dans leur société, elle avait transmis la grâce et l'élégance à sa fille unique. Respecter les convenances étaient quelque chose de très important à ses yeux et la petite Abigail avait donc dut s'y plier à la lettre dès le plus jeune âge.Pas que ça lui ai déplu.
Quand elle pensait à sa mère, Abby n'avait aucun ressentiment, seulement de la reconnaissance.
Elle savait qu'elle avait été comme ça pour son bien et pour qu'elle puisse un jour s'intégrer dans la haute sphère sans problème.
« Pour être respecté, il faut montrer une attitude droite et convenable. » Lui disait-elle quand Abby en était seulement à apprendre à compter.Malgré cela, les deux femmes gardaient un rapport plutôt conflictuel. Elles avaient toutes les deux un caractère très fort et s'emportaient souvent, disant des choses parfois regrettables. Les disputes partaient généralement d'un petit rien et finissaient sur des insultes et des menaces.
Lors d'une énorme dispute à propos de son choix vestimentaire, Abby, alors âgée de quinze ans, avait menacé de fuguer.
Bien sûr elle n'en avait rien fait, mais parfois, en y repensant, elle se demandait ce qu'il serait arrivé si elle avait mit ses menaces à exécutions. Jean lui aurait sûrement coupé les vivres et elle aurait dut abandonner ses projets de devenir un grand médecin réputé.Dans des situations comme celle-ci, une et une seule personne arrivait à les calmer et à les dissuader de s'entre tuer. Mark Walters.
Le père d'Abby.
Un homme bon et particulièrement aimé de tous. Le père le plus aimant du monde et un mari parfait.
Mark Walters était l'homme idéal à bien des égards.
Abby avait toujours eut un lien très fort avec lui, plus fort qu'avec sa mère.
Il lui avait appris à aimer les autres et à aider le plus de personnes possible. Chirurgien de renom, il était le médecin de la famille. Il avait transmis cette part de lui même à sa petite princesse, lui apprenant à aimer la science et la médecine. Abby avait donc hérité de ce besoin naturel d'aider les autres grâce à son modèle paternel.Mark lui avait aussi appris la difference entre le bien et le mal. La vie était soit blanche soit noire, pour lui et c'était donc le cas pour Abby.
Maintenant tout était beaucoup plus compliqué, plus nuancé.
Mark Walters était décédé l'année où Abby s'était installée à Arkadia pour ses études, des suites d'un cancer.
Sa mère la tenait pour responsable.
Bien sûr les convenances l'empêchaient de le lui dire directement mais Abby n'était pas dupe. Elle comprenait les sous-entendus de sa mère quand elle passait un coup de fil ou qu'elle venait la voir. Les tensions entre la mère et la fille n'avaient donc cessé d'empirer au fil des ans.
Cette maladie avait fait comprendre à Abby que la vie était grise et amère. Il n'y avait ni blanc, ni noir.
Tout était simplement une nuance de gris soit plus foncé soit plus clair et que la seule façon de s'en sortir, c'était de garder espoir. Elle devait croire que l'avenir serait plus beau.
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