CHAPITRE 15

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?? février 2018, ?? h ??.

Des jours. Cela faisait des jours qu'il était enfermé dans cette ferme miniature, nu et désorienté. De temps à autre, de la nourriture tombait d'un tuyau situé sous le plafond. Quelque chose de gluant et de peu appétissant, mais qui suffisait à combler les besoins le temps d'une journée. Connor essayait de ne pas trop penser à tous les effets négatifs que cette bouillie pouvait avoir sur son organisme. L'organisation mondiale de la santé n'approuverait pas. À défaut, réfléchir sur ce qui se trouvait dans son assiette lui permettait de tromper l'ennui.

Sa colocataire se trouvait fort peu loquace. Depuis leur enfermement, elle ne lui avait adressé la parole que deux fois : pour l'engueuler lorsqu'il s'était accidentellement retourné pendant qu'elle vidait sa vessie, et la seconde pour lui demander d'arrêter de lui parler et de la laisser tranquille. Au moins, le message était clair. Depuis, Connor s'était réfugié dans un coin de leur petite pièce et regardait le panneau numérique défilant, rempli de faux nuages pour leur faire croire qu'ils se trouvaient à l'extérieur. 

Pour qui les prenaient ces choses ? Des animaux ?

Il poussa un long soupir. Étaient-ils vraiment autre chose ? Pour tout ce qu'il en savait, ils servaient peut-être de garde-manger vivant. Quelle autre raison auraient-ils de les maintenir en vie ? Quel était leur objectif ? Créer une arche de Noé en attendant que la Terre soit ravagée par de la purée de tomate ? C'était en réalité l'hypothèse la plus plausible. Ou la plus rassurante. Et alors quoi ? C'était un vaisseau divin et ils avaient été miraculeusement sauvés ? Il ne croyait même pas en une entité supérieure. Pourquoi aurait-il seulement été sauvé ? Il ne comprenait pas !

— Vous allez rester coincé à force de froncer les sourcils comme ça. 

Il se figea, et se retourna vers sa compagne de cellule. Et voilà qu'elle parlait maintenant ! Connor ne sut pas trop comment réagir à cette nouvelle interaction. La jeune femme se retourna vers son coin.

— Désolé...

Il chercha son nom un moment, avant de réaliser qu'il ne le connaissait toujours pas, sa dernière tentative de le découvrir s'étant soldé par un échec.

— Je me suis perdu dans mes pensées. Vous ne voulez toujours pas me donner votre nom ?

— Non, répondit-elle sèchement. 

Et ils étaient revenus au point de départ... Quelle conversation intéressante ! Connor grinça des dents, frustré. Il ignorait si c'était sa tête qui n'inspirait pas confiance ou son attitude, mais tout le monde semblait abréger la conversation lorsqu'on lui adressait la parole. Eh bien, il espérait que ces extraterrestres n'aient pas pour projet de les faire copuler pour repeupler le monde ou une bêtise de ce genre. Ils ne ressemblaient en rien à Adam et Ève. 

— Même pas un indice ? insista-t-il.

Elle lui jeta le reste du steak industriel qu'ils avaient eu pour repas du midi au visage. Le morceau de viande glissa lentement de son front à son menton, le gras amortissant la chute et prolongeant son agonie intérieure. 

Glamour. Comme jamais. 

Vexé dans son amour propre, Connor lui tourna le dos et croisa les bras sur sa poitrine. Elle ne voulait rien à voir avec lui ? Parfait, lui non plus. 

Malheureusement, il n'eut pas beaucoup le temps de bouder. De l'agitation dans les cellules voisines remonta son anxiété en pic. Il se leva et se pencha autant qu'il le pouvait contre le champ de force pour tenter d'apercevoir ce qui se passait. Plusieurs personnes criaient, de peur ou de douleur, il n'était pas sûr, mais ça se répandait, de cellule en cellule. Les hurlements se rapprochaient, toujours suivis d'un long silence. Pourtant, il ne semblait y avoir personne à l'extérieur !

Macédoine | Roman post-apo avec des légumes géantsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant