Chapitre 25 - Louise

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     Sur le seuil de la porte, il dépose un dernier baiser sur mon front ce qui s'enflamme à son contact, je ferme les yeux et me laisse enivrer par les sensations que me procure ce geste. Il me sourit une dernière fois avant de sortir dans la nuit noire. Dès que la porte se referme, la chaleur de son baiser quitte mon corps et le froid s'abat sur moi, transformant mon sang en plomb dans mes veines. Je laisse retomber mes épaules et me recroqueville comme si mon cœur aspirait toute once de bonheur qui se trouvait en moi pour l'emporter dans la tempête et la faire disparaître.

Quand Oli est là ; il chasse mes démons, il est la lumière qui fait brûler et réduit en cendres mes pensées obscures. Mais maintenant qu'il est parti en emportant son sourire et sa chaleur humaine, les griffes noires et tortueuses du chagrin et du deuil m'entraînent avec elles et lacèrent mon cœur déjà meurtri. Quand je souris, ce n'est qu'une façade, un mur pour me protéger de moi-même et de ma tristesse. Mon frère me manque, voir les vêtements et humer son odeur a failli faire jaillir les souvenirs de mon esprit, réveillant la douleur que j'essayais d'enfouir en moi.

Je me dirige vers la commode du salon, dans un tiroir : un coffre en cuir recouvert de poussière qui renferme des photos, de vieux objets sentimentaux et la lettre : sale et cornée. Je sors tout et m'assieds contre le mur. À la première photo, mes yeux s'emplissent de larmes : mon frère et moi lorsque nous étions encore enfants. Lui, me poussant sur la balançoire dans le jardin, moi, la bouche ouverte et les cheveux au vent. Je passe les photos, laissant les sensations d'antan m'envahir. Mes larmes emportent avec elles les souvenirs. J'ai l'impression qu'ils commencent à s'effacer, comme l'encre sur du papier ou comme la joie dont j'étais victime il y a encore une heure. Une part de moi s'en est allée rejoindre les étoiles, un fragment qui a laissé un trou béant en moi. Je ferme les yeux et presse mes paumes contre mes paupières pour chasser l'image du visage de mon frère que je ne reverrai jamais. Malgré cela, cette image reste imprimée sur ma rétine.

Un cri se bloque dans ma gorge : sortant rauque et rouillé, mes poumons se gonflent et je crie pour évacuer ma souffrance, pour ne plus avoir à attendre son rire argentin résonner dans mes oreilles. Je me griffe les bras, laissant des marques rouges sur ma peau, j'enfonce mes ongles dans mon cuir chevelu et me balance d'avant en arrière, heurtant avec ma tête le mur. La douleur physique me fait oublier celle devenue mentale. Plus ma colère gonfle, plus le bruit devient fort à mesure que je me tape le crâne. Je finis par me lever, vacillante, des élancements dans la tête et titube jusqu'aux escaliers. J'ouvre la porte de ma chambre, sanglotante, le cœur crevé et les bras égratignés, je cherche l'oxygène qui manque à mes poumons et une vague de chaleur entoure mon visage. J'ouvre la fenêtre et respire profondément, je regarde les étoiles et à cet instant, j'aimerais les rejoindre.

L'amour Inconnu 1ère PartieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant