Chapitre 27 - Louise

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    Je n'ai pas répondu, j'ai entendu mon téléphone sonner, mais je n'ai pas bougé : je suis assise sur le rebord de ma fenêtre à regarder dehors, les yeux dans le vague. La faim me taraude le ventre, créant une petite bulle chaude dans les creux de mon estomac, mais je ne descends pas, je ne bouge pas. Mes muscles crient grâce de ne pas avoir remué de la nuit. J'ai dormi, trop peu. Dans le reflet de la vitre, j'aperçois deux cernes légèrement violacés sous mes yeux. Mes pensées s'envolent vers Oli. Le seul dont la présence pourrait combler le trou noir qui me dévore de l'intérieur. Seulement, je n'ai pas la force de l'appeler, pas la force de reprendre ma vie qui est en train de s'échapper de mes doigts.

J'ai tout gâché, trop vite. J'ai cru que je pourrais être forte et reprendre le dessus, mais je me suis voilée la face et dans ma chute, j'ai entraîné Oli, qui doit penser que je le fuis. Je l'aime d'un amour puissant, mais ma douleur l'est tout autant. Mon téléphone posé sur mon lit se réveille de nouveau, je le regarde sonner sans bouger : les yeux rivés sur le numéro affiché. Il devrait être en cours, à moins qu'il ait déjà fini ? Je n'en sais rien, j'ai perdu la notion du temps. À mesure que les aiguilles avancent, les souvenirs de mon frère s'évaporent, fleurs agressées par le soleil du temps qui referment leurs pétales vénéneuses.

- J'aimerais que tu reviennes...

Ma voix est éraillée et rauque, une lame roule sur ma joue et je ferme les yeux, si seulement je pouvais me figer, disparaître à travers le mur, m'enfoncer dans la pierre et y rester. J'aimerais me battre, me gifler pour enfin me réveiller, sortir de mon corps, me prendre par les épaules et me secouer un bon coup... Mais la souffrance me paralyse, me cloue sur place, je me dis qu'abandonner est plus facile que reprendre le dessus. Ma raison a été contaminée par mon deuil. Je lève une main vers la fenêtre, grimace en sentant les courbatures et touche la surface embuée de la vitre. De minuscules gouttes d'eau s'accrochent à ma peau et je regarde ces sphères scintillantes comme de petites galaxies.

L'amour Inconnu 1ère PartieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant