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— Oui, Princesse ?

***

Le timbre de ma voix paraît la plonger encore plus profondément dans son état de stupeur tandis que ses yeux couleur océan s'emplissent de larmes qui refusent néanmoins de couler. La tristesse de son regard me brise le cœur et ma main se porte d'elle-même à celle qu'elle a gardé élevée et crispée sur la lame qui a servi à me raser. Doucement, je délie ses doigts du couteau et le pose dans l'évier derrière moi, sans y faire plus attention.

Pendant quelques secondes, je reste là, à tenir sa main dans la mienne et attendre qu'elle dise quelque chose, n'importe quoi. Cependant, tous les mots du monde semblent avoir l'avoir quittée et rien ne vient. Sa bouche s'entrouvre et se ferme plusieurs fois, sans que rien n'en sorte. Peut-être est-ce la même émotion qui m'étreint qui l'étrangle et l'empêche de prononcer les mots qui semblent se bousculer dans son esprit ?

La main qui n'est pas serrée dans la mienne vient palmer ma joue dans sa paume. La pulpe de ses doigts glisse sur ma peau désormais douce et soyeuse et je ferme les yeux, tout à cette sensation nouvelle du contact de ses mains sur moi.

Je laisse ses doigts caresser ma pommette, puis les taches de rousseur qui colorent le dessus de mon nez. Quand son pouce passe tendrement autour de ma bouche et effleure tendrement la cicatrice désormais bien visible de ma lèvre supérieure, c'est à mon tour de m'arrêter de respirer. Je frissonne quand elle caresse doucement la fossette de mon menton.

La façon dont elle me dessine du bout des doigts est désarmante de tendresse et m'étourdit. Cependant, ce n'est rien comparé au moment où sa main quitte finalement mon visage pour descendre le long de mon cou jusqu'au col de mon t-shirt.

Ses doigts se referment sur le tissu et j'ai juste le temps d'ouvrir les yeux et d'apercevoir la larme qui coule silencieusement le long de sa joue avant qu'elle ne close le faible espace qui nous sépare et pose ses lèvres sur les miennes.

Le sel que ses larmes ont laissées sur sa bouche est la première chose que mon cerveau enregistre. Ensuite, lentement, il semble comprendre ce qu'il se passe.

Clarke m'a embrassé.

Je suis figé. Toutes les choses que je voulais faire paraissent avoir disparues sous ce geste inattendu. Tous les mots que je voulais lui dire semblent avoir été effacés par le contact de ses lèvres sur les miennes.

Ses lèvres sur les miennes.

Soudain, je réalise.

Clarke est en train de m'embrasser.

Au moment où ma tête rattrape enfin la réalité, je finis par répondre à son baiser et me délecte de la manière dont sa bouche épouse la mienne, la même dont ma main enveloppe la sienne : parfaite, douce et chaude. Ses doigts relâchent mon col et viennent se reposer sur ma joue imberbe, puis Clarke s'éloigne de quelques millimètres pour murmurer :

— Tu es revenu...

Elle effleure doucement ma bouche de la sienne et je chuchote :

— Je suis là.

Cette fois, c'est à mon tour de déposer un baiser sur ses lèvres avant qu'elle ne le rompe pour déclarer :

— Tu es toujours toi.

Je hoche la tête et avance pour l'embrasser à nouveau, mais elle m'échappe avant d'exiger :

— Ne me quitte plus jamais.

Elle reprend notre baiser et j'ai, cette fois, du mal à m'écarter pour exiger :

— Ne me quitte plus jamais.

Ma tête devrait s'emplir de souvenirs tristes et gris, ceux de toutes les fois où le destin nous a séparés, et mon cœur devrait se briser, comme il le fait si souvent, sous le poids de ces réminiscences. Au lieu de ça, celui-ci bat à tout rompre dans ma poitrine, et quand Clarke efface à nouveau le faible espace qui nous sépare en réclamant à nouveau mes lèvres, je crains qu'il n'explose soudain sous la force des émotions qu'il subit.

Clarke, toujours à l'aune de mes pensées, glisse sa paume à l'endroit où il bat à tout rompre et je suis persuadé qu'elle peut le sentir sous la fine couche de mon t-shirt. Tout de suite, sa course effrénée s'apaise et, enfin, je récupère le contrôle de mon corps.

Je noue mes doigts aux siens et l'attire contre moi tout en posant mon autre paume sur sa taille. Elle inspire brièvement et j'en profite pour approfondir notre baiser, pour goûter le sel de ses lèvres avec le bout de ma langue avant de chercher la sienne désespérément.

Elle gémit doucement sous ce nouveau et délicieux contact et se presse davantage contre moi, entre mes jambes, contre mon torse. Elle libère nos doigts et enroule ses bras autour de ma nuque au moment où je noue les miens autour de son corps. L'une de ses mains passe dans mes boucles brunes et ses ongles viennent griffer légèrement mon cuir chevelu. Un frisson me parcourt des pieds à la tête, éveillant d'autres sens, et un besoin viscéral s'empare de moi.

Sans rompre notre baiser, je me lève brusquement du rebord de l'évier contre lequel j'étais appuyé. Ma soudaine hauteur fait reculer Clarke de quelques pas. Incapable de me séparer d'elle et de sa chaleur, je l'accompagne jusqu'à ce que son dos heurte la porte close de ma salle de bain. Elle gémit quand je presse mon corps contre le sien et ses ongles pénètrent plus profondément dans ma peau, glissant de mes cheveux à ma nuque, puis s'enfoncent dans mes épaules.

La douleur est délicieuse, elle me rappelle que je suis vivant, elle me ramène à cette exquise réalité, mais elle est trop intense pour moi à cet instant où tant d'émotions et de sensations brutes m'assaillent.

Alors, je glisse mes mains de sa taille à ses côtes, jusqu'à atteindre ses bras, puis ses poignets, desquels je m'empare pour les clouer au battant, juste au-dessus de sa tête.

Ma Lame sur ta PeauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant