Chapitre 6.

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- Récapitulatif ?

- Suicidée.

L'agent de police Mc Larren, âgée d'une quarantaine d'année, les cheveux mi-longs châtains et divorcée, s'impatientait de finir cette enquête qui n'avait pas de but pour aller boire un café.

L'agent Craptry, qui venait d'être embauché il n'y a pas longtemps, fit son inspection d'un mort pour la première fois. Il était plutôt dégoûté de voir un cadavre devant lui, mais il savait que c'était son job.

- Et comment savez-vous qu'elle s'est suicidée ? demanda Mc Larren.

- Eh bien, cette jeune fille... Craptry chercha dans ses feuilles des renseignements. Ah, cette fille, Hélène Perry, a fait une tentative d'autolyse. Elle a sûrement avalé une forte quantité de médicaments dont elle n'avait pas besoin. Ceux-ci sont dans l'armoire derrière vous. Elle est donc morte dans la salle de bain après les avoir ingérés.

- Et comment savez-vous que ce sont ces médicaments qui ont causé sa mort, Monsieur Craptry ? s'impatienta Mc Larren dans son grand manteau en cuir.

- Eh bien, ça ne peut pas être un meurtre. Regardez, aucune trace de coups ou d'étranglement.

- Ce que je vous demande, c'est comment savez-vous que ces médicaments, qui étaient dans l'armoire, ont été utilisés par cette fille ? s'énerva-t-elle.

Craptry, qui ne savait pas comment réagir, gigotait de ses bras maigres en tenant ses feuilles.

- Ben, je sais pas moi, c'est ce qu'on m'a dit ! La boîte est à moitié vide ! Elle est juste à côté ! Le médecin légiste pourra vérifier que c'est bien ceux-là !

- Mais pourquoi donc les aurait-elle rangés ?

Le nouveau policier ne répondit pas.

- Mon cher Craptry, vous êtes un bien médiocre stagiaire ! N'avez-vous donc pas d'autres informations ?

- Navré...

- Eh bien, nous ferons confiance à notre cher médecin légiste ! Il ne résoudra pas le problème, croyez-moi ! On est pas dans une série ! En attendant, notez "suicide", dans la case de la cause de la mort.

Le petit homme brandit son bic et inscrit ce que sa chef lui avait ordonné.

Celle-ci descendit les escaliers pour apercevoir Madame Perry, la mère d'Hélène, qui était en pleurs et avait déjà utilisé deux boîtes de mouchoirs.

Deux autres agents réconfortaient la dame en lui tapotant l'épaule ou en lui redonnant un mouchoir.

Lorsqu'elle aperçut la policière, elle se leva d'un bond et se rua vers elle.

- Madame Mc Larren ! Comment ma fille est morte ? Qu'est-ce qui lui est arrivé ?

- Calmez-vous, madame, nous allons en discuter toutes le deux. Je vais devoir vous poser des questions. Installez-vous.

Elle fit signe à ses deux collègues de s'en aller.

- Bien, madame Perry, je suis désolée, mais votre fille s'est suicidée.

- Oh mon dieu ! J'avais des doutes, mais maintenant que vous le dites... Oh, cette fille était si sage et elle travaillait si bien !

- Est-ce que vous sauriez pourquoi elle a fait cela ?

- Ma fille me racontait toujours tout, et ça avait l'air de bien se passer à l'école... Je ne vois pas ce qui aurait pu causer sa mort...

- Peut-être vous cachait-elle quelque chose, c'est ce que font tous les ados, vous savez.

- Oh non, je ne crois pas. Ma fille n'est pas du genre à ne rien dire. Quand elle a un problème, elle vient tout de suite m'en parler, même si c'est une toute petite chose.

- Je vois... Je vais devoir vous laisser. Désolé, mais nous allons devoir l'emmener avec nous. Notre médecin légiste va devoir lui faire une autopsie pour vérifier si elle est bien morte à cause de médicaments.

Elle se leva et s'avança en direction de la porte.

- Mais, attendez, vous n'avez pas d'autres questions ? Je ne dois pas vous raconter des détails en plus ?

- Non, madame. Nous vous inquiétez pas, c'était assez.

Craptry descendit les marches.

- Madame Mc Larren ! Dois-je faire quelque chose ?

- Faites emmener le corps à la morgue. Bon, moi, je vais me prendre un café.

Et elle sortit de la maison des Perry, en se demandant pourquoi elle faisait toujours ce job.

°°°

Neil arriva à l'école avec une moue désagréable.
Il avait horriblement mal à la tête. Il pensait que c'était parce qu'il avait pensé à Hélène toute la nuit.

Les journeaux de la ville avaient déjà informé tout le monde en disant qu'elle s'était suicidée en avalant des médicaments. Depuis, Neil se posait beaucoup de questions.

En fait, Hélène était bon vivant, et elle était toujours de bonne humeur. Elle n'avait jamais ignoré Neil ou l'avait énervé, car c'est ce que faisaient parfois les gens malheureux.

Il pouvait penser que c'était un problème de famille, mais d'après le journal, elle s'entendait très bien avec ses parents, elle était fille unique, et Neil l'avait aperçue il y a peu avec eux et elle semblait très heureuse.

À la première heure, il n'y avait pas cours. Tous les élèves de quatrième étaient descendus dans la cour pour écouter le discours de leur préfet et de quelques professeurs, pour parler du décès d'Hélène.

Le titulaire racontait comme tous les autres des sornettes en disant qu'Hélène était une bonne élève et qu'elle manquerait à tous.

Neil, au milieu de la foule, n'écoutait pas. Il savait que ce n'était pas pensé, ils le faisaient juste parce qu'on leur avait demandé. Ils ne la connaissaient pas.

Après avoir applaudi, on distribua. une bougie aux élèves qui en demandaient. Toute la classe d'Hélène en prit une, car ils lui avaient déjà tous parlé au moins une fois.

Beaucoup de quatrièmes n'en prirent pas car ils ne savaient même pas qui elle était.

Le reste s'avança vers un coin de la cour.

Une photo d'Hélène était posée sur un petit socle.

Un par un, ils posèrent leur bougie à côté du cadre.

Neil était un des derniers. Il regarda longtemps le sourire de la jeune fille.

Les derniers derrière lui s'impatientaient alors il mit vite sa bougie juste devant Hélène.

Tous les élèves rentrèrent alors en classe.

- Ça a été ? fit Chung en tapotant le dos de Neil. Tu te sens mieux ?

- Justement, non.

Unreal HeartOù les histoires vivent. Découvrez maintenant