Chapitre 10.

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Les parents d'Hélène roulaient le dernier kilomètre avant d'arriver à leur destination : le commissariat.

Ils n'en croyaient pas leurs yeux. Leur fille était morte il y a quelques jours et elle se trouvait maintenant à la morgue.

Ils n'avaient aucune idée de pourquoi elle avait commit son suicide, et ils ressentaient maintenant un lourd poids de culpabilité dans leur ventre.

- On arrive bientôt, fit Fred, à côté de sa femme qui conduisait.

Il portait toujours des costards avec un noeud papillon le plus sombre possible qu'il rangeait par taille dans son armoire.
Ses bottes étaient toujours bien cirées et d'un luxe que tout le monde n'aurait pas la possibilité d'avoir, une barbe rasée tous les jours, des cheveux bruns bien coiffés et il se tenait toujours droit avec une malette tel un espion.

En réalité, Fred Perry n'était qu'architecte, mais il aimait se sentir chic et soigné, même dans les chantiers. Il disait que tous les regards se posaient sur lui, et il aimait ça.

Il avait d'ailleurs créé lui-même sa maison avec tout le nécessaire pour sa femme et sa fille.

Quand à elle, elle était secrétaire de direction d'une petite entreprise et elle gagnait bien sa vie. Ses collègues étaient charmants et avaient des points communs avec elle. Celle-ci portait souvent des petites robes à fleurs et des pulls en laine.

Elle, Line, adorait son petit boulot et s'y plaisait bien. Elle disait souvent que c'était sa deuxième famille. Mais en fin de compe, cétait son mari et son enfant le plus important. D'ailleurs, un des deux n'était plus dans ce monde.

- Nous allons devoir changer nos projets, fit Fred. Pour les vacances à Séville cette année, nous devrons annuler sa chambre.

- Enfin, Freddie, ne me parle pas de ça maintenant, nous n'avons pas encore fait notre deuil et nous allons la rejoindre. Pensons d'abord au présent, nous verrons plus tard.

- Très bien, alors, quand veux-tu que nous fassions l'enterrement ?

Line, un peu anxieuse, leva les yeux au ciel et roula un peu plus vite.

- Tu veux toujours tout savoir en avance.

- Sans moi, tu n'aurais pas organisé ton job.

- On est arrivés, s'exclama la conductrice.

Elle fit un braquement et se gara à une place d'un petit parking en face du commissariat.

Le petit bâtiment se tenait au milieu des bois dans un grand calme. Quelques policiers ou d'autres personnes avec de longues vestes sombres entraient ou sortaient, certains fumant ou d'autres regardant leurs montres.

Le ciel ne montrait pas de signe de soleil et laissait l'ambiance morne et grise.

Le couple entra après par des portes vitrées après avoir monté quelques marches.
À l'intérieur, l'agent Mac Larren, toujours en manteau, faisait le plus de bruit dans la salle.

- Comment ça, le médecin légiste est parti ?!

- Mais, madame, je vous le jure, cela fait deux mois que cette chère madame Delbois est partie faire d'autres études, car elle en avait assez de "passer ma vie à triturer dans des morts" comme elle me l'a dit.

Une jeune femme à la peau noire et aux cheveux hirsutes assise sur une chaise de bureau derrière le comptoir tenait dans une main des papiers et  cherchait avec l'autre main d'autres papiers.

- Tenez, Madame Mac Larren, voici sa lettre de démission.

- Pourquoi ne me l'avez-vous pas montrée avant ?

- Car vous ne me l'avez pas demandé !  Vous l'avez très bien vue partir les nerfs à vif, je m'en souviens très bien. D'ailleurs, vous n'aviez jamais besoin de ses aides.

- Excusez-moi, s'interposa Fred.

Mac Larren se retourna et changea de visage en souriant et en mettant les bras en l'air en signe d'accueil.

- Ah, monsieur Perry ! Je suis contente que vous soyiez venus à l'heure, tous les deux. Maintenant, nous ne pouvons plus faire confiance à personne !

Fred et Line se regardèrent en silence.

- Et pourquoi donc nous avez-vous appelés ?

Mac Larren tourna complètement le dos à la secrétaire de l'accueil.

- Eh bien, je suis navrée, mais votre visite n'aura pas été très utile, car nous voulions vous informer de ce que la médecin légiste aurait trouvé avec votre fille.

- Pourquoi ne nous auriez-vous pas téléphoné ? Ça aurait été plus simple, grommela Fred, qui n'avait pas que ça à faire.

- C'est-à-dire, que nos téléphones fixes ne marchent plus. Et je n'ai pas de portable.

Le policier Craptry arriva par une porte semblant être un bureau et criait presque à sa chef.

- Mac Larren ! La médecin légiste n'est pas disponible !

- Allez donc ! Craptry, je le savais déjà bien avant, je ne peux pas te faire confiance non plus. Je t'avais pourtant demandé de l'appeler tout à l'heure !

- Mais... Le téléphone fixe est en panne !

- Eh bien maintenant, tu ne pourrais pas chercher un nouveau médecin légiste ?  Pour une fois qu'on en a besoin pour une enquête !

- Bien madame, j'y cours.

Et il s'en alla.

- Mais madame, pourquoi voulez-vous un médecin légiste ? demanda Line. Vous ne m'aviez pas dit que notre fille s'était...suicidée ?

- Nous n'en sommes pas encore sûrs. Nous avons juste dit ça car vu les circonstances dans lesquelles Hélène Perry était, nous avons imaginé cela. Mais nous n'avons pas de solution objective.

Craptry revint, un peu essouflé.

- Mac Larren, nous n'avons pas de médecin légiste à disposition dans nos documents. Le seul disponible habite à 100 km d'ici.

Mac Larren jura.

- Quel bled pourri. Bon, ben, on fera avec. Je pense que nous devrions conclure. Votre fille Hélène Perry s'est bien suicidée, fit-elle, se tournant vers les deux parents.

- Mais, vous en êtes sûrs ? Ça ne pourrait pas être un meurtre ?

- Hahaha, un meurtre, ici, dans cette ville ! Bien sûr que non, pourquoi quelqu'un la tuerait ? Vous connaissez des personnes qui lui en voudraient ?

- Heu... Non.

- Eh bien, cela se peut qu'elle se soit suicidée. Les ados, ça ne raconte pas toujours tout à leurs parents vous savez, elle s'est sûrement faite harceler ou un autre truc dans le genre. Maintenant, je crois que vous pouvez vous en aller. Vous pouvez demander de reprendre le corps de votre fille pour l'enterrement. Moi, je vais me faire un café.

Sur ces mots, Mac Larren partit dans une salle à côté.

Le couple en deuil, énervé et déçu par le manque de vigilance de la police, s'en alla à grands pas.


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