Chapitre 8.

6 2 0
                                    

La vieille dame et mère de Nicole Helkins s'exclamait dans son fauteuil, tenant un journal entre les mains et réajustant son pull.

- C'est terrible, Nicole, terrible ! Tu te rends compte ? Une fille si jeune, suicidée ! Et on ne sait même pas pourquoi ! Moi, à son âge, je croquais la vie à pleines dents ! C'était d'ailleurs la meilleure partie de ma vie !

- Maman, je sais déjà tout. Tu sais bien que je suis la femme de ménage des Perry. Madame m'a tout de suite contactée dès qu'elle a apprit la nouvelle pour sa fille, fit Nicole en époussetant les meubles.

Nicole était une femme d'une trentaine d'années qui portait toujours un chignon avec ses cheveux brun châtain et des lunettes. Elle portait souvent son uniforme de femme de ménage. Chemise bleue claire avec un tablier toujours impeccable.

- Oui, c'est vrai que tu es impliquée là-dedans, ma pauvre ! Tous les jeudis, tu viendras dans une maison en sachant qu'une personne y est morte !

- Oh, maman, ça va ! C'est pas la mort. Au moins, je n'ai pas eu à la voir. C'est cela qui me dégoûterait le plus.

La grand-mère se pencha doucement pour prendre son thé et boire une gorgée.

- Tu as bien changé, ma fille. Tu n'es plus aussi susceptible qu'avant. Tu n'as pas vraiment d'empathie pour cette fille.

- Je ne la connaissait pas tellement, tu sais. Nous n'étions pas proches. Le plus dur, ce sont les parents.

- Oh oui ! Imagine ses parents, en train de chagriner la mort de leur seule enfant ! Ils sont tellement gentils ! C'est injuste pour eux ! Heureusement que moi, ça ne m'est pas arrivé ! J'ai une superbe fille qui a bien grandi.

Nicole sourit. Elle posa ses affaires de ménage sur la table à manger et s'assit dans le fauteuil en face de sa mère.

- Tu sais maman, les parents Perry ne sont pas si géniaux que tu le prétends. Ils ne sont pas une famille formidable.

- Qu'est-ce qui te fais dire ça ?

- Je ne me mêle pas des affaires des autres, mais j'ai entendu parler de mauvais choix qu'ils ont fait.

- Nicole, tu délires ! Ça ne peut être que des rumeurs, voyons ! Au moins, eux, ils ont fondé une famille.

Nicole se ressaisit.

- Maman, tu veux parler de moi, là ?

- Ma chérie, tu as trente deux ans, et tu vis avec ta mère et tu n'as toujours pas trouvé de copain !

- Arrête de parler de ma vie intime ! Je n'aime pas ça ! De plus, je te garde chez moi car tu ne sais pas te débrouiller seule, et j'ai déjà rencontré un copain, une fois !

- Ah bon ? Et tu ne m'as jamais rien dit ? C'est qui ? Quand ? Où ? Comment ?

- Maman...

- Oui oui, tu ne veux pas en discuter, puisque tu sais que je suis nulle et que je n'y connais rien, fit-elle en la balayant des mains. Allez, apporte-moi un sucre, ce thé est infecte.

Nicole, un peu agacée par sa mère, partit vers la cuisine.

Elle sortit d'un tiroir dans le coin une boîte de faux sucres et en prit deux qu'elle mit sur une soucoupe.

En même temps, elle attrapa un morceau de chocolat de sa boîte secrète qu'elle rangeait dans le fond d'une armoire.

- J'ai une surprise pour toi, maman, fit-elle avec un peu de chocolat autour des lèvres.

- Ah oui ? Et qu'est-ce que c'est ? Tu es enceinte ? Car c'est ce que j'attends, moi !

- Non, tu es dingue, ça ne se fait pas comme ça et je viens de te dire que je n'avais personne !

- Mais je veux des petits enfants, moi !

- Non. Ma surprise était que j'ai trouvé un nouveau job, en plus d'être la femme de ménage des Perry !

La mère se ressaisit et se renfonça dans son fauteuil.

- Mais quelle bonne surprise !  C'est quoi ?  Tu vas devenir secrétaire ? Tu as écrit un roman ?

- Non... Il faut des études pour ça... Non, je suis juste une femme de ménage du collège de la ville.

- J'attendais mieux que ça.

- Mais je n'y peux rien !  C'est toi qui m'a empêché de faire les études que je voulais !

- Tu n'as rien à te reprocher, regarde, tu as un job.

Nicole leva les yeux au ciel, pensant que sa mère tournait en rond.

- Je vais finir par t'emmener en maison de repôt...

Sa mère la dévisagea, vexée.

- Je rigole... N'empêche, ce n'est pas ce que je voulais faire de base.

- Tu voulais faire les arts, je sais, mais tu ne trouveras pas de boulot là-dedans !

- Femme de ménage c'est pas mieux...

Sa mère croisa les bras et râlâ un peu.

- Bon, tu commences quand ?

- Dès demain.

Unreal HeartOù les histoires vivent. Découvrez maintenant