Chapitre 7.

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Neil rentra à la maison et jeta son sac devant le porte-manteau.

- Ça c'est bien passé, ta journée ?

- Mouais...

Sa mère était déjà en train de préparer un plat mijoté à la cuisine.
Elle vit le garçon monter à l'étage.

- Neil ? Tu joues avec moi à times up ?

Il ne répondit pas. Il était déjà monté à l'étage.

- Laisse-le tranquille, Éline. Il a eu une dure journée.

- Comment tu le sais ? Il ne t'as rien dit !

- Nous avons reçu un mail de l'école disant qu'une élève est morte pendant le week-end. Il doit sûrement la connaître.

Éline regarda les légumes poirauter dans de la sauce.
Elle observa les escaliers et y monta sans que sa mère ne le remarque.

Neil s'était affalé sur son lit, et il ne pensait à rien, sauf à Hélène. Il avait l'impression que c'était maintenant le vide en lui, et il regrettait tellement de choses, car il aurait pu encore lui faire encore la conversation, lui dire bonjour tous les matins, lui redonner une tulipe.

- Elle s'appelait comment ?

Éline se tenait devant la porte et regardait son frère comme une vulgaire carpette.

- De qui ?

- La fille qui est morte.

- C'est pas tes oignons, fit Neil en frottant ses mains sur son visage.

- Elle était jolie ?

Éline s'approcha en sautillant et s'assit à côté de Neil.

- Tu la connaissais ?

Son frère gardait toujours sa tête dans ses dras.

- Elle était dans ma classe.

- Elle était jolie ?

- Tu t'en fous, Éline, tu la connaissais pas.

- Tu l'aimais bien ?

- Tais-toi.

- T'étais amoureux d'elle ?

- Va-t-en ! fit-il en essayant de la taper.

- Oh ! T'es violent ! J'aime pas les frères violents. Je m'en vais, t'es pas intéressant, et puis, t'es qu'un gros nigaud !

Et elle s'en alla dans sa chambre faire des selfies.

Neil en avait marre qu'on lui pose des questions. Tout à l'heure, Chung lui avait demandé s'il allait bien, si elle lui manquait, etc...

Bien sûr qu'elle lui manquait, elle était morte.
Morte bêtement intoxiquée par de vulgaires médicaments. Il ne savait même pas pourquoi.
Il se sentait alors seul, au milieu de tous les élèves. Seul, car Hélène ne pouvait pas lui tenir compagnie.

Neil sortit son téléphone et alla sur les réseaux sociaux.

Il inscrit le nom d'Hélène Perry dans la barre de recherches et il tomba sur son profil.

Là, quelques photos étaient postées avec des vacances, des fêtes avec des amies, des souvenirs.

Sur sa biographie, il était noté le nom de son école et une citation un peu ringarde : "Tous vos rêves peuvent devenir réalité si vous avez le courage de les poursuivre."

Neil regarda une par une chaque photo, et il trouvait qu'Hélène était belle sur chacun d'elles.

Il en aperçut une où il n'y avait qu'elle. Elle souriait devant l'appareil photo, avec les cheveux un peu décoiffés à cause du vent. Derrière elle se trouvait la ville de Bonifacio en corse. Un petit village réputé pour être juste à côté d'une falaise, où la mer se répandait ensuite.

Hélène souriait devant le coucher de soleil, appuyée sur un mur de pierre.

Neil fit une capture d'écran de la photo.

À la voir comme ça, il pourrait penser qu'elle était toujours vivante. Que ce n'était qu'un rêve qui lui ferait prendre conscience à quel point il tenait à elle. Et puis, il se réveillerait soulagé. Il se dirait qu'il n'y aurait rien d'autre à faire que d'aller la voir, car après ce cauchemar, il la reverrait et pourrait lui parler et lui dire tout ce qu'il avait sur le coeur.

Neil voulait qu'Hélène soit là, juste devant elle. Qu'elle lui sourie et lui dise merci pour la tulipe.

Il pleura encore.
Son oreiller se trempait petit à petit.
On lui disait souvent que les garçons ne pleuraient pas, mais là, il ne pouvait pas se retenir.
Il avait l'impression que la vie ne servait plus à rien, qu'il avait tout perdu.
Il s'était même imaginé tout ce qu'il aurait pu faire avec elle.
Ils se marieraient, auraient trois enfants et un chat.
Elle serait devenu médecin généraliste comme elle l'avait toujours voulu, elle suivrait toujours ses cours de natation pour qu'elle reste en forme, et tous les soirs elle jouerait un morceau de piano qu'elle avait apprit.

Ils seraient tellement heureux.
Mais bien sûr, Neil se disait toujours que ces absurdités n'arriveraient jamais, et maintenant il était sûr que c'était le cas.

Il s'essuya ses larmes et se retourna de dos pour observer le plafond de sa chambre en ne pensant à rien.

Il voulait se calmer pour ne pas montrer à sa famille ses sentiments. Il n'aimait pas être recouvert de questions.

- Neil ? Vient manger !

Il descendit les marches après s'être regardé dans le miroir pour ne plus apercevoir ses larmes et s'installa à la table où son père et Éline commençaient à s'impatienter.

La mère de Neil apporta le plat chaud et le posa sur un sous-plat.

Pendant qu'elle servait Éline, elle demanda :
- Alors Neil, ta journée ?

Il soupira discrètement.

- Ça s'est bien passé.

- Quoi, tu n'en dis pas plus. D'habitude, tu nous explique les histoires de Chung et les blagues des professeurs.

- Ben, aujourd'hui, y en avait pas.

- Et cette Hélène ? s'interrogea son père en avalant un morceau de steak. Tu la connaissais ?

- Elle est dans sa classe ! répondit vivement Éline. J'crois qu'ils s'entendent bien !

- Ah bon ? Neil, tu était ami avec cette fille ? Tu ne nous en a jamais parlé !

- Et alors ? Elle est juste dans ma classe, c'est tout. Il n'y a rien d'autre à dire, c'est juste mon idiote de soeur qui raconte des sornettes.

- Eh ! J'suis pas une idiote !

Elle essaya de le frapper avec ses petites mains tandis que Neil la retenait d'un simple geste en soupirant.

- Éline, arrête tes bêtises ! fit la mère. Et Neil, tu n'as pas l'air en forme, tu ne nous racontes pas tout à son sujet.

- J'ai rien d'autre à t'expliquer, maman.

Il but un verre d'eau et monta dans sa chambre en fermant la porte et en laissant son assiette avec des restes de pâtes.

- Maman, j'peux finir ? demanda Éline en tendant déjà son plat vers celui de son frère.

- Oui ma chérie, je ne pense pas qu'il ne le finira pas.

Unreal HeartOù les histoires vivent. Découvrez maintenant