Unreal Heart

Chapitre 12.

- Qu'est-ce qu'elle t'a fait, cette femme de ménage ?

- Rien de spécial, Chung. J'en avais juste marre qu'elle soit dans mes pattes.

- Ce n'est pas une raison, fit Neil.

- Elle me narguait toujours avec son balai. Fais le tour, ça glisse, ne mélange pas les plateaux rouges avec les bleus, mets les chaises sur les tables en sortant de la classe, gnagnagna... Qu'elle le fasse elle-même, ça fera de l'exercice !

- N'empêche tu l'as bien engueulée hier ! Ça m'étonne qu'elle ne se soit pas plaint au directeur !

- Je la déteste, cette garce, elle ne me laisse jamais en paix, elle est toujours là aux moments où il faut pas.

- Mais elle fait juste son job, ajoute Chung. T'es folle, tu t'énerves pour rien !

- Arrêtez de m'énerver, vous aussi, vous êtes saoulant. D'ailleurs vous m'avez espionnée, c'est un manque de respect ! Je suis pas de la mafia !

Neil et Chung se regardent, un peu coupables.

Jane se leva de sa chaise, prit tous les plateaux et les posa sur la table faite pour en mélangeant les rouges avec les bleus.

°°°

Neil rentra, un peu fatigué de la journée.

Il avait plusieurs interros et le reste des cours étaient pour lui inintéressants. Jane avait fait la gueule, simplement en ne disant rien de la journée, à côté de Neil, la tête appuyée sur sa main.

Mais Neil était habitué. Elle avait déjà boudé plus d'une fois, et le jour suivant, elle ferait comme s'il ne s'était rien passé.

Il passa la soirée à faire ses devoirs, étudier et jouer aux jeux vidéos.

- Neilou ! Maman a dit qu'il fallait aller manger !

Sa petite soeur montait dynamiquement les escaliers et ouvrit la porte grande ouverte.

- Neil !

- Oui, j'arrive, c'est bon ! Je sauvegarde la partie d'abord.

Il descendit les marches suivi d'Eline sautillant partout comme à son habitude.

- Maman, Neil jouait encore à red dead redemtion ! T'avais pas dit que c'était violent ?

- Non ma chérie, je lui ai acheté ce jeu car il me l'avait demandé depuis longtemps et de cette manière, il joue moins avec des jeux plus violents.

- Il n'y a pas vraiment de violence, juste quelques fois des morts et du sang, s'exclama Neil.

- Tu ne m'avais pas dit ça Neil, fit la mère. Tu m'avais dit que c'était juste un jeu avec des coboyes et des indiens.

- Oui, mais c'est pas étonnant qu'il y a des morts, c'est une guerre. Le héro est aussi souvent recherché. Moi ce que j'aime bien dans ce jeu, c'est que c'est hyper réaliste.

- Mais Neil, fit Eline, avalant une bouchée de riz, si c'est réaliste, c'est dégoutant de voir du sang !

- Tu as bien regardé le Silence des agneaux avec maman et papa ! Annibal lecteur, je te rappelle que c'est un psychopathe cannibal !

- Oui mais vu que c'est un vieux film, on dirait plus du ketchup que du sang.

- Arrêtez de vous chamailler comme ça, dit le père. Vous n'arrêtez pas depuis trois jours.

- C'est parce que Neil est amoureux !

Celui-ci cracha presque dans son assiette.

- Tu racontes n'importe quoi Eline !

- Je t'ai vu avec une fille en sortant de l'école !

- Et alors ? L'amitié fille et garçon, tu connais ?

- Non, tous les garçons de mon école sont bêtes et nuls, fit-elle en croisant les bras.

- C'est qui cette fille ? sinterrogea la mère avec un grand sourire.

- On l'a juste rencontrée avec Chung il y a quelques semaines. Elle est à côté de moi en classe.

- Oho, tu t'entends bien avec ?

- Heu, oui, elle est sympa.

- Elle te plaît ?

- Mais enfin maman, fit Neil en se levant, pourquoi tu me poses cette question ? On n'a droit à ne rien faire sans avoir un commentaire !

- Mon fils, commença le père, un jour, il faudra que tu rencontres une fille !

- Elle en avait déjà une, fit Eline, mais c'est la fille morte !

- Ça suffit !!!

Neil sortit de table et monta dans sa chambre. Il enleva son pull et s'affala sur son lit, pour ne plus bouger pendant des heures.

°°°

N

eil avait faim. Il était minuit et quelques minutes quand il se réveilla. Il n'avait pas mangé la fin de son assiette, et son ventre fit un gros bruit l'appelant à l'aide.

Il se leva doucement de son lit, sentant ses os craquer. Il ne voyait rien du tout, la lune était la seule lumière.

Il descendit les marches, essayant de ne pas faire le moindre bruit.

Il n'alluma pas les lumières de la cuisine, pensant qu'il serait trop ébloui.

Il n'aimait pas descendre la nuit, car le bois craquait beaucoup et l'ambiance fraîche rendait les pièces flippantes.

Il s'imaginait dans un film, scrutant chaque recoin, espérant qu'il n'y ait pas de monstre qui l'attende.

Il marcha à pas lents, espérant que chaque talon sur le parquet ne frotte pas de trop.

Il ouvrit doucement le frigo, ébloui cette fois-ci.

Il vit une mousse au chocolat et la prit sans hésiter.

Il fit glisser avec précaution le tiroir et prit délicatement une petite cuillère sans toucher les autres, jouant aux micados.

Il posa cela sur la table, regardant autour de lui les portes et les fenêtres.

Il voyait assez pour tout apercevoir, mais il n'aimait pas du tout cette ambiance.

Au bout de quelques minutes, il s'avança vers l'interrupteur et appuya vite dessus. Le bruit du vent dehors le glaçait, et il n'aimait pas du tout ça.

Il ferma les yeux lorsque la cuisine fut entièrement éclairée.

Lorsqu'il les rouvrit, il ne bougea pas d'un poil, pétrifié de terreur.

En face de lui, derrière la table, se trouvait Hélène, le regardant de ses beaux yeux.