Chapitre 14.

5 1 3
                                        

Mon chien s'appelait Yoko. C'était un chiba inu femelle d'une taille moyenne, avec une tache blanche entre les deux yeux. J'adorais toucher son petit museau mouillé lorsqu'elle me regardait avec attention, ou quand je lui attrapait le dos pendant qu'elle ne faisait pas attention à moi.

Elle aimait venir vers moi pour jouer, mais sa balle qu'elle tenait en bouche était difficile à attraper, et elle me mordait souvent gentiment les doigts pendant que je la caraissais.

Elle était toujours active et courait partout, mais elle aboyait souvent.

Ça c'était quand j'avais six ans, quand mes parents étaient encore ensemble.

Ma mère était toujours gentille avec moi, et elle m'a eu très jeune, à 16 ans. Elle avait rencontré mon père à 14 ans et ils ne se sont pas mariés. Il était agé de six ou sept ans de plus que maman.
Mes parents ne m'en parlaient jamais mais j'étais née par accident, ils ne voulaient pas vraiment m'avoir tout de suite.

C'est ma mère qui a choisi mon prénom, Jane. Elle avait eu des difficultés à me faire grandir car elle devait toujours faire ses études, mais elle m'aimait plus que tout.

Elle n'avait plus qu'une seule personne de la famille sans me compter, et c'était ma grand-mère. Elle ne s'entendaient pas très bien, et en fait, maman ne me parlait jamais d'elle. Je connaissais son existence, mais je n'ai jamais été la voir.

Je ne sais toujours pas pourquoi d'ailleurs.

Mon père travaillait beaucoup, et il n'était presque jamais à la maison. Même le soir, il ne mangeait parfois pas avec nous, sous prétexte qu'il devait faire une réunion avec des collègues.

Il se disputait parfois avec maman car ils ne se voyaient jamais et elle était inquiète pour lui, elle me disait.

De plus, ma mère avait abandonné ses études d'art, était au chômage. Elle passait ses journées à s'occuper de moi, attendant la venue de son conjoint, qui donnait à peine le salaire dont nous avions besoin. Il travaillait sans cesse mais ne gagnait pas beaucoup pour moi.

Il était souvent énervé et anxieux pour n'importe quoi.

Moi, je me souciais peu de ce que mes parents mijotaient, car je n'avais que six ans, et j'avais mon chien pour jouer avec moi. C'était maman qui me l'avait offerte le noël dernier.

Et je n'aimais pas trop mon père, car en réalité, je ne le connaissais pas très bien.

Quelques fois, Yoko aboyait, car elle avait vu un chat devant la maison, ou parce qu'une mouche était entrée dans la maison et l'efffrayait. Yoko avait peur de tout et n'importe quoi et aboyait sans hésiter pour me prévenir qu'elle ne se sentait pas bien.

Alors lorsque l'on invitait des amis ou des collègues chez nous, papa envoyait Yoko dans la cave.
Et elle pleurait toute la soirée, dans le froid et le noir complet.
Je détestais que mon père fasse ça car Yoko n'aimait pas du tout être seul et elle perdait l'usage de la vue. Lorsque je passais dans le couloir, je l'entendais gémir et gratter à la porte.

Une fois, lorsque les invités et mes parents ne me voyaient pas, j'ai vite ouvert la cave et prit Yoko dans mes bras. Je suis montée dans ma chambre et je jouais avec elle.

Au milieu de la nuit, après avoir bu quelques verres, les invités sont partis et papa et maman rangeaient. Mais ils ne m'avaient plus vues de la soirée depuis la soupe, alors papa est monté à l'étage.

- Tu n'avais plus faim ma poulette ? Tu avais peur des invités ? Je sais que tu ne les connais pas bien.

Il l'avait dit à travers la porte. Mais moi, je ne répondais pas, car j'essayais de cacher Yoko dans le placard.

Unreal HeartOù les histoires vivent. Découvrez maintenant