Chapitre 15.

4 2 4
                                        

Cela faisait quelques jours que l'apparition dans la cuisine de Neil s'était montrée.

Il pensait que c'était juste un rêve, qu'il était somnambule et que la mort du fantôme lui faisait perdre la tête.

Il avait raconté à Chung le rêve qu'il avait donc fait, et ils se dirent tous les deux que ce n'était pas réel, concluant que les fantômes parlaient alors que celle-ci ne bougeait même pas.

Jane était un peu énervée du fait que ses deux amis l'avaient espionnée mais elle pardonnait vite.

Elle avait donc raconté, pour le fantôme,que c'était un feu follet, qui venait des cendres du cadavre d'Hélène.

Neil trouvait que son idée était plutôt glauque et que l'apparition n'était pas bleue, mais il était satisfait que Jane ne boudait plus.

Vu qu'ils étaient dans l'année à l'école où ils pouvaient y sortir pendant le temps de midi, les trois amis décidèrent de sortir et aller manger dans un petit bar connu de la plupart des adolescents.

Il s'appelait "Chez Mario", car le chef, qui était présent à chaque instant, portait ce nom. D'après Jane , qui y allait souvent seule, Mario portait toujours sa toque et son tablier de cuisinier, mais venait dire bonjour et discuter à tous les clients. Et ce restaurant faisait les meilleurs pâtes carbonara que Jane n'a jamais mangées.

C'est ainsi que Neil entra suivit des deux autres dans une pièce aux couleurs chaudes. L'odeur reflétait des douceurs de plusieurs sauces et épices agréables. Derrièe le bar au centre, un grand homme à carrure maigre vint à bras ouverts.

- Jane ! Que fais-tu là ? fit-il de son accent italien. Tu as invité des amis ?

- Oui, je voulais leur montrer combien étaient bonnes tes pâtes carbonara !

- Oui, je vois, c'est le plat que tu préfères, ma jolie, mais aujourd'hui, mon plat principal, ce sont des gnocchi alla Romana ! Installez-vous, je vous prépare trois repas.

Et il s'en alla vers la cuisine de bon pied.

- Moi je préfère les gnocchis, suggéra Chung.

Après s'être installés à una table et avoir commencé à déguster le plat du jour, Neil interrompit leur conversation sur l'Italie.

- Jane, je suis désolée de te le demander, mais on aimerait savoir qui était la femme à qui tu as parlé il y a une semaine.

- La femme de ménage de l'école.

- Ça, on le sait, mais ce n'était pas juste un problème de balai, on le voyait très bien. Je suis sûr que tu la connais mieux, n'est-ce pas, Chung ?

Celui-ci gobait ses gnocchis en rajoutant du fromage à chaque bouchée.

Jane grommela et soupira, puis répondit :

- C'est ma mère.

Chung s'arrêta de machouiller.

- Pourquoi ne nous l'as-tu pas dit avant ?  C'est important qu'on le sache ! On la voit tous les jours !

- C'est ma mère mais je ne veux pas que tout le monde le sache. Les autres se moqueront. Une femme de ménage n'a pas le même salaire qu'un ingénieur, et il montre des stéréotypes. Les élèves ne sont même pas capables de ranger les plateaux ou de mettre les chaises sur les tables en fin de journée. "Les femmes de ménages repasseront de toute façon! " disent-ils.

Neil et Chung se regardèrent, sentis coupables de n'avoir déjà pas fait ces régles quelques fois, mais perturbés car Jane le faisait tous les jours.

- Mais pourquoi t'es-tu énervée avec elle ? se demanda Chung.

- À vrai dire, nous n'avons pas de très bonnes relations. Je lui ai dit que je ne voulais pas la voir ici lors de son premier jour.

- Mais c'est ta mère ! Elle a le droit de gagner sa vie !

- Tais-toi Chung ! Ça se voit que ta mère te fais tes tartines tous les matins et fait ton linge !  Moi, elle n'était jamais là pour moi.

Neil haussa le sourcil.

- Elle était ?

- On ne vit plus ensemble.

- Mais tu vis où ?  Chez ton père ?

- J'en ai trop dit, je n'aurais pas dû. Vous allez encore m'espionner et tout le monde connaîtra le lien avec la femme de ménage et moi ! Je sais que vous êtes des fouineurs !

Sur ce point, elle ne termina pas son plat et s'approcha à pas lourds de la porte.

- Tu...tu n'as pas payé ! fit Chung entre la panique et l'inquiétude.

Elle s'arrêta soudain, prit son portefeuille et en sortit un billet de dix euros qu'elle plaqua sur la table.

- Gardez la monnaie ! 

Unreal HeartOù les histoires vivent. Découvrez maintenant