Chapitre 3

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Alors qu'elle passait au niveau de la place Revali, Sym aperçut finalement une ombre sombre planer vers le village et se poser sur la terrasse de bois. Reconnaissant Obsis, la Piaf blanche se hâta de rejoindre son amie.

"Ah te voilà enfin ! s'exclama-t-elle en arrivant au niveau de la guerrière. Viens, il faut te préparer si tu veux être prête pour le cérémonie du tournoi de ce soir !

- Je ne viendrais pas, j'ai autre chose à faire, répondit l'archère sur un ton indifférent en secouant ses plumes puis en se dirigeant vers sa case.

- Quoi?! Plus important que la fête annuelle en l'honneur des guerriers ?! s'exclama la fille cadette de Teba, les yeux écarquillés. 

- Tu n'auras qu'à dire que je suis malade. Ou que j'étais trop fatiguée après l'épreuve.

- Enfin Obsis, sois sérieuse une minute ! C'est un des plus grands événements du village, il faut que tu sois là ! Et puis tu seras sûrement attendue en tant que médaille d'argent, Père a prévu une remise de-

- Je serais de retour demain matin, la coupa la fille d'Harfor en entrant dans sa paillote et en préparant une sacoche. Tu n'auras qu'à me raconter.

- Demain matin ?! s'offusqua Sym en suivant son amie chez elle. Mais enfin où vas tu dormir ? Obsis !"

Mais la Piaf noire avait sauté sur le marche pied de bois se trouvant à l'arrière de la cabane et donnant sur le vide et s'était élancée à nouveau vers les montagnes, s'éloignant en planant sans même un regard ou une parole pour son interlocutrice. Déboussolée, cette dernière finit par soupirer et retourner sur ses pas d'un air abattu.

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Le lendemain matin, aux aurores, Sym attendait son amie sur la place Revali. Le village était encore majoritairement endormi, se remettant de la fête de la veille où tout le monde avait veillé tard. La fille du chef avait eu beau être fière et heureuse pour son grand frère, le membre d'honneur, elle avait été très inquiète tout le long pour Obsis et embarrassée d'essayer de la couvrir comme elle pouvait lorsqu'on la questionnait sur son absence. Babil avait semblé être le plus soucieux quant au manque de son ancienne adversaire, plus encore que son père Harfor et alors que l'ambiance festive de la soirée avait bien vite fait oublié à tous les autres cet impair inquiétant.

"J'espère que ce n'est pas sa défaite qui l'a faite s'isoler, avait formulé le guerrier vainqueur à sa cadette après être brièvement parvenu à s'extraire du centre de l'attention et des conversations. Je ne veux pas qu'elle commence à broyer du noir à cause de cela, sa performance était réellement extraordinaire..."

Sym avait alors entreprit de rassurer son frère, essayant de s'auto-persuader par la même occasion que ce défilement incongru ne présageait rien de sérieux. Néanmoins cela lui mina le moral durant toute la nuit et le lendemain elle fut la première levée dans le village pour guetter anxieusement le ciel.

Après près d'une heure d'attente, la fille du chef aperçut enfin son amie émerger des nuages blancs.

Lorsqu'elle se posa finalement sur les planches de bois, la Piaf blanche se hâta de la rejoindre.

"Obsis tu es là ! s'écria-t-elle, mi-soulagée mi-sermonnant. J'ai eu un mal fou à justifier ton absence aux autres !

- Ah oui, la soirée. Alors comment c'était ?

 - Eh bien, Babil a fait un long discours élogieux en ton honneur, et Teba m'a remis ton prix à défaut de te le remettre à toi... Tiens, dit la fille du chef en tendant à l'archère un grand et majestueux arc du faucon, auquel était noué le ruban bleu azur des guerriers et ornés de nombreux détails sculptés dans le bois. Pour remplacer le tien, le menuisier et son apprenti se sont attelé à t'en fabriquer un à la hauteur de ton talent. Il est vraiment magnifique, seuls les meilleurs combattants ont le privilège de -

- J'en ai déjà un merci."

Brusquement coupée par ce refus inattendu, Sym mit un moment avant de remarquer l'arc dans le dos de la guerrière.

"Celui-là...? s'étonna-t-elle avec un air désillusionné. Ton prix est bien plus prestigieux. Et puis où l'a-tu eu, ce n'est pas un modèle Piaf...

- Ça n'a pas d'importance. Je garde celui-là, tu peux le ramener au menuisier."

Regardant le bel arc digne d'une œuvre d'art et confectionné spécialement pour son amie par les artisans du village, Sym était perdue entre tristesse, incompréhension et soucis. Après un instant de suspension, elle finit par défaire avec une étonnante résolution le ruban bleu du manche de l'arc du faucon et vint le renouer à l'arc inconnu de son amie malgré les protestations de cette dernière.

"Pour que tu n'oublies pas que tu es avant tout une guerrière Piaf, et pour que personne ne l'ignore jamais, insista-t-elle en achevant son œuvre et en se reculant pour l'admirer. Tu mérites ce titre, sois en fière."

Obsis cessa de tenter de réprimer sa camarade et dégaina son arc pour l'observer un bref instant avec une surprenante mélancolie. Elle leva finalement le regard vers sa camarade et lui lança :

"Suis-moi."

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Aventures de Zelda Raphaëlle Hyrule : 4.ObsisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant