Chapitre 10

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Le lendemain, après une insomnie durant laquelle je n'arrivai pas à oublier le comportement glaçant d'Obsis, je me décidai à écrire une lettre à mes parents leur contant tous les événements, mes inquiétudes et la solution que j'avais trouvé pour contrôler cette affaire. Je confiai ensuite mon courrier à un Piaf facteur, soulagée de me trouver dans le village du peuple le plus efficace pour porter des messages et qui en avait fait sa renommée.

Après cela, j'accompagnai Sym a qui on avait demandé d'aider aux transferts des marchandises des commerces du village. Sur notre chemin, l'ensemble des Piafs ne parlaient que de la victoire écrasante d'Obsis : on s'extasiait sur certains temps forts, on la couvrait de louanges, on réfléchissait à réclamer sa promotion auprès de Teba... On parlait même d'une fête organisée par Harfor en l'honneur de sa fille dans la soirée et à laquelle tous les habitants était convié.

En arrivant au cœur du village, nous vîmes justement la jeune archère noire se poser avec adresse sur une rambarde de bois avant de sauter sur la terrasse sous les regards et les chuchotements curieux des villageois.

Bien décidée à en apprendre plus sur ma cible, je m'avançai innocemment tandis que Sym me suivait plus en retrait, refroidie par la tentative de tricherie de la fille d'Harfor qui avait faillie coûter la vie à son frère.

"Bonjour Obsis, dis-je avec courtoisie en arrivant au niveau de la guerrière.

- Bonjour Votre Altesse.

- Je tenais à réitérer mes compliments pour ta prestation d'hier, de combattante à combattante j'ai trouvé ta force et ton adresse sincèrement impressionnantes."

La Piaf de jais demeurait impassible, se contentant de répondre par bribes courtes ou de hocher la tête. De toute évidence, sans pour autant reparaître insolente, la joyeuse et pétillante Obsis de la veille s'était modérée. De plus, je pouvais remarquer qu'elle prenait soin d'ignorer Sym en ne lui accordant pas un regard et en ayant refusé de la saluer.

"Tu avais une réelle aisance lors de tes tirs, je trouve cela remarquable, poursuivis-je. Peut-être cela venait-il de ton matériel, mais tout de même... D'ailleurs, oserai-je te demander de voir ton arc ? Il me semblait tout à fait singulier."

Je vis un bref instant le regard de mon interlocutrice se perdre dans l'hésitation, mais elle finit par saisir son arme dans son dos et me la présenter devant elle.

Le ventre de l'arc était fin et fait d'un bois compact, loin des modèles majestueux et aériens des Piafs. Les décorations roses étaient bel et biens faites de simple peinture et d'étranges runes d'un alphabet inconnu étaient gravées par endroit. Mais le plus troublant, c'était cette aura malveillante qui s'était amplifiée. Cette force inquiétante qui semblait émaner d'Obsis provenait en réalité de l'arme depuis le début, j'en étais à présent certaine. Troublée, je tendis alors lentement la main vers l'objet afin de m'assurer de l'origine de cette énergie sombre, mais la guerrière Piaf s'en aperçut et déroba rapidement l'arc hors de ma portée.

"N'y touchez pas !" s'exclama-t-elle brusquement avec un petit peu trop d'ardeur.

Un silence d'incompréhension plana un instant entre nous trois. Comprenant cela, Obsis se ressaisit et me représenta l'arme entre ses ailes en ajoutant simplement :

"Il m'est précieux."

Hochant la tête sans un mot, je reportai mon attention sur l'objet en faisant mine de ne pas m'attarder sur cet incident.

"Il est en effet unique, je n'en ai jamais vu de semblable ailleurs. D'où le tiens-tu donc ?

- On m'en a fait présent, se contenta de répondre l'archère, impassible et se gardant bien de développer plus son propos.

Aventures de Zelda Raphaëlle Hyrule : 4.ObsisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant