Chapitre 6

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"Elle refuse de m'expliquer ou de m'écouter, aussi je pense que tu devrais t'en inquiéter et tenter de résoudre cette histoire en tant que chef."

Teba acquiesça lentement, pensif. Ses deux enfants se tenaient devant lui, l'air grave, et lui avaient rapporté de troublants faits en rapport avec l'une des guerrières du village.

"Toi aussi Sym, tu as constaté ces prodigieuses capacités qu'Obsis semble cacher inexplicablement ?"

Sa cadette sembla hésiter, mal à l'aise, avant d'avouer :

"Oui Père, j'ai été témoin de démonstrations d'une excellence qu'on ne peut soupçonner. J'ignore si le grand Revali lui-même aurait été capable de telles prouesses...

- C'est incompréhensible, soupira Teba en marchant nerveusement dans sa case. Je vais d'abord aller parler à Harfor, trancha finalement le chef en s'arrêtant et en se tournant vers son fils et sa fille. C'est à la fois un ami proche qui saura me dire la vérité et le père d'Obsis, il doit bien avoir une idée de ce qu'il se trame. Merci pour ces informations Babil, Sym. Vous pouvez retourner à vos occupations."

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Plus tard dans l'après-midi, le majestueux Piaf blanc se rendit à la demeure de son meilleur ami que ce dernier occupait seul. Le chef du village se présenta alors que l'hyrulien noir était occupé à renouer l'attelle sur son aile gauche qui ne s'était jamais réellement remise des assauts de Vah'Medoh, il y a vingt ans et qui avaient condamné son avenir de guerrier d'élite. 

"Harfor, je te dérange ?"

Le Piaf au plumage de jais leva le regard, surpris de la présence de son ami.

"Non je t'en prie, entre Teba."

Le chef s'avança vers son interlocuteur assis sur le sol et reprit la parole :

"C'est à propos de ta fille, dit-il d'entrée de jeu. Babil m'a rapporté qu'elle assurait de moins en moins les patrouilles qui sont les siennes alors que ce n'est jamais arrivé jusque là."

Harfor leva un regard amusé vers son ancien camarade d'arme.

"Teba, tu viens me voir parce qu'Obsis a manqué une patrouille ou deux ? Il n'y a rien de bien grave à cela, Babil lui-même en séchait plusieurs au même âge !

- Il n'y a pas que cela, répliqua le seigneur de Tabanta. Elle a refusé de s'expliquer ou de s'excuser face aux reproches de Babil et s'est éclipsé en plein milieu de leur conversation. C'est un comportement irrespectueux qui n'est pas dans ses habitudes."

Harfor, pendant que son ami parlait, finissait distraitement de nouer les bandages sur son aile fragile. Il finit par tirer d'un coup sec sur l'extrémité du tissu, lui arrachant un grognement, avant de relever la tête vers son interlocuteur.

"Je comprends ce que tu veux dire mon ami, soupira l'ancien guerrier noir. Mais reconnaît que Babil a toujours été très - voir trop - impliqué dans son rôle de second, au point où ce grade lui soit monté à la tête et qu'il soit devenu à fleur de peau dès que quelque chose lui déplaît. Obsis a toujours eu du caractère, il est normal qu'elle essaie de se défendre lorsqu'on lui reproche une chose !"

Teba était désemparé face aux excuses et prétextes que lui sortait inlassablement son ami pour couvrir sa fille. Le chef du village avait toujours deviné l'esprit de compétition et la jalousie dissimulés qu'Harfor entretenait vis-à-vis de lui, aussi bien à leur propre niveau qu'à celui de leurs enfants respectifs. Mais rabaisser ainsi Babil pour minimiser les erreurs d'Obsis était on ne peut plus osé.

"Harfor, insista le Piaf blanc avec un calme froid. Mes enfants ont également vu Obsis s'absenter durant plusieurs jours d'affilé sans autorisation en direction d'Hébra. Il n'y a rien ni personne là-bas, et elle y passe bien trop de temps pour que ça ne paraisse pas suspect. Si tu sais pourquoi elle s'y rend je t'ordonne de me le dire."

Aventures de Zelda Raphaëlle Hyrule : 4.ObsisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant