Chapitre 8

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Alors que le soleil était à son zénith, l'ensemble de la population Piaf se rassembla avec curiosité et excitation sur les différentes terrasses du village tandis qu'en contre bas, faisant le tour de la tour de pierre, le parcours du tournoi avait été reproduit.

Aux côtés de Sym, de Teba et de Dézelle sur la terrasse la plus grande, mon regard balayait frénétiquement les environs à la recherche des deux adversaires.

Bien que j'admirai la diplomatie de Babil, l'organisation de cette épreuve ne présageait rien de bon et je craignais ses conséquences, qu'importe son issue. La détermination d'Obsis cachait quelque chose, et j'avais peur de ce que cela pouvait être. La présence de cette guerrière me mettait profondément mal à l'aise tout comme cette étrange aura qu'elle dégageait.

C'est alors que deux silhouettes, une blanche et une noire, firent leur apparition sur la place Revali en contrebas. Des acclamations s'élevèrent de toute part, mais les deux participants ne réagirent que peu à ces ovations. L'arbitre et commentateur de l'épreuve s'avança également sur la terrasse centrale, fit volte face vers les concurrents et déclama :

"Aujourd'hui comme prestigieuse spectatrice : Son Altesse la princesse Zelda Raphaëlle Hyrule !"

A ces mots tout le public dispersé sur les passerelles se tourna dans ma direction et s'inclina avec respect. Il en fut de même pour Babil et l'arbitre, mais ce fut d'Obsis que mes yeux ne pouvaient se détacher : la jeune Piaf pivota dans ma direction et plongea son regard dans le mien, restant droite là où tout son peuple courbait de la tête d'un seul et même mouvement. Puis elle se décida, seulement lorsque tous les autres Piafs se redressaient d'un même geste, à esquisser un sourire caustique et à pencher légèrement sa tempe sans pour autant me lâcher des yeux. 

A cet instant précis, mon sang se glaça subitement sans que je ne puisse expliquer pourquoi. Pétrifiée, je ne pouvais détourner le regard et pouvais alors percevoir toute la désinvolture et l'amusement malsain qui brillaient dans les iris jaunes de la guerrière en aval, et qu'elle n'hésitait pas à plonger avec aplomb dans les miennes malgré le protocole. J'avais l'inexplicable impression que ce regard appartenait à quelqu'un d'autre, un inconnu qui me dévisageait à travers les prunelles Piafs.

"Concurrents, à vos marques..."

L'archère de jais daigna finalement détourner les yeux et les poser droit devant elle tandis qu'elle se mettait en position, côte à côte avec le fils du chef.

"Prêt..."

Je remarquai alors dans son dos, lorsqu'elle se détourna, le fameux arc inconnu dont Sym m'avait parlé la veille. Malgré la distance, je pouvais le détailler avec suffisamment de précision : un bois sombre et rigide, une corde quasiment invisible, des ornements roses et rouges qui contrastaient étrangement avec un ruban bleu azur, le même qu'arborait Babil... Ces couleurs obscures et chaudes n'étaient en rien celles du peuple ailé, cet arc venait de toute évidence d'ailleurs et lui avait été fourni par une tierce personne, à en croire les délais rapportés par Sym...

"Partez !!!"

D'un même mouvement, aussitôt le départ donné, les deux guerriers noir et blanc s'élancèrent dans les airs sous les cris de la foule, passèrent par-dessus une première barre transversale en la frôlant puis se laissèrent aussitôt tomber à pic, les ailes rabattues contre leur corps.

Les spectateurs se précipitèrent tous contre la rambarde des passerelles et baissèrent le regard pour tenter d'apercevoir l'affrontement plus bas.

Les deux Piafs étaient flanc contre flanc, virevoltant dans les airs à travers anneaux et barres dans un parcours de vol acrobatique qu'on pouvait aisément qualifier de très complexe. Aucun des deux ne semblaient prendre le dessus sur l'autre : lorsqu'un réussissait à passer devant lors d'un virage à un obstacle étroit, il se faisait aussitôt rattraper par l'autre une fois le passage franchi.

Aventures de Zelda Raphaëlle Hyrule : 4.ObsisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant