Chapitre 14 - La fièvre du dimanche matin

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Madeline


Une odeur particulièrement agréable vint me chatouiller le nez. Un parfum de Lilas frais et de menthe. Et un peu plus loin, de café. Je souris et clignais des yeux une fois. Deux fois. Et les refermais. La couette qui me recouvrait était douce et épaisse. L'oreiller était moelleux et confortable. Et cette odeur ! Je devais rêver, le contraire était impossible. Je fouillais dans ma mémoire pour savoir comment j'avais pu atterrir dans ce cocon de lin, mais rien, c'était définitivement un songe. Puis j'ouvris les yeux une bonne fois pour toute, avec le sentiment atroce de ne pas être où je devrais. Au diable, les rêves. La réalité était en train de m'assommer. Je m'essuyais le coin de la bouche et me redressais précipitamment. Ce n'était pas mon lit. Ce n'étaient pas mes draps. Je touchais le tissu fin d'un grand tee-shirt noir me recouvrant et palpait mon corps. Mes sous-vêtements étaient toujours en place. Ouf.

La tête dans un étau, je parcouru la pièce rapidement à la recherche d'indices. Cette chambre immaculée et rangée était définitivement celle d'un garçon. Un bureau semblant n'avoir jamais servi pour son utilité première était inondé de carnets et boites en tous genres. A côté, deux étuis de guitares tenaient en équilibre sur le sol à côté d'un ampli Marshall monstrueusement grand. Un tourne-disque vintage occupait l'autre coin de la pièce tandis qu'un dressing gigantesque s'étirait sur le dernier mur libre de la chambre. Une grande fenêtre aux persiennes encore fermées illuminait l'ensemble, berçant l'espace d'une douce lumière automnale.

La boule dans mon ventre s'amenuisait à mesure que j'observais l'endroit. J'étais étrangement rassurée dans cet univers.

Mon téléphone sans batterie était posé sur la table de nuit, mais un réveil indiquait Midi.

Alors que j'approchais le maillot de mon visage pour tenter d'avoir un nouvel indice sur son propriétaire, je fus stoppée par une jolie mélodie au piano, dans la pièce à côté.

Après les premiers accords, une voix suave et grave s'éleva au-delà des notes pour former un tout harmonieux et terriblement attrayant. Cette chanson, je la connaissais, c'était la merveilleuse Agnès Obel. Par contre, cette voix, elle résonnait tellement souvent dans mon esprit, que je ne pouvais décemment pas passer outre.

J'étais chez Edgar. J'ÉTAIS CHEZ EDGAR ! Ma conscience avait du mal à se calmer.

Des flashs de la veille commençaient à refaire surface dans mon esprit embrumé. Ses doigts sur mon cou, son visage si près du mien, ma respiration caressant sa joue, mon corps dans ses bras et sa veste sur moi.

Je sortais enfin du lit, m'assurais au passage que le tee-shirt couvrait bien mes fesses et sortais vers la musique. Je fus surprise par le miroir en face de la porte, mais ce n'était que moi. J'en profitais pour recoiffer rapidement mes cheveux ébouriffés et essuyer encore quelques traces de maquillage sur mon visage.

Il m'avait démaquillée ?

Sans essayer de chercher ce qui se cachait derrière la porte à côté de moi, je me rapprochais à pas de loup vers le salon où Edgar était assis dos à moi, face à cet instrument majestueux que j'aimais plus que mesure. Sa voix était toujours aussi enivrante, et j'appréciais encore mieux la mélodie sans le mur entre les deux pièces. M'appuyant contre le mur, je fermais les yeux et savourais ce doux son qui sortait de ses tripes, sans vraiment savoir quoi faire d'autre.

Sauf qu'en m'appuyant sur le mur j'avais déclenché l'interrupteur, allumant le plafonnier du salon, chose dont je me rendis compte à son arrêt brutal de la chanson.

J'ouvris les yeux en les écarquillant. Grillée.

— Je t'ai réveillée ? me demanda-t-il en se retournant.

To The Moon 🌙 - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant