To The Moon 🌙 - Tome 1

Chapitre 1 - Respire, Madeline !

Madeline

Je n'avais jamais pensé que l'école se finirait aussi vite. Pour moi, j'avais encore de belles années devant moi pour savoir ce que je voulais faire de ma vie. Je n'étais pas prête à décider de mon avenir tout de suite après l'obtention de mon bac. On nous forçait, on nous formatait à prendre des décisions rapides, qui s'avéraient parfois inefficaces. Et pourtant, Here I was... Nous étions le cinq septembre 2018 et je faisais ma rentrée dans une nouvelle université parisienne.

Drôle de choix pour une petite provinciale comme moi, mais pourtant la plaquette de cette école était apparue comme une bénédiction dans ma boite aux lettres au moment où il fallait faire des choix.

Armée de mon éternel sac Longchamp que je trainais depuis le lycée, je respirai un bon coup avant d'emprunter les escaliers pour descendre de chez moi. Mon nouveau « chez moi ». Sans ma mère et sans mon père dans les parages pour me casser les pieds.

— Respire, Madeline, m'encourageai-je alors que je m'avançais vers l'avenir, les jambes flageolantes.

A tout juste dix-huit ans, il était normal de commencer les études secondaires et pourtant, je me trouvais tellement jeune, si petite, si insignifiante dans cette foule amassée au milieu de la rue. J'allais me faire bouffer dans ce truc.

Bientôt, l'ombre du complexe écolier m'engloutit et je me figeai, interdite. Une vague de panique me gifla et la musique dans mes oreilles ne m'aida pas à sortir la tête de l'eau. Pas cette fois. Je fus à deux doigts de faire demi-tour quand le bip de mon téléphone me sortit de mon état transit.

MAM : Bon courage pour cette première journée ma chérie. A bientôt, ta mam qui t'aime. PS : Je t'interdis de faire demi-tour.

Etonnée, je relevai la tête pour tenter de l'apercevoir, mais c'était impossible, elle m'avait quittée hier pour retourner à Amiens, ma ville natale. Visiblement, elle me connaissait mieux que je ne le pensais. Les déclarations d'amour n'avaient jamais eu bon train à la maison et je n'étais pas spécialement proche de ma mère, pourtant elle avait le don de me rassurer et j'écoutais toujours ses conseils. Ragaillardie par ce geste attentionné, je repris la route vers l'école, plus confiante que jamais.

« Tout va bien se passer, tout va bien se passer ».Je me répétai cette phrase en boucle tel un mantra.

Le bâtiment sur quatre étages était immense. Un niveau pour chaque école. Une partie communication - la mienne, une pour le commerce, une pour le tourisme et la dernière qui était inaugurée aujourd'hui, l'école d'art et musique.

Si je m'étais écoutée sincèrement, j'aurais postulé pour cette dernière section, mais encore une fois, ma mère avait eu les mots pour me dissuader. Ou m'encourager dans une autre voie. Question de point de vue. Il était important d'avoir un bagage plus solide qu'un diplôme de musique si je voulais réussir un minimum, elle avait raison sur ce point.

Ma mère, Rose, n'était pas la voix de la sagesse, mais on pouvait dire qu'elle avait réussi là où mon père avait échoué. Elle tenait son propre magasin de fleurs au cœur d'Amiens et était en phase d'en avoir un second, plus excentré. Mon père Léonard était un fonctionnaire averti, un professeur d'histoire passionné. Mais ça, c'était avant. Avant ce foutu accident qu'on a eu quand j'étais plus jeune. A vrai dire, il m'avait également laissé des séquelles indélébiles. Rien de physique, juste une cicatrice rose et fine à la lisière de mon cou, laissant les pires blessures enfouies au plus profond de moi. Celles qu'on essaie d'oublier alors qu'elles se sont gravées sur nôtre âme. J'avais toujours du mal à oublier cette journée et ça me terrifiait toujours autant.