Chapitre 25 - "A cause de mes yeux"

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Edgar


Comme promis, j'attendais Madeline devant chez elle. Il avait commencé à neiger, quelle plaie. Heureusement qu'on était à Paris et que ça ne tiendrait pas plus d'une heure. Je la vis avancer timidement vers moi.

— Ne tombe pas ! lui criais-je, alors qu'elle faisait des petits pas pour éviter de tomber, glissant et se rattrapant comme elle pouvait au bâtiment le plus proche.

Elle ne devait pas comprendre ce revirement de situation. Même moi, je ne pouvais l'expliquer. J'avais besoin d'elle. J'avais encore quelques problèmes à régler de mon côté mais après ça, plus personne ne viendrait me faire chier. J'avais été sincère avec elle, je ne voulais pas blesser Julia plus que l'avais déjà fait. Il était important de ne pas révéler trop rapidement aux autres qu'on se fréquentait, et Julia ne s'en remettrait probablement pas si je m'affichait dès demain avec Madeline. Lui dire que j'avais fait une erreur de revenir vers elle tout à l'heure n'avait pas été difficile pour moi. Je savais que je ne la désirais plus. Il était inutile qu'elle perde son temps avec moi, alors qu'une autre occupait mes pensées. Julia, elle, avait fondu en larmes, me suppliant de lui laisser une nouvelle chance. Mes dés étaient lancés, c'était une cause perdue pour elle. J'étais finalement parti sous une pluie d'insultes. Il valait mieux qu'elle me déteste finalement.

J'écrasais ma clope, pris un chewing-gum et la suivit à l'intérieur de l'immeuble. Elle me regarda avec un air complice quand nous passâmes l'entrée en marbre. Souvenirs ardents d'hier soir, où elle m'avait renvoyé chez moi avec une gaule de l'espace.

Mais je comptais bien y remédier ce soir...

Tuant d'un revers de main mes pensées obscènes, je la suivais dans les escaliers, en silence. Elle était nerveuse, je le sentais. Ce silence nous électrisait. Je ne voulais pas la brusquer. Elle m'avait bien fait comprendre hier qu'elle voulait prendre son temps, et j'allais respecter son choix.

En arrivant dans son petit appartement, elle retira son bonnet, ses chaussures mouillées, son manteau et je fis de même.

Je m'assis dans son canapé moelleux et l'observa faire des vas et vient entre la salle de bain et la cuisine ouverte.

— Je peux te proposer quelque chose à boire ? me demanda-t-elle d'un ton formel.

— Oui, ce que tu veux. Enfin, ce que tu as, précisais-je.

Elle décapsula deux bières et m'en tendit une.

— Je vais mettre un peu de musique, m'indiqua-t-elle en prenant possession de son enceinte.

La mélodie, un piano voix, s'infiltra dans l'espace, nous entourant avec douceur dans ce cocon. Elle avait de bons goûts musicaux. Et tant mieux, je n'aurais pas toute sa culture musicale à refaire. Il se pouvait même qu'elle m'apprenne quelques trucs. Je ne connaissais absolument pas cet artiste.

— C'est quoi ? lui demandais-je après le premier couplet.

— Max Jury, je l'ai découvert il n'y a pas longtemps. J'adore ce qu'il fait.

Les paroles m'avaient interpellées directement et j'en ris discrètement.

"I know your heart's hard and leather thin

You've seen death, and he's called your name

I've seen him too, honey, I'm the same *"

Comme si cette chanson avait été écrite pour nous.

— Comment se fait-il que tu parles aussi bien anglais ? me demanda-t-elle au bout d'un moment.

To The Moon 🌙 - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant