Chapitre 14 - Legna

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Parlant encore de tout et de rien pendant une heure et voyant le soleil se coucher avec lenteur au loin, Loëse décidait de raccompagner Meyri chez elle pour s'assurer qu'elle rentrait bien en sécurité.
Il faisait bien noir quand ils arrivaient en bas de l'immeuble de la jeune femme.

— Tu veux monter ?

Il faisait non de la tête, puis lui serrait la main, lui disait un rapide "bonne nuit et à demain " et était prêt à partir quand Meyri le rattrapait par le poignet et lui faisait la bise.

— Nous sommes plus que des connaissances maintenant, nous sommes amis et nous pouvons nous faire la bise. À demain Loëse.

Il marchait et se retournait quelques mètres plus loin pour tomber sur les yeux pétillants de Meyri le regardant avec admiration s'en aller.

— Alors, monsieur Legna est un tombeur, un prince charmant chevauchant un destrier blanc pour sauver sa belle ou plutôt je devrais dire, sa protégée.

Il avançait les mains dans les poches en direction d'une ruelle sans regarder Firilia une seule fois. Il regardait à droite puis à gauche et reprenait forme angélique.

— Tu as un nom de famille l'ange ?

— Legna à l'endroit, c'est Angel. C'est le premier mot qui m'est venu à l'esprit sur le coup.

— Pas mal l'ange. Pas mal l'improvisation. Et tu comptes faire quoi pour demain ? Meyri à confiance en toi et elle attend quelque chose.

— Je sais.

— Donc, tu vas faire quoi ?

— Je ne sais pas.

Ils volaient sans plus parler en direction de leur lieu de vie. Plusieurs fois pendant le trajet, Loëse détachait puis rattachait ses cheveux foncés avec hargne. Il angoissait tellement qu'il faisait de temps à autre des chignons ou des queues de cheval.

— Je vais te couper les cheveux je pense. Et tu n'as pas le choix.

— Je ne te le permettrai pas.

— C'est ce que tu penses ?

— Oui.

— On verra bien.

Un sourire naissait aux coins des lèvres de la femme aux cheveux de feu. Elle savait en avance ce qu'elle allait faire de sa soirée.

— En fait, nous n'avons pas vérifié si Meyri était rentrée chez elle sans encombre.

Les yeux vert de l'ange s'ouvraient tels des soucoupes et il volait très vite sans rien dire en direction du studio de sa protégée. Il s'insultait lui même d'idiot tout le trajet.

Il volait le long de l'immense immeuble pour se retrouver face à la fenêtre de Meyri. Elle était là, sur son canapé lit à rêvasser serrant dans ses bras le seul coussin présent. Elle souriait.

Depuis le peu de jours qu'il était là sur terre, c'était la première fois que la voir sourire à ce point lui donnait autant la sensation de papillons dans le ventre. Il souriait à son tour derrière la vitre et posait sa main à plat derrière cette dernière. Repoussant une mèche de cheveux derrière son oreille il frémissait. C'était une douce sensation. Il était heureux de la voir ainsi et d'avoir vu de ses propres yeux que l'idée du "métier "de Meyri semblait loin derrière elle. Mais il savait qu'il s'était mis dans de sales draps et qu'il se devait de parler à Nerdus au plus vite.

— Tu es malade l'ange de voler comme ça. J'ai failli faire une crise d'asthme. Je ne suis même pas asthmatique.

Firilia était derrière lui et se tenait par les genoux en respirant bruyamment. Elle était aussi rouge que ses cheveux.

— Tu peux faire autant de crises que tu le veux, tu ne pourras pas en mourir. Et faut penser à faire un peu de sport pour l'endurance.

Elle plissait les yeux et souriait sournoisement.

— Tu m'aideras, non ?

— Bien-sûr.

Loëse détournait son regard de la démone et se focalisait sur son humaine.

— Sans regarder en direction de la fenêtre, je suppose par ton sourire que Meyri à fait le choix que tu lui as présenté l'ange ?

— Exactement.

Il croisait les bras sur son torse et riait tout heureux. Il tournait sur lui même par ses ailes faisant bouger le vent en direction de Firilia qu'il attrapait au passage. Il la prenait par surprise et la faisait tournoyer dans les airs avec lui. Ils étaient proches. Trop proches pour des adversaires. Mais en tant qu'adversaires, ils s'aimaient bien malgré le fait que seuls trois jours étaient passés depuis leur rencontre.

Firilia se décrochait de l'ange avec un regret non visible aux yeux de l'ange et se dirigeait vers la fenêtre.

— Ça me donne envie de vomir la façon dont elle tient dans ses bras le coussin en pensant que c'est toi.

— Je trouve ça plutôt flatteur.

Elle cognait sur l'épaule de l'ange amicalement et faisait un signe pour rentrer aux bâtiments des anges et des démons. Ils survolaient la ville avec plus de légèreté qu'avant. Enfin, seulement pour Loëse qui planait rêveur et heureux d'avoir su protéger son humaine malgré le fait qu'il avait été aidé par la démone en grande partie. Firilia elle fronçait les sourcils les bras croisés sur sa poitrine.
L'ange le remarquait.

— Pourquoi tu fais la tête ? On a fait une bonne équipe pour la journée. Pour la première journée officielle et on a réussi ensembles à protéger Meyri.

Firilia le regardait l'œil terne.

— Tu ne comprends pas Loëse. Nous sommes dans la merde.

— Comment ça ?

Ils s'arrêtaient de voler en synchronisation.

— De un, nous ne devons pas faire équipe. Nous sommes adversaires !

— Oui, mais pas ennemis.

— Je sais, mais c'est interdit pendant le service. De deux, Meyri risque de tomber amoureuse de toi. Et tu sais que si c'est le cas, tu es dans la merde autant que moi.

— Mais non, elle m'a dit "connaissance ".

— Il te manque une case l'ange. Elle a dit que vous étiez plus que des connaissances, même amis et elle t'a fait la bise. C'est déjà beaucoup de la part d'une humaine et surtout de Meyri. Et de trois, ce qui me concerne le plus. J'ai perdu aujourd'hui. Tu ne sais pas comment on se fait punir chez les démons. En plus vu la gravité de l'événement du jour ce sera pire pour moi.

Loëse l'Ange gardien Où les histoires vivent. Découvrez maintenant