Chapitre 12 - Fleur bleue

10 2 0
                                    




Toquant avec hésitation sur la porte en bois défraîchie, l'ange Loëse se dandinait d'un pied sur l'autre. Il était rongé par l'angoisse. Il était anxieux de se retrouver encore une fois devant sa protégée et ne savait toujours pas quoi lui dire à propos de la veille. Il avait dans ses mains le grand bouquet d'un grand mélange de fleurs étant soit blanches ou soit violettes. C'était le mélange parfait à ses yeux et il espérait sincèrement que ce soit aussi le mélange parfait aux yeux de son humaine.

Une fois avoir payé le bouquet auprès de l'hôtesse de la grande boutique de luxe, il s'était dirigé vers une ruelle où il avait repris sa forme angélique pour voler en compagnie de Firilia en direction de l'appartement de Meyri. Il ne voulait pas perdre plus de ce temps précieux qu'il avait à sa disposition.

À ses côtés, la démone se moquait encore de la réaction de la jeune hôtesse toute émoustillée. Loëse lui n'avait pas dit un mot. Il était rouge de gêne et de remords envers cette jeune femme.

Arrivés devant la porte de Meyri, Loëse avait minutieusement vérifié les environs et avait repris sa forme humaine avec ses vêtements du matin et non ceux qu'il avait sur lui pendant sa commande à la boutique de fleurs. Maintenant, il avait toqué à la porte de Meyri, attendant qu'elle lui ouvre la porte. Il entendait des petits pas discrets à l'oreille d'un humain mais pas aux oreilles de l'ange, il avait entendu clairement que la jeune femme s'était déplacée derrière sa porte et qu'elle regardait à travers le judas.

— Je crois qu'elle t'a reconnu, soufflait la démone.

Ni une ni deux la porte s'ouvrait avec lenteur dévoilant le corps svelte qu'était la jeune femme. Meyri par sa petitesse et par son léger poids semblait souffrir atrocement malgré le grand sourire qu'elle faisait à l'ange.

— Euh bonjour l'inconnu.

Elle était hésitante baissant la tête par moment pour rencontrer encore et toujours les yeux émeraudes du bel ange.

— Bonjour.

Ils se regardaient sans se quitter des yeux, puis détournaient en même temps leurs regards de gène laissant le rouge apparaître sur leurs pommettes.

— J'ai quelque chose pour vous.

Il se lançait et tendait avec hésitation le bouquet qu'il avait fait confectionner spécialement pour elle même pas trente minutes avant. Même en l'ayant gardé dans ses mains devant lui, Meyri ne l'avait pas remarqué trop absorbée par la beauté de l'homme face à elle. Quand elle posait enfin ses yeux sur le bouquet, elle paniquait.

— Non, je ne peux pas accepter. Je ne peux vraiment pas. Ces bouquets coûtent une fortune et je n'ai pas de quoi vous rembourser.

Elle avait le visage ternie pas l'angoisse creusant davantage ses joues fines et faisant disparaître son doux sourire.

— Non non, vous n'avez pas compris. C'est un cadeau pour vous. C'est de ma part.

Il tendait le bouquet que Meyri avait du mal à prendre de peur de le faire tomber ou pire de l'abîmer.

— Merci. Mais pourquoi m'offrez vous un bouquet aussi cher ? Je suis désolée de poser cette question là. C'est inapproprié.

Elle baissait les yeux de honte.

— Toutes belles femmes comme vous méritent un bouquet à sa hauteur.

Il souriait tentant de détendre l'atmosphère, ce qui marchait clairement pour Meyri. Tandis que Firilia riait tellement fort dans les oreilles de l'ange que ça en devenait insupportable.

— Tu es trop fleur bleue Loëse.

Et elle continuait de rire en se tenant les côtes de peur de s'étouffer. Loëse n'y prêtait pas attention et se focalisait sur le sourire timide de Meyri qui le remerciait.

— J'ai oublié de me présenter. Je m'appelle Loëse Legna. Je suis nouveau dans cette grande ville et l'autre jour, je vous ai croisé dans le rue. Je ne vais pas vous mentir vous m'avez plu.

Et c'était totalement vrai, Loëse était nouveau sur terre et dans cette ville qu'est la capitale française. Et enfin, pour ce qui est de l'attirer c'était aussi vrai, il avait senti le lien la reliant à lui la première fois qu'il l'avait croisé. Et encore maintenant, il ressentait cette force qui l'attirait à elle comme Firilia le sentait aussi. Cette dernière pendant ce temps-là regardait l'ange sans trop comprendre, elle était étonnée qu'il ait un nom de famille. Les anges comme les démons n'avaient pas de noms de famille, car personne n'avait de parents ou de frères et de sœurs. Ils n'avaient pas de famille. La communauté faisait office de famille.

— Je sais que nous ne nous connaissons pas, et que je dois paraître bizarre à vos yeux, mais j'ai vu un petit parc assez charmant pas très loin d'ici. Je n'ai pas envie de m'y balader seul par ce temps radieux. Me feriez-vous l'honneur de marcher en ma compagnie. Nous pourrions discuter un peu et apprendre à nous connaître. Si cela ne vous déranges pas bien-sûr.

Tout le long de sa tirade le rouge avait gagné son visage au complet. Il rougissait jusqu'aux racines. Quant à Meyri, elle réfléchissait longtemps.

— Je sens que tu es cuis. Elle pense à son futur "métier " en ce moment, disait Firilia en faisant des guillemets avec ses doigts au mot métier.

— J'ai confiance en moi, soufflait Loëse à la démone.

— Pardon, vous disiez ? Je n'ai pas entendu, demandait Meyri.

— Non, non, je n'ai rien dis.

Il rougissait encore plus, ce qui le rendait plus adorable qu'il ne l'était déjà aux yeux de Meyri. Cette dernière reniflait le bouquet qu'elle adorait déjà l'air rêveuse. Et sur une poussée d'adrénaline elle disait :

— Oui, j'accepte.

Loëse l'Ange gardien Où les histoires vivent. Découvrez maintenant