Chapitre 10 - Ruse

17 2 0
                                    




— Mais je peux faire quoi exactement ?

— Je ne sais pas. Invites-là au parc, au cinéma. Fais-la sortir pour que son envie de pourrir sa vie et de la foutre en l'air s'en aille. Montre lui des belles choses de la vie.

— Comme ?

— Je ne vais pas te mâcher tout le travail non plus ? Et puis, tu sembles oublier que nous sommes adversaires.

— Adversaires, mais pas ennemis.

— C'est bien ça le problème Loëse.

Loëse s'asseyait à même le sol et s'adossait à la porte d'entrée de Meyri. Il rejetait sa tête en arrière de sorte que son cou soit tendu en direction de la démone. De là où elle se trouvait, elle pouvait voir très clairement l'artère saillante de l'ange pulser.

— J'ai une soudaine envie de te mordre le cou.

L'ange la regardait en fronçant les sourcils.

— Tu peux répéter.

— J'ai dit que tu devrais te mettre au travail plutôt que de rêvasser.

Elle était aussi rouge que ses cheveux triturant ses doigts vernis de noir.

— Je dois me mettre au travail. Mais comment acceptera-t-elle de venir au parc avec moi sachant qu'elle ne me connaît pas. Je suis un parfait inconnu à ses yeux.

Firilia perdait le rouge de ses joues et le regardait sournoisement.

— Ne fait pas ce coup avec moi. Tu lui as parlé hier quand tu es venu déposer la fameuse pizza.

Loëse redressait la tête les yeux sortants de leurs orbites et fixait la démone.

— Comment tu...

Elle le coupait d'un geste de la main.

— Ne l'oublies pas. J'ai des yeux et des oreilles partout. Je suis partout à la fois. Je peux même savoir de quoi tu as rêvé cette nuit malgré le fait que tu n'ai pas dormi. Alors maintenant, tu vas faire le bon petit homme et prendre ta forme humaine pour sauver notre Meyri de ma tentation si bien réussie.

Loëse se relevait d'un bond et se dirigeait vers l'ascenseur endommagé par le temps.

— Je devrais m'habiller comment à ton avis ? Qu'est-ce qui lui plaira et qu'est-ce qu'il ne lui plaira pas ? Tu es une fille tu dois savoir non ?

Firilia tapait à l'arrière de la tête de l'ange.

— Tu es pathétique. Meyri manque d'argent et tu crois vraiment qu'elle va regarder la façon dont tu t'habilles, dont tu te coiffes. Elle n'osera même pas regarder la couleur de tes yeux. Donc, maintenant tu prends ta forme humaine avant que je ne te tape encore, mais beaucoup plus fort cette fois, d'accord ?

Il ne répondait pas et entrait dans l'ascenseur. Il prenait forme humaine gardant ses vêtements du matin. Une tenue sobre et non bling-bling.

— Voilà restes comme tu es vraiment. Bon dépêches-toi.

Loëse appuyait sur le bouton lui permettant de rouvrir la porte pour rejoindre le palier du niveau de Meyri. Il allait toquer à la porte d'entrée de son humaine quand il se stoppait net.

— Je ne peux pas venir les mains vides. Ça ne se fait pas chez les anges.

— On s'en fout. On est chez les humains là. Ils ne connaissent plus la politesse depuis bien des années. Et elle ne remarquera même pas que tu es venu les mains vides.

— Si. Et ça ne se fait pas.

Il retournait vers l'ascenseur et appuyait sur le bouton menant au rez-de-chaussée. Firilia le suivait en rechignant.

— Tu te moques de moi là ? Pourquoi tu descends.

— Comme tu m'as donné ta place après le service du jour, j'ai jusqu'à minuit pour m'occuper de Meyri. Donc, j'ai tout les droits. Je peux faire ce que je veux comme je passe en deuxième. J'ai tout mon temps.

Firilia devenait encore plus pâle ne sachant quoi répondre.

— Tu es sérieux là ?

— À ton avis, pourquoi je t'ai laissé gagner les échecs ? Dans la vallée des anges nous passons notre temps à y jouer. J'étais un spécialiste en la matière. Mais je me suis dis que si je passais en second, je pourrais toujours rattraper le choix que tu lui as présenté.

— Tu as rusé et tu m'as menti. J'aime ça. Mais tu trouves cela normal de mentir venant de la part d'un ange ?

— J'agis tout sauf normalement depuis que je suis sur Terre. Donc, je ne m'étonne plus.

Les portes de l'ascenseur s'ouvraient enfin quand il arrivait à destination. Le rez-de-chaussée était vide mis à part un cafard boitillant dans un coin poussiéreux. Loëse poussait la porte d'entrée de l'immeuble miteux risquant de tomber à tout moment. Il regardait à droite puis à gauche. Rien n'attirait son attention. En prenant soin de se cacher dans un coin du hall de l'immeuble, il reprenait sa forme angélique.

— Que fais-tu maintenant ?

Firilia commençait sérieusement à s'énerver d'impatience. Elle pestait contre le fait que l'ange prenait trop de temps. Elle préférait quand l'action était directe ; sans attentes, et sans tirer dans la longueur.

— Tout vient à point à qui sait attendre. Tu connais ce dicton ?

— Malheureusement oui.

— Donc, tu attends.

Il volait vers la sortie passant à travers la porte sous sa forme angélique suivi par Firilia.

— Donc, quel est ton plan ?

— Tu sembles avoir oublié Firilia ?

— Oui oui je sais " Tout vient à point à qui sait attendre ", singea-t-elle.

Loëse ne rajoutait rien et continuait de voler en direction du centre-ville, dans les lieux beaucoup plus aisés que le lieu de vie actuel de Meyri. Il regardait à droite et à gauche cherchant sans trouver ce qu'il voulait. Il finissait par s'arrêter d'arpenter les rues de fond en comble en tombant devant une vitrine qui attirait son regard. Il sondait la vitrine un long moment semblant réfléchir très profondément.

— Tu n'es pas sérieux l'ange ?

Loëse l'Ange gardien Où les histoires vivent. Découvrez maintenant