Chapitre 7 - Barrette

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Aux alentours d'une heure du matin, Loëse arrivait enfin devant l'immense immeuble en suspension des anges. Il avait volé jusqu'à leur lieu de vie pleurant à chaudes larmes ayant peur de se faire disputer par son manque de respect des règles. Il passait non sans frémir devant l'immeuble voisin des démons où la plupart étaient encore dehors en train de fumer toutes sortes de substances non légales.

— Alors ta première journée ?

Il séchait en vitesse ses yeux humides, ainsi que les perles salées sur ses joues. Firilia s'approchait de lui les bras croisés sur sa poitrine, elle sortait de nulle part. Elle semblait soucieuse avec son front plissé ainsi que ses sourcils légèrement froncés. Au loin les groupes de démons ne semblaient pas se rendre compte de la discussion pacifique fraîchement commencée entre l'ange et la démone.

— Dure.

— C'est l'effet Meyri Grampor ça.

Elle souriait doucement, puis perdait très vite son sourire.

— Tu es en retard l'ange. Dépêches-toi sinon ils vont te punir de desserts. Et arrêtes de pleurer. Cela ne sert à rien. Ils pourront l'utiliser contre toi.

Elle montrait d'un geste de la main sans se retourner le groupe de démons. Loëse riait doucement, puis se retournait pour partir.

— Bonne nuit Firilia.

— Bonne nuit le poulet et passe par la fenêtre de ta chambre. C'est plus discret.

Il partait sans se retourner encore estomaqué du comportement de la démone face à lui. Elle était gentille et c'était invraisemblable. Il avait étudié tant d'années pour savoir que les démons étaient toujours de nature sournoise et méchante. Mais là, en cette douce soirée d'été, le comportement de Firilia à son égard lui portait à confusion. Il se demandait même si les livres n'avaient pas torts.

Loëse volait vers la fenêtre menant à sa chambre comme le lui avait conseillé Firilia et tentait de l'ouvrir en vain. Il essayait un simple sort d'ouverture qui ne marchait, l'angoisse augmentait en lui. Il tentait de pousser la fenêtre à la force de ses mains en vain. Il s'énervait puis poussait plus fort. Rien ne marchait. Il commençait à sérieusement s'énerver et poussait avec plus de puissance.

— Hey calmes-toi l'ange ! Tu vas tous les réveiller et tu vas pas te faire louper.

Firilia apparaissait derrière son épaule l'air sérieusement soucieuse.

— Tu es vraiment un empoté. Tu n'arrives même pas à ouvrir cette simple fenêtre ? Quel boulet.

Elle le poussait avec son épaule nue créant une sorte de décharge électrique entre eux et passait devant lui face à la fenêtre. De ses courts cheveux couleurs de feu elle extirpait une fine barrette noire. Elle la dépliait et commençait à trifouiller dans le petit espace de la fenêtre. Un "clic" se faisait entendre. Firilia poussait la fenêtre fièrement du bout des doigts et finissait par se retourner vers l'ange les bras croisés sur sa poitrine un sourire de vainqueur plaqué sur le visage.

— Cette technique est vieille comme le monde, mais elle marche toujours autant. Gardes-la dans ta petite tête d'ange pour les prochaines fois.

Elle lui tendait ce qu'il restait de la barrette et tapotait sur la tête de l'ange, puis s'en allait. Loëse restait sans bouger. Il se sentait encore étrange de s'être énervé. Un ange ne ressentait jamais ce sentiment-là. C'était impossible. C'est complètement impossible qu'un ange s'énerve. Ils ne connaissent pas ce sentiment de rage, surtout physique que mental. Ils n'ont pas ça.

Loëse se sentait bizarre. En une journée sur terre, il avait enfreint une multitude de règles, s'était énervé et avait vu un côté tellement doux d'une démone qu'il pensait sournoise comme les démons étaient décris dans les livres.

Loëse finissait par entrer dans sa chambre et se blottissait dans ses draps sans se déshabiller et même sans fermer la fenêtre de sa chambre si difficilement ouverte. Il passait le plus clair de sa nuit à contempler le ciel étoilé accompagné de sa lune victorieuse écoutant le moindre ricanement aigu des démons. Il avait oublié de remercier Firilia se promettant de le faire le lendemain et reconnaissait son doux ricanement cristallin fendre la nuit noire.

Le soleil se levait très vite, trop vite pour Loëse qui avait passé sa nuit à contempler le ciel. Il n'avait pas fermé l'œil de la nuit réfléchissant tout du long. Il avait passé une étrange journée la veille et n'avait pu trouver le sommeil. Il s'extirpait de son lit pour passer sous la douche se nettoyant de sa fatigue. Il ne tournait pas le bouton de l'eau chaude préférant se mettre sous l'eau très froide de bon matin pour se remettre les idées en place. S'habillant en vitesse d'un t-shirt blanc ainsi que d'un pantalon clair, il séchait comme il le pouvait ses longs cheveux emmêlés.

— Il faudrait que je songe à me les couper.

— C'est exactement ce que je pensais.

Adossée à la porte de la salle de bain Firilia attendait souriante. Elle ne semblait pas être fatiguée malgré le fait qu'elle n'avait pas dormi de la nuit. Elle s'était changée et douchée sentant agréablement bon au nez de l'ange.

— Je te verrais mieux avec les cheveux courts sur les côtés et longs au dessus. En plus ils ondulent donc ça ne fera pas tout plat et moche.

Tout en parlant, elle s'était avancée vers l'ange pour toucher sa chevelure encore un peu humide. Elle montrait les longueurs approximatives à couper sous le regard timide de Loëse qui ne disait mot.

— Suis mon conseil l'ange. Et puis c'est l'heure de manger, descends en vitesse.

Elle se retournait pour se diriger vers la fenêtre encore ouverte d'où elle était venue quand Loëse la stoppait. Il était rouge de gêne.

— Tu es là depuis combien de temps ?

Elle ricanait de façon douce avec une lueur que Loëse ne connaissait pas dans son regard.

— Assez pour savoir que tu es très bien bâti l'ange. À tout à l'heure.

Et sans se retourner, elle passait la fenêtre pour disparaître comme si elle n'avait pas été là. Qu'elle n'était qu'un rêve, un songe, un fantasme.

Loëse l'Ange gardien Où les histoires vivent. Découvrez maintenant