Chapitre 2 _ La lignée des Gémeaux

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Traînant silencieusement son âme en peine, Ofelia marchait sur les pavés du Sanctuaire. Elle souffrait terriblement des évènements passés. Elle aurait voulu tout quitter, ici, pour s'en aller à Asgard. Le froid lui aurait sans doute mordu la peau jusqu'à la grignoter complètement, mais au moins elle ne serait pas perpétuellement assaillit par ses souvenirs. Cependant, elle était restée... Non pas pour quelques amitiés, ni pour Sophia... Seulement pour cet être qui sommeillait en elle.

La fraîche odeur du soir la consolait néanmoins un peu dans sa douleur et son malheur. Elle avait l'impression que cela faisait une éternité qu'elle n'était pas sortie au grand air. Sophia le lui avait déconseillé. Ou, plutôt, elle s'était attribué le rôle de chien de garde pour lui empêcher les excursions « inutiles ». En autre, toutes. Oh, cela ne la dérangeait pas de rester enfermer, d'autant plus qu'elles recevaient nombreuses visites. Mais... Elle ne saurait expliquer pourquoi, ce soir, elle avait eu envie de s'aérer. De changer de paysage... Et ce, malgré la guerre qui planait sur leur tête.

Elle avait apprit de la bouche de Sophia, puis des Chevaliers d'Or eux même qui s'étaient refusé à les laisser dans l'ignorance, que le Seigneur Hadès était de retour. Finalement... De ce qu'elle avait comprit, au départ, il avait été scellé grâce à un sceau d'Athéna, au même titre que Poséidon. Mais pas seulement lui. Toute son armée maléfique, appelée Spectres, avaient également été fait prisonnier de la même façon. Hélas, ces derniers avaient pu s'en échapper... Ils s'en étaient prit à elle et Sophia, au commencement. Et voilà que leur dieu s'immisçait à son tour dans la bataille.

Les Spectres... Cette appellation éveillait en Ofelia un horrible sentiment. Elle en frémissait de peur, de dégoût, de rage. Car c'était un Spectre qui lui avait ravi Shura. Et pas n'importe lequel. Frédéric, son ami de toujours, le seul qu'elle avait du temps où elle vivait en Espagne, celui qui l'avait aidé à faire d'elle une femme meilleure... Sans qu'elle ne puisse se l'expliquer, il avait développé une aura à la fois puissante, et maléfique. Une aura digne des Spectres... Et ainsi il était devenu Eaque. Elle supposait que sa rancœur vis-à-vis d'elle avait contribué à le changer radicalement... Mais au point de rejoindre une armée aussi morbide, aussi terrifiante, aussi mauvaise ? Elle n'aurait pu l'en imaginer capable. Et c'était lui... C'était lui qui avait tué Shura. Jamais elle ne pardonnerait. Non. Jamais.

La jeune espagnole s'arrêta, portant l'une de ses mains à son ventre. Elle pouvait ressentir quelques mouvements, mais n'en n'esquissa pas le moindre sourire, et n'en n'éprouva pas vraiment de joie. Elle appréhendait le moment, qui n'était plus très loin selon Sophia, où cet enfant naîtrait... Car elle ne les appréciait pas dans l'ensemble. Oh, certes, souvent elle était submergé d'un étrange bien être tout à fait particulier. Mais savoir que son fils (ou sa fille, elle ne le savait) grandirait sans son père l'attristait au plus au point. Elle ne pouvait que comprendre l'effet de grandir sans famille, et elle avait peur de ne pas suffire au bonheur de cet enfant, à son épanouissement.

- Tient... Te voilà, toi.

Ofelia leva ses yeux grisés vers Deathmask, qui l'avait rejointe. Ou, disons plutôt qu'il passait par ici par le plus grand des hasards, et qu'il était tombé sur elle par inadvertance.

- Qu'est-ce que tu fais ici ? demanda-t-il mauvaisement

- Je me promène, répondit Ofelia avec une certaine lassitude

Il arqua un sourcil, tandis que son regard descendait jusqu'à l'arrondissement de la jeune femme.

- Ce n'est pas raisonnable dans ton état, siffla-t-il.

- Sophia pense pareil.

- Et tu n'écoutes pas ta grande amie ? demanda-t-il avec ironie

Ofelia haussa les épaules, mais ne répondit rien. Deathmask poussa un long soupire, avant de marmonner :

- Tu ne dois plus en avoir pour très longtemps. Reste donc chez toi, sous bonne garde.

Il y avait encore une certaine ironie dans sa voix.

- Sophia est partie, ce soir... Mais je ne sais pas où elle est allée.

- C'est malin ! s'énerva le Cancer. Et tu en as profitée pour t'éclipser, n'est-ce pas ?

Le silence coupable d'Ofelia suffit comme réponse au Chevalier. Il poussa à nouveau un soupire encore plus long que le premier, avant de déclarer en prenant vivement le poignet de la jeune femme :

- Allez, ne fais pas l'idiote. Je te ramène chez toi.

- Attend... l'implora-t-elle en se tordant de douleur. Attend...

- Quoi ? s'énerva-t-il en se retournant vers elle

Mais il n'eut pas besoin d'une réponse. Il voyait bien que quelque chose n'allait pas. Instinctivement, il savait qu'Ofelia était sur le point d'accoucher. Il marmonna des mots incompréhensibles, avant de tirer la jeune femme avec lui pour l'emmener au temple qui leur servait à tous d'infirmerie. C'était là tout ce qu'il pouvait faire en l'instant présent.

Tout en se laissant guider, si l'on pouvait appeler ça ainsi, Ofelia sentit son cœur se serrer. Elle avait peur. Terriblement peur. Et la souffrance qu'elle ressentait à ce moment précis était insoutenable. Les paroles de Deathmask ne la rassurait nullement, au contraire, il lui criait presque dessus pour qu'elle marche plus vite. Cependant, sa présence lui suffisait à se sentir un peu mieux, étrangement.

Ils arrivèrent finalement dans ce temple, dans lequel Ofelia et Sophia s'étaient retrouvées toutes les deux pour la première fois au Sanctuaire. Comment oublier cet instant... Deathmask l'emmena directement dans une chambre, où il l'aida à s'allonger. Il ordonna d'une voix ferme et puissante aux infirmières d'agir. Mais aucunes d'elles ne vint.

- Mais qu'est-ce qui se passe, à la fin ?! s'emporta-t-il. Pourquoi il n'y a personne, ici ?!

Il alla dans le couloir, où il cria encore plus fort, en profanant également quelques menaces de mort. Mais tout semblait désert. Deathmask ne pouvait laisser la jeune femme seule, alors qu'elle était sur le point de donner la vie. Il poussa un grognement de rage avant de s'avancer vers elle, en marmonnant, à moitié gêné et énervé :

- Je ne pensais pas en arriver là un jour...   

Les Élues des Dieux _ Tome 5 _ La Croisade aux EnfersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant