Les Élues des Dieux _ Tome 5 _ La Croisade aux Enfers

Chapitre 20 _ Dans la mauvaise direction

Sophia courait aussi vite qu'elle le pouvait, priant pour qu'il n'arrive rien à Aiolia et aux autres. Elle s'inquiétait grandement... D'autant plus qu'elle aurait aimé se venger elle-même de Rhadamanthe. Même s'il avait des pouvoirs surhumains, même si elle avait très peur de lui, elle aurait souhaité participé à sa défaite imminente. Du moins, elle espérait qu'elle serait imminente. De toute manière, le bien triomphait toujours du mal, n'est-ce pas ?

La jeune femme s'arrêta un instant pour reprendre son souffle, et jeta quelques coups d'œil autour d'elle. Le paysage ne lui disait rien de bon... Tout était si sombre, si noir... Elle avait quitté la zone enneigée depuis quelques minutes déjà, et elle avait l'impression de se trouver au fond d'un gouffre sans fin. Surtout que les sons qu'elle entendant n'étaient guère réjouissant... Comme des hurlements de souffrance étouffés.

Secouant vivement la tête pour s'éviter ce désagrément, Sophia se remit en route. C'était malin de la part d'Aiolia de dire qu'Athéna se trouvait au Sud... Et puis, maintenant qu'elle y songeait, comment un Chevalier pourrait-il la rejoindre ? Elle ne dégageait aucune aura ! En réalisant cela, elle s'immobilisa net et, encore une fois, observa les alentours.

- Je suis perdue... balbutia-t-elle

Elle dû faire un effort surhumain pour ne pas sombrer dans la panique. Prenant une profonde inspiration, elle se retourna, pour essayer de déterminer d'où elle venait. Mais impossible de s'en souvenir avec exactitude... Elle ne voyait plus l'étendu de neige, avec toute cette obscurité. Elle pesta un moment contre Aiolia, et ses « bonnes idées », avant de voir arriver, au loin, un homme portant une armure dorée. Elle poussa un long soupire de soulagement avant de se précipiter vers ce Chevalier, qui n'était nul autre que Shaka.

- Que fais-tu ici ? s'étonna la Vierge

- C'est une longue histoire... marmonna-t-elle. Il faut que je retrouve Athéna.

- Athéna...

Le Chevalier soupira légèrement, avant de déclarer d'une voix lente :

- Le Vieux Maître et notre déesse sont partis en direction de la Giudecca, afin de défier Hadès en personne.

- Quoi ?! Comment le sais-tu ?

- Je suis parvenu à les rejoindre, mais cela fait un petit moment que nous nous sommes séparés.

- Ah... Je vois...

- J'ose espérer que tu as pu lui remettre son armure.

- C'est-à-dire que...

- Cela n'a pas encore été accompli ?

- Benh non...

- Puis-je donc savoir ce que tu fais ici ? Tu devrais toi aussi être en route pour la Giudecca.

- Je n'ai toujours pas très compris avec tous ces noms compliqués... Qu'est-ce que la Giudecca ?

- La résidence du Seigneur Hadès.

- Ah ! Oui...

- Elle se trouve dans le Cocyte.

- J'en viens !

- Donc ?

- C'est Aiolia qui m'a envoyé ici... avoua-t-elle. Il m'a assuré qu'Athéna se trouvait par là.

Shaka parut réfléchir un instant. Il paraissait si serein, même si la situation était catastrophique... Elle l'admirait beaucoup. Et qu'il était beau... Avec ses longs cheveux blonds qui paraissaient être d'une douceur exemplaire, ses yeux bleus qu'elle ne pouvait voir que très rarement puisqu'il les gardait la plupart du temps clos, son armure d'or si étincelante... Et cette sérénité qui se dégageait de lui... Parfois, elle en venait à regretter de le savoir toujours assis dans son temple à méditer. Il ne passait que très peu de moment en compagnie d'autrui.

- Je ne pense pas qu'Aiolia ait pu se tromper ainsi, déclara-t-il enfin. Il t'a délibérément envoyé vers moi, qui suis le Chevalier d'Or resté en arrière.

- Mais... Tout cela n'a aucun sens ! protesta-t-elle. Il m'a répété je ne sais combien de fois que la mission la plus urgente était d'apporter son armure à Athéna !

- Il ne t'aurait jamais envoyé au sein de la résidence même de l'ennemi sans escorte.

- Oui, mais il m'a assuré que quelqu'un allait me rejoindre.

- Il semblerait donc que ce quelqu'un, ce soit moi.

Sophia fronça légèrement les sourcils, réfléchissant à la situation. Présenté sous cet angle, elle ne pouvait qu'admettre que Shaka avait raison. Aiolia n'était pas certain de savoir si lui ou les autres seraient en état de la rejoindre pour la protéger... Aussi il l'avait envoyé vers Shaka, pour que lui-même l'emmène vers Athéna.

- Quel imbécile ! cria-t-elle.

Elle voulu aussitôt le rejoindre. Elle savait qu'elle n'aurait jamais dû l'abandonner là-bas. Cependant, Shaka l'attrapa par le col, et la força à s'arrêter.

- Ne perdons pas plus de temps. Aiolia s'en sortira. Il s'en sort toujours.

- Oui, mais...

- Athéna ne peut combattre Hadès sans son armure. Allons lui apporter ensemble.

La jeune française garda un instant le silence, observant le lointain en essayant de déterminer où se trouvait Aiolia.

- Où en sommes-nous ? demanda-t-elle tout à coup

- Je ne saurais le dire avec exactitude...

- J'espère que les Juges ont été défait... murmura-t-elle.

Elle hésita un instant. Mais finalement, elle se résigna et hocha lentement la tête, prête à accomplir le devoir qui était le sien. Plus vite ils mettraient fin à cette guerre, plus tôt elle pourra enfin vivre la vie dont elle avait toujours rêvé aux côtés de son futur époux.