Recroquevillée sur elle-même, les mains portées à ses oreilles pour étouffer au mieux le bruit sourd qui avait retenti avec violence, Sophia tremblait de tous ses membres. Sortie de nulle part, Pandore la protégeait de son propre corps des secousses qui remuaient jusqu'à l'entrée des Enfers. Car la dirigeante de l'armée d'Hadès était restée dans les parages, et lorsqu'elle eu comprit ce qu'il allait advenir, elle s'était empressée d'aider Sophia. Quant à Rhadamanthe... Il avait disparu. Une vague d'énergie pure les balaya d'un coup toutes les deux, les faisant basculer au pied des marches.
- Attention ! l'averti Pandore en la tirant vers elle
La française leva la tête, voyant un énorme fragment de la Giudecca s'effondrant à l'endroit même où elle se tenait. Tout donnait l'impression que la résidence d'Hadès allait s'effondrer de toute part. Mais les Chevaliers d'Or étaient encore à l'intérieur. Ils avaient beaux être des hommes surpuissants, ils n'en restaient pas moins humains à ses yeux. Elle avait comprit qu'Aiolia lui avait menti pour la rassurer, pour l'éloigner... Et sa naïveté était sur le point de leur coûter la vie à tous.
- Il faut les sauver ! cria-t-elle en se débattant
- Non... Il est trop tard...
- Mais qu'est-ce que vous en savez, vous ?! s'écria la française avec rage
- Ils vont détruire le Mur...
- Mais...
Sophia fut interrompue par une nouvelle secousse, beaucoup plus violente que les autres. Elle dû s'accrocher comme elle le pu pour ne pas tomber à la renverse. D'un regard affolé, elle observa la Giudecca qui se dégradait de plus en plus. Ce qui se passait actuellement était le résultat d'une puissance hors norme... La puissance des Douze Chevaliers d'Or réunis. Mais la française n'était pas dupe, elle savait ce qui allait résulter d'un concentré de force et de pouvoir aussi conséquent : la destruction, l'annihilation. Cependant, elle ne voulait pas y croire, malgré sa compréhension des choses.
Tout cela parut durer bien longtemps, trop longtemps. De longues minutes qui parurent durer plusieurs heures à Sophia, dont l'anxiété n'avait de cesse de croître. Et puis, finalement, tout s'arrêta. Il n'y avait plus de bruit. Plus de tremblement. Les Enfers s'étaient figés. Le palais d'Hadès était partiellement détruit, et l'on pouvait aisément supposer que les autres constructions étaient dans un état plus ou moins similaires.
La jeune française eut un moment d'immobilisation, hésitante, mais elle se rua rapidement à l'intérieur de la Giudecca. Pandore ne l'arrêta pas cette fois, et s'en alla à ses trousses, laissant son regard contempler le résultat de la puissance des Chevaliers d'Or. Elle n'avait jamais cru cela possible. Et finalement, elle s'était libérée de ses chaînes. A présent, elle voyait une chance de vaincre les Dieux Jumeaux qu'elle avait libérés par erreur, et qui avait ruiné toute son existence.
Traversant d'une grande vitesse la Giudecca, Sophia arriva dans la pièce principale. Elle s'arrêta net au niveau de l'entrée, abattue. Une atmosphère encore plus sombre qu'auparavant s'en échappait, la faisant tressaillir. Puis, elle commença à s'y aventurer, d'un pas prudent. Ses yeux noisettes jetait quelques coups d'œil de tous côté. Tout était détruit, abîmé... Une épaisse couche de poussière volait de toute part, et une odeur étrange flottait dans l'air en prime. La jeune femme n'osa appeler personne. Elle était effrayée.
Pandore la rejoignit enfin, et constata l'étendu de ce que l'on pouvait appeler les dégâts. Ce qu'elle avait connu pendant de longues années de dépression... Anéanti. Elle suivi Sophia sans rien dire elle-même, étant dans un état similaire au sien.
Finalement, elles s'arrêtèrent toutes les deux au pied des marches. Le trône d'Hadès, qui normalement était caché derrière le rideau blanc qui n'existait plus à l'heure actuelle, avait été totalement détruit. Il n'en restait plus qu'une sorte de socle qui dépassait du sol. Sophia, ébahi, laissa son regard allait un peu plus loin, vers le Mur des Lamentations qui les avait autant gêné un peu plus tôt. Il était toujours là... Mais, au juste milieu, il y avait un trou béant, profond à souhait, formant un cercle parfait. Il n'avait certes pas beaucoup de diamètre, mais il n'en restait pas moins impressionnant. Sophia en avait le souffle coupé.
- Ils ont réussi... murmura Pandore avec un soulagement certain. Ils sont parvenus à détruire le Mur des Lamentations... Mon rêve... Se réalise enfin...
- C'est à peine croyable...
Sophia tourna la tête à droite, puis à gauche. Sa gorge se sera dès lors.
- Où sont-ils, à présent ? s'enquit-elle
A peine eut-elle prononcé cette phrase qu'un éclat doré attira son attention. Elle se tourna vivement vers cette source de pureté, convaincue que c'était là l'aura des Chevaliers d'Or. Elle ne s'était pas trompée, mais ce qu'elle vit la bouleversa. Il ne restait plus rien des Chevaliers qu'elle avait côtoyé et aimé. Non... Là, au dessus de leurs têtes, brillant de mille soleils, flottaient avec noblesse les Douze Armures d'Or.
- Non... pleura Sophia. Non, non...
Elle s'avança de quelques pas, toute tremblante, sans parvenir à détacher ses yeux noyés de larme des armures. Elles étaient bien significatives des signes auxquels les Chevaliers étaient liés... Elles abordaient des formes bien précises, allant d'une figure vaguement humaine au puissant animal. Seule l'armure de la Balance ressemblait à un objet, tandis que celle du Sagittaire s'apparentait à une créature issue de la mythologie. Serrant ses petits poings, Sophia ne baissa pas la tête, pleurant face à elles toutes les larmes de son corps.
- Vous n'aviez pas le droit... sanglota-t-elle. Non, vous n'aviez pas le droit...
- Ne te laisse pas abattre, lui conseilla Pandore. La guerre est loin d'être gagnée.
- La guerre... souffla Sophia
Ses pupilles parurent changer du tout au tout. La française se tourna vers Pandore, débordante de colère.
- C'est de votre faute ! l'accusa-t-elle en la pointant du doigt. C'est vous qui avez provoqué tout ça !
- J'en ai conscience, et j'en suis désolé...
- Désolé ? Désolé ?! Mais regardez ce que vous avez fait !
Sophia désigna vivement les douze armures d'or, désormais veuves de tout porteur. D'ailleurs, il n'y avait pas que ces protections qui étaient « veuves ». Elle aussi, l'était. Elle qui pourtant était sur le point de vivre un parfait bonheur aux côtés de l'homme qu'elle aimait... Tout cela venait de lui être ravi par cette femme.
- Je n'ai même pas pu leur dire au revoir ! explosa-t-elle. Ni même que... Que...
La jeune femme porta instinctivement ses mains à son ventre sans terminer son aveu, et ses larmes redoublèrent avant qu'elle ne s'effondre au sol, agenouillée, misérable. Pandore, troublée, avança sa main vers la malheureuse, mais se ravisa. Elle avait raison de dire qu'elle était responsable. Elle, Pandore, avait ruiné de nombreuses familles... Celle-ci la première.
- Oh... Regarde.
Sophia, d'un œil mauvais, fixa un instant Pandore avant de se tourner vers la direction qu'elle lui indiquait. L'armure d'or du Lion s'était baissé jusqu'à elle, et brillait d'un étrange éclat. Etrangement, elle en fut quelque peu réconfortée.
- Aiolia... sanglota-t-elle
Elle porta ses fins doigts jusqu'au casque, qui était là en forme de tête de Lion. Elle l'effleura, timide, avant d'exploser en larmes amères. L'armure d'or rejoignit alors ses consœurs, et les douze s'envolèrent à une vitesse prodigieuse, laissant là les deux jeunes femmes à leur sort.
- Aiolia !! cria Sophia
Mais l'éclat étincelant avait disparu. Il n'y avait plus rien. La française s'effondra à nouveau, pleurant toutes les larmes de son corps.
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Les Élues des Dieux _ Tome 5 _ La Croisade aux Enfers
FanficLe véritable combat qui s'annonçait dès le commencement de leurs aventures va enfin avoir lieu. Ofelia et Sophia vont devoir surmonter cette ultime épreuve. Si les Chevaliers échouent, le monde sera plongé dans les ténèbres éternelles du Seigneur de...