Chapitre 19 _ Le Dieu du Sommeil

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Ofelia fut tirée de son étrange sommeil, ouvrant lentement les yeux. Elle considéra ce plafond qu'elle ne connaissait pas, et s'assit pour mieux observer ce qu'il y avait autour d'elle. A tout hasard, elle supposa qu'il s'agissait d'un temple, ou peut être d'un palais. Oui, c'était plus un palais... En réalité, elle n'en savait rien. Son regard grisé balaya cette pièce, pour le moins impressionnante, et s'arrêta net devant une femme étrange. De grande taille, avec une longue chevelure noire ondulante, elle l'observait avec curiosité, à une distance bien plus que respectable d'elle. L'espagnole quitta le lit sur lequel elle se trouvait, et l'étrangère recula précipitamment en déclarant d'une voix presque apeurée :

- Mon Seigneur, l'humaine est réveillée.

- De quoi parlez-vous... marmonna Ofelia en portant sa main à sa tête endolori. Qui êtes...

Elle se tut en ressentant une douleur encore plus vive à son front. Elle retira rapidement sa main et constata le sang qui avait coulé sur ses doigts. Avant qu'elle n'ait le temps de réaliser qu'elle était sévèrement blessée, elle entendit le son de pas métallique qui attira son attention. Un homme entra alors dans la pièce, d'une démarche noble et assurée.

Sa beauté était indéniable. Il était simplement vêtu d'un long tissu blanc qui ressemblait à une large cape, doublé de deux immenses épaulettes noires aux ornements dorés. Son visage, encadré d'un étrange casque ailé aux mêmes couleurs qui lui ébouriffait élégamment ses cheveux blonds, n'inspirait qu'une certaine sérénité bien que ses traits n'affichaient nulle expression. Ses yeux, d'un doré imperceptible, n'avaient rien d'humain. Il avait, par ailleurs, sur son front, une étrange marque en forme d'étoile à six branches, qui lui fit immédiatement songer au symbole satanique, ce qui l'effraya aussitôt. En réalité, tout en cet être l'effrayait, car il ne se dégageait de lui rien de rassurant. Il paraissait distant, froid, cruel, mais dans le même temps calme, doux et bienveillant. Et il y avait quelque chose qui la rendait mal à l'aise, comme si elle n'était qu'une minuscule rature face à la perfection. Elle avait déjà ressenti une pareille sensation d'infériorité, lorsque l'âme de Poséidon s'était fondue dans le corps de son frère. Et dès lors elle n'eut plus aucun doute. C'était un dieu qui était en face d'elle.

Tremblante, ne sachant trop comment réagir puisqu'elle ignorait son identité, elle se laissa lentement tomber au sol, genoux à terre, sans parvenir à détacher son regard de l'or de ses yeux captivant. Son cœur battait de plus en plus fort tant son stress était immense, et sa peur oppressante.

- Tu as raison d'avoir peur en ma présence, jeune mortelle.

Il venait de parler. Sa voix était caressante, douce et charmante. Elle n'avait jamais entendu un son aussi agréable, et elle en fut aussitôt envoûtée. Néanmoins, elle savait où était sa place, aussi elle inclina lentement la tête, en signe de respect et de soumission. Elle ne pouvait rien faire d'autre face à un dieu, d'autant plus que lui ne semblait pas s'être encombré d'un réceptacle.

- Relève-toi, lui ordonna-t-il.

Il paraissait aussi calme que Shaka, peut-être même plus encore. Elle lui obéit, sentant néanmoins que ses jambes étaient toute flageolantes. Elle n'arrivait toujours pas à quitter son regard inhumain, sans savoir pourquoi. D'ordinaire, dans ce genre de situation, elle fixait le sol sans oser rien regarder d'autre. Elle ne savait pas si elle faisait ici preuve de courage ou d'inconscience.

Le dieu tourna légèrement sur lui-même, s'adressant à cette femme qu'elle avait d'abord rencontré en un ordre ferme :

- Son corps est d'une écœurante impureté. Il faut immédiatement la purger avant qu'elle ne souille le domaine.

Les Élues des Dieux _ Tome 5 _ La Croisade aux EnfersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant