Game Of Throne ( Tom 1)

Trahison

Dans sa voiture, éloigné un peu de la maison des Bâ, Mouhamadou Falilou ruminait sa colère.

Quelle était cette forme barbare de congédier un inconnu de la sorte? Jamais il ne s'était rappelé d'avoir subi un tel affront. Que se passait-il qui pouvait créer un si grand courroux à telle enseigne de se comporter comme le pire des sauvages. Avaient-ils découvert la grossesse d'Amina? Cela ne devrait être que cela, le ventre de sa fiancée ne regorgeait aucun secret, elle était aussi flagrante qu'un meurtrier tenant un couteau ensanglanté.

Quelques minutes après, il apercevît le papa d'Amina garer en trombe sa voiture et entra coléreusement
Le sang de Falilou se glaça, cela n'augurait rien de bon. Sa première impression envers ce vieux n'était pas du tout bonne , il était certainement cet homme qui, pour préserver son honneur, était capable de tout.
Falilou n'hésita plus une seule seconde, il courut entrer dans cette demeure en croisant une dame qui pénétrait toute haletée en toisant froidement Falilou . Un vacarme se faisait entendre, Papa Mbacké criait sur sa fille Amina qui demeurait flegmatique, les traits tirés, sa mère à côté qui pleurait lamentablement.

- Tu es pire qu'une saleté, Ya dioudou si guiléme namp si Mbam! Je veux que tu prennes tout ce que tu as dans cette maison et tu te casses d'ici au trot... Non, j'allais oublier , tu te casses toute seule , tu n'as aucune affaire qui t'appartient.

La dame qui venait d'entrer leur coupa la discussion. Elle invoqua des cantins religieux pour chasser le demon de la discussion en apportant une tasse à son frère Mbacké qu'il brisa d'un coup de main.

- Mbacké, tu as à te calmer et reprendre tes idées. Cela n'est pas ta nature et tu devrais apprendre à gérer cette situation d'une autre manière. Amina ne bougera d'un iota de cette maison, d'ailleurs où ira t-elle? Elle va plus plonger dans la débauche. Ce qui est fait est fait, le sang ne se rejette jamais. Voyons un compromis.

- Assamou'Alleykoum.
Ils se tournèrent tous et firent face à Falilou qui gardait un air serein.

- Je vous présente mes excuses pour ce malencontreux incident que j'ai causé et je suis là pour répondre de mes actes.

Papa Mbacké se defoula sur lui, il l'empoigna et le rossa de violents coups. Il saigna lamentablement mais ne reagît pas, il croisa le regard effroyable et compatissant d'Amina et lui sourit. Sa tante vint supplier à Mbacké d'arrêter cet acharnement et les supplia de tous s'asseoir. Elle passa des mouchoirs à la victime pour endiguer son sang qui coulait.

- Jeune homme, comment vous vous appelez? C'est pas important , les journaux nous ont déjà passé votre nom, à ce qui parait vous voulez devenir le maire de notre commune et vous êtes là à enceinter les filles, tes petites soeurs ... Tu nous as volé, oui vol il y'a... Tu nous as volé ce qui nous est le plus cher, peut-être arriverons-nous un jour à te le pardonner ... Reste à assumer la paternité de cet enfant qui n'a demandé à voir le jour.

Falilou n'écoutait vraiment plus , la phrase, la première phrase de cette dame avait emprisonné ses pensées. Journaux, avait-elle dit? Comment cela ètait-il possible. Il se libéra de ses idées

- Comme je vous l'ai dit tantôt, je compte répondre de mes actes, assumer tout jusqu'au bout.

son téléphone sonna, c'était son directeur de campagne. Il s'excusa puis prît congé en décrochant.

- Presi, as-tu eu parfum des informations??

- Vite, lesquelles? Répondit-il en soupirant

- Tous les journaux et médias racontent qu'il s'avère que tu as engrossé une fille.

- Diable! Cria t-il en rossant son volant

Comment était-il possible ? Il n'y avait qu'Amina qui savait et il ne pensait une seule seconde que ce fût elle le cafard, c'était impensable. Il commençait à jauger les enjeux de ces risques pris, ces sacrifices qui ne le menageaient du tout.

- Et maintenant? Que se passe t-il?

- Toi mieux que quiconque devrait savoir que la population ne pardonne ce genre d'actes. La nouvelle circule comme le téléphone arabe, mon téléphone n'arrête de sonner et depuis ce matin, je n'ai arrêté de t'appeler en vain. Nous sommes en train de couler lamentablement. Nous devons simplement chercher à nous laver les mains, certainement c'est l'opposition qui cherche à nous mettre les bâtons dans les roues.

- Certainement, disait-il en reniflant

Il pleurait , pour la première fois de sa vie, ses nerfs se chauffaient . Venait-il de commettre cette erreur monumentale et irréparable? Devrait-il faire des pas en arrière ? Ce sont ces questions qui se bousculaient dans son esprit. Hors de question d'en faire, se ressaisît-il à nouveau, il était un homme de parole, et cette parole avait été déjà donnée et il était hors de question de la remettre en question, ce serait très lâche de sa part.
Une promesse déjà passée , dure soit l'application, elle devrait être tenue et maintenue car rien ne devrait être plus précieuse chez l'homme que la parole. La parole fait l'homme, en son manquement, l'homme se perd, il perd son essence et la confiance le quitte à jamais. L'homme n'est plus rien si sa parole est sujette de compromis, il doit la défendre comme son enfant, la défendre c'est simplement la respecter.

- Presi, dites-moi? Que pensez-vous de cette nouvelle?

- C'est vrai! Excuse-moi , Cheikh! Je te rappelle.

Il rentra en prenant à nouveau une douche. Son téléphone s'écrasait d'appels qu'il décida d'ignorer , il n'avait pour le moment d'explications à donner. Sa réputation était en train d'être entachée, on n'avait pas besoin de le lui rappeler !
<<Presi, tu dois réagir , à quelques jours des élections , tu ne peux nous faire cela >> reçut-il le message de la part de son directeur de campagne.

Ces quelques jours annoncés passèrent. Falilou avait clairement fini par comprendre ce qui se manigancait. Amina avait fini par voir clair, que sa meilleure amie Aïcha Humayra était la véritable balance de l'histoire pour faire gagner son oncle lors des élections.

Amina gardait ce remords, elle n'arriverait à s'en excuser, c'était elle seule la fautive de l'histoire. Comment avait-elle pu confier un secret aussi lourd qui pouvait écrouler tout un monde, ne pouvait-elle pas garder sa langue? Se demanda t-elle. Humayra venait de la trahir lamentablement, elle niait en plus, il avait fallu qu'Amina fît le lien entre elle et son oncle Saliou Humayra pour rendre les choses claires comme l'eau de roche et la présenter devant le fait accompli pour qu'elle daignât, sans scrupules, jeter l'éponge.

Aïcha Humayra présentait des motifs à sa bassesse, elle se justifiait arrogamment << Tu aurais fait pareil si c'était toi >> ! Quelle carogne fût-elle!
Elle mieux que quiconque savait que Falilou n'avait rien à voir avec la grossesse. Elle aurait au moins pu penser qu'en publiant tout cela, cela allait frire la réputation de son amie en dehors de celle à Falilou . Les journaux avaient presenté les deux comme des vauriens.

Le média est la plus grande influence qui soit, les politiciens détracteurs le savaient et l'utilisaient comme arme. Et les maudits journalistes aux esprits mercantiles n'hésitent à donner leurs approbations pour prêter à ce jeu infâme. Détruire la vie d'innocents par une simple information sans fondements, sans rechercher la véracité ,en échange d'une belle somme. Manger la dignité de l'homme à des fins mondaines. Oubliaient-ils qu'un jour, un ange viendra leur retirer l'âme et les présentera devant leurs actes? L'argent valait-il ce supplice éternel. Le media est cette grande arme maîtresse des faibles esprits qui préfèrent juger au lieu de comprendre, qui préfèrent croire tout sans remettre en question, car penser est difficile pour eux... Il suffisait simplement de croire à ce que raconte tel journal, comme si les journalistes étaient des Dieux de la vérité alors que bon nombre d'entre eux sont des corrompus qui transigent devant l'argent. L'argent est-il plus fort que la dignitè humaine?

Falilou gardait espoir dans son fort intérieur que tout irait bien et qu'il avait déjà la confiance de toute la population. Ce soir, assis dans son bureau, il contemplait d'un air abattu la radio qui annoncait les résultats. Il était quasiment battu à plate couture presque dans tous les bureaux de vote, son suffrage était très minime.
Le nom du nouveau maire fut déclaré : Monsieur Saliou Humayra.