CHAPITRE 8 : Illumination

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Présent

Nous arrivons enfin devant chez moi, et Anton est toujours aussi silencieux... Parfois, le temps d'un instant j'ai eu espoir qu'un mot puisse passer la barrière de ses lèvres ; mais il n'en fut rien. Je comprend qu'il n'ose plus rien me dire, ou faire quoi que ce soit. Je l'ai sans doute perturbé en le repoussant avec tant de violence. Mais il faut dire que j'ignore encore comment il aurait pu en être autrement. C'est si compliqué d'admettre que les contacts physiques me rebutent, au point de détester un simple geste ; que celui-ci soit bien intentionné ou pas... Mais cette situation, aussi gênante soit-elle, vaut mieux pour moi si je puis dire. Je me sens finalement protégée de ses possibles pensées secrètes. J'ose croire que si j'ai blessé son égo, il n'aura point envie de tenter quoi que ce soit d'autre. Mais protégée ou pas, la réalité est que l'ambiance est si pesante que j'en dé-saoulerai presque.

-Tu veux monter un peu ? Lui demandais-je en triturant mes doigts.

-Je crois que c'est mieux si je rentre maintenant.

-J'ai pas trop sommeil, tu ne veux pas discuter un peu ?

Je ne saurais dire pourquoi j'ai autant envie de tenir une conversation avec lui, mais c'est plus fort que moi. J'aime tellement le fait de ne plus me sentir aussi seule qu'avant, en particulier ce soir. Et ayant l'impression que ce bonheur peut m'être enlevé à chaque seconde qui passe, je me dois d'en profiter jusqu'au bout. Surtout que jusque-là Anton a été un compagnon très charmant. Si on oublie son geste, cela va de soit.

Je sens à son regard sombre et fuyant qu'il hésite, je lui attrape alors la main d'un geste entraînant et le traîne à l'intérieur. Je n'ai pas envie de perdre de temps et de prendre le risque de le voir s'enfuir en me lançant un non catégorique. J'ai besoin de sa présence, juste ce soir.

-Bon on dirait bien que je n'ai pas le choix ! Me dit-il en riant.

Devant la porte de chez moi, je fouille mon sac-à-main. J'ignore comment il est possible de perdre un énorme porte clef rouge dans un sac aussi minuscule. Miraculeusement, je finis par les trouver et l'invite à entrer. Je suis déjà excitée à la seule idée que quelqu'un d'autre que moi-même puisse voir mon petit cocon. Heureusement d'ailleurs que celui-ci est rangé à la perfection, avec l'alcool il ne m'est pas venu à l'idée que tout soit sans dessus dessous.

-Je m'attendais à un vrai appartement de nana, je t'avoue que je suis assez surpris.

-Toutes les filles n'aiment pas le rose bonbon et les One direction. Répondis-je en m'écroulant sur mon lit ; en appréciant particulièrement sentir mes pieds reprendre vie après une telle soirée.

Il s'installe sur un de mes petits pouf et me demande sur le ton de la curiosité :

-Qu'est ce que tu aimes alors ?

-Et bien... En voilà une bonne question. Mais j'avoue aimer l'art, la lecture, l'écriture et surtout manger. Beaucoup manger. D'ailleurs tu as faim ?

Il me fait non de la tête, et semble attendre que je poursuive ma petite liste, la tête appuyée contre ses paumes de mains. Je l'observe perplexe, car il se trouve que je n'ai rien d'autre à ajouter. Je vis pour mes cours d'art, passe mon temps à lire des romans d'amour, en priant pour qu'un jour quelqu'un veuille bien de moi et me fasse vivre des aventures aussi folle que celles de mes bouquins. Et pour finir je mange des choses bien grasses, afin de lutter contre ma déprime chronique.

D'ailleurs il va falloir que je fasse les courses dès demain, quand mon petit rêve se sera transformé en un cauchemar bourré de réalité.

Sous les néons (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant