Sous les néons (Tome 1)

CHAPITRE 10 : Répression

Passé

Je démarre ma dernière année au lycée, accompagnée de mes amies Rebecca et Julianna. L'été est passé à une vitesse folle et aujourd'hui je les retrouve, enfin. La peau bronzée, le sourire jusqu'aux oreilles, je me sens bien malgré la pression des examens prévu pour la fin de l'année. Cette petite vie à leurs côtés m'a manqué durant cette période de pause, et être présente ici, me pousse à penser que je suis enfin à ma place. La place où j'ai enfin la sensation d'être valorisée.

Je suis en pause jusqu'à quatorze heures, alors nous nous installons sur les bancs du lycée. Elles me racontent leurs vacances ainsi que les nombreuses soirées qu'elles ont faites ; auxquelles je n'étais bien évidemment pas conviée. Mais ceci n'a pas d'importance car j'ai des copines, des personnes qui me supportent depuis déjà plusieurs trimestres. Un vrai record personnel.

Rebecca prend des photos avec Julianna, en posant tendrement sa tête contre la sienne. Sur un élan presque instinctif, je décide alors de me joindre à elles comme nous l'avons toujours fait. Mais tandis que je commençais à croire que nous pourrions passer un bon moment entre amies, soudain les mots les plus blessants qu'elles pouvaient me dire, sortent en un rire diabolique :

-Désolé Cora mais c'est une photo entre quarante-cinq kilos.

Entre quoi ?!

Je me recule brutalement, choquée, en retenant mes larmes tant je me sens attaquée et abîmée.

Tandis que je suis scandalisée, à mon grand étonnement je les observe continuer leurs photos, et cela en m'effaçant totalement du paysage... Elles ne me remarquent même plus, je suis secondaire à leurs yeux et même ma tristesse ne semble pas les atteindre. 

Tout en refoulant mes sentiments, je fixe mon ventre complètement catastrophée... Il est vrai que je ne fais pas quarante-cinq kilos, mais dix de plus. Mes cuisses remplissent sans difficultés mes pantalons et j'ai la fâcheuse habitude de défaire le bouton après avoir mangé suite à cela... Quand bien même, je ne suis pas grosse ! Et puis je ne mérite pas ce genre de réflexion, d'autant plus de la part de celles que je considère comme mes amies.

Comment est-il possible qu'elles puissent me lancer une insulte aussi poussée ? Surtout sans prendre la peine de se soucier de l'état dans lequel je me trouve désormais. J'en viens même à regretter toutes les fois où je subissais le fameux : Non mais je rigole...

Toute cette situation me fait l'effet d'une baffe dans la figure, comme un retour à la réalité me rappelant douloureusement à quel point je suis inférieure à elles. Puis je les regarde elles et leurs ventres plats, leurs bras fins et leurs jambes absolument parfaite et épilées jusqu'à la douceur absolue. Leurs visages aux traits magnifiques ou rien n'est laid, rien n'est de trop. Même leurs cheveux sont soyeux et brillant comme l'effet d'une publicité.

Je ne fais pas le poids face à autant de beauté, et avoir cru ne serait-ce qu'une seconde une telle chose ; témoigne de ma stupidité.

Finalement, cette journée que je pensais positive s'est transformée en un orage dont j'ignorai la possible intervention. Elles venaient de me blesser au plus profond de moi-même, en m'invitant sans remord à me faire complexer davantage sur ce corps qui m'appartient malgré moi. Je n'avais pourtant pas besoin d'elles viennent remuer le couteau dans la plaie déjà bien infectée depuis cela de nombreuses années.

Présent

Mes cauchemars étaient si intense cette nuit, que je n'ai pas réussi à me reposer comme il se doit. Pourtant je suis exténuée, j'arrive à un stade où me lever est un supplice. Quand ce n'est pas des insomnies, c'est mon subconscient qui en fait des siennes, et c'est interminable de subir cela.