CHAPITRE 2 : Sous les Néons

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Présent

Je suis face à la salle d'exposition. De l'endroit où je me trouve, le bâtiment me domine de plusieurs mètres, et dévoile un léger éclairage afin d'en détailler l'architecture. Je peux aussi admirer de ma position, grâce à l'immense baie vitrée une multitude de néons, et même rien qu'en étant loin, je trouve que les couleurs ont l'air magnifiques ; Pimpantes, et fastueuses à la fois, pour autant il semble qu'une dose de mystère flotte dans l'air et je ne saurais expliquer pourquoi. Tout est peut-être mis en oeuvre pour attirer les passants.

Alors que je reste figée devant l'entrée à me gélifier sur place, je décide qu'il est temps que j'y aille et que je pénètre donc dans le bâtiment, cela malgré ma gêne et mon insupportable inquiétude du regard d'autrui, qui semble me dévorer les entrailles...

Lorsque je suis à l'intérieur, je remarque tout de suite la jeune fille Maddy qui m'a arrêté ce matin pour me vendre le travail de sa mère, avec une joie et une simplicité à laquelle je n'avais jamais assisté. Ce genre de personne ne se trouve que dans les romans que je dévore, en aucun cas dans ma vie et c'est plaisant de savoir qu'il n'y a pas que des monstres ici, sur la Terre. Pour autant je n'oublie pas que l'habit ne fait pas le moine.

Habituellement les gens prennent un ton supérieur ou totalement suppliant. Ils s'imaginent que j'aurais envie de les suivre par pitié ou bien par crainte et que donc je serais à leurs merci. Ils adorent exercer leurs pouvoir sur les gens faible, catégorie à laquelle j'appartiens contre ma volonté ; sans doute pour se valoriser eux-mêmes et flatter leurs égos bien trop gros à mon avis... Je ne comprendrais jamais comment il est possible d'agir avec autant de mépris, et aussi peu de respect pour ceux qui pourraient être différents de leurs petite personne.

Pour en revenir à la jeune fille, je crois qu'elle me remarque aussi puisque elle me sourit de toutes ses dents sans exception. Je me demande même comment il est possible d'avoir un aussi grand sourire et surtout aussi blanc. Quand j'y pense, j'ai beau me les brosser deux fois par jour, je crois que jamais je ne parviendrais à un résultat aussi fallacieux.

Alors que je réfléchissais à une solution pour paraître dans une publicité pour dentifrice, je remarque qu'elle se dirige vers moi dans la foulé, sans que je n'ai réclamé quoi que ce soit. Elle m'interpelle alors de cette voix douce et joyeuse, comme elle l'a eue fait plus tôt dans la journée :

-Salut toi, j'étais certaine que tu étais le genre de fille à aimer les expositions.

Je hoche simplement la tête en esquissant un sourire assez bref. J'ai des difficultés à communiquer avec les gens depuis un certain temps... J'ai appris à me taire, car lorsque je parle, ma franchise ne me cause que des problèmes. Je l'ai bien compris durant mes années lycée et en a retenu la leçon... Plus jamais je ne m'autoriserais un quelconque relâchement.

-Tiens, voici un petit plan de l'expo. Une fois que ma mère aura terminée son discours, l'exposition sera enfin ouverte.

Je lui répond un petit merci, et la regarde s'en aller vers de nouveaux arrivants. Cette fille est faite pour le contact humain c'est indéniable, c'est comme si c'était normal de communiquer avec des inconnus tout en ayant l'air détaché et ordinairement calme. Si j'avais été contrainte à faire ce qu'elle fait, je me serais ridiculisée avec brio et aurais fondu en larme en moins de temps qu'il n'en faut. Je ne sais pas pourquoi je me permet de me comparer a elle, nous sommes totalement opposées, alors il est logique et même évident que je ne puisse pas agir de la même façon qu'elle à une situation semblable.

J'observe autour de moi les gens parmi l'art. Il y en a de tout âge, même du mien. À vrai dire, j'ai davantage l'impression que ce sont des amis de Maddy qui viennent soutenir l'artiste, la mère de leur copine. Ils sont tous sans exception sur leurs téléphones depuis que je suis arrivée et sans grand intérêt pour ce qui se passe autour d'eux. Quel dommage... Ils n'ont pas l'air de savoir ce qu'ils risquent de louper, bien que je ne sache pas vraiment ce que vaut cette exposition. Mais ce dont je suis certaine, c'est que même si l'on n'apprécie pas une oeuvre, elle nous en apprend toujours beaucoup. Il suffit juste de se laisser aller et de s'ouvrir à elle afin qu'elle nous livre ses plus grands secrets.

Sous les néons (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant