13. Harry

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Je ne sais pas ce que je fais ici. Je ne sais pas ce qui m'a pris. Je ne comprends rien à mes réactions ces derniers temps. Jamais je ne vais y arriver de toute façon, je ne vois pas pourquoi je suis venu.

Je suis ici suite à une impulsion. C'est venu d'un seul coup, sans que j'y aie réellement réfléchi. C'est de la folie et j'ai peur que ça ne me mette dans un sale état, mais je reste. Je ne pars pas. Je persiste. J'ai cette impression étrange que si je ne le fais pas ce soir, je ne le ferai jamais. Encore faut-il que j'y arrive. Il faut que j'y arrive. Cette sensation de ne pas être maître de mes actions, de ne pas être maître de tous les sentiments qui m'envahissent et, au contraire, de les laisser me bouffer la vie a explosé aujourd'hui.

C'est trop. Il faut que ça s'arrête. Je n'en peux plus.

Seul moi peux y faire quelque chose. Il n'y a que moi qui puisse changer cela. Même si j'en souffre, même si ça me semble au premier abord impossible. Les autres y sont arrivés, alors pourquoi pas moi ?

Pourquoi pas moi ?

Je regarde les passants, les clients du magasin devant lequel je suis stationné. Je suis totalement incapable de sortir pour me mêler à eux et aller acheter ce que je veux. J'ai les mains fermement accrochées au volant. J'ai actionné l'ouverture de la portière deux fois, mais je l'ai refermée aussitôt. Depuis, je suis prostré, le regard rivé sur le trottoir et les gens qui vont et viennent dans un ballet incessant.

Peut-être qu'accompagné j'y arriverai ? Mais je me sens tellement ridicule que je n'ose appeler personne. Maman n'est pas en ville et Zayn travaille encore... il n'y a que Louis qui serait capable de m'aider actuellement. Mais je ne veux pas qu'il me voie comme ça, bloqué, au bord de la crise d'angoisse. Surtout pour ça...

Je fais mes exercices de respiration et me calme petit à petit, me répétant que je suis en sécurité, enfermé dans ma voiture. Et puis, je repense à elle... Laura. Lors de la dernière réunion, nous avons à nouveau un peu discuté et elle m'a laissé son numéro de téléphone, au cas où. Cette fille est incroyablement attachante. Elle est d'une douceur étonnante. Je n'avais jamais rencontré quelqu'un dégageant autant de bienveillance. Nous avons échangé sur la réunion qui venait d'avoir lieu et sur le fait que j'étais resté enfermé dans mon mutisme. À aucun moment, elle ne m'a jugé ou demandé de faire des efforts. Non. En fait, elle a tenu sensiblement le même discours que Louis. Ça viendra, je suis sur la bonne voie. Je fais des progrès, même si je ne les vois pas.

C'est peut-être ça qui a fait que je me suis levé de mon canapé sur lequel je faisais des corrections depuis un bon moment. Leurs mots, à tous les deux, ont dû se répercuter dans mon cerveau jusqu'à trouver le neurone qu'ils cherchaient.

Et je suis là.

Je fouille dans mon portefeuille et en sors le petit bout de papier sur lequel se trouve la succession de chiffres que Laura a inscrite de son écriture fine. J'attrape mon téléphone, inspire fort, souffle un grand coup avant de composer le numéro.

Allô ?

— Hum...

Je me racle la gorge, intimidé.

Laura ? Heu... c'est Harry.

Oh, Harry ! Tout va bien ?

Eh bien je... j'aurais besoin de ton aide.

Pourquoi ? Ça ne va pas ?

Son ton est inquiet.

En fait... j'avais envie de faire quelque chose, mais... je n'y arrive pas tout seul.

Pour n'être qu'avec toi (LS)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant