22.1 Louis

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Je ne cesse de me tourner et de me retourner dans mon lit, incapable de trouver le sommeil.

Toutes mes pensées sont obnubilées vers une seule et même personne, Harry. Je repense à cet après-midi et à sa réaction agacée et déçue par rapport à sa séance, mais aussi vis-à-vis de moi. J'ai l'impression de ne pas avoir été à la hauteur, d'avoir mis les pieds dans le plat en essayant de le rassurer. Je n'ai fait qu'accroître sa déception. Trop pris par mes propres doutes et mes propres espoirs, j'ai été à côté de la plaque. Je me sens égoïste, je me sens nul, je me sens mal. Je suis censé l'aider et je ne fais que penser à ce que j'ai ressenti lorsqu'il a posé ses lèvres sur les miennes.

À ce baiser.

Je savais qu'il allait reculer lorsqu'il réaliserait ce qu'il avait fait. Pris par son enthousiasme, il a été spontané, mais une fois seul, il a dû prendre peur. C'est donc sans surprise qu'il a eu besoin de prendre un peu de distance. Il ne m'a donné aucune nouvelle, même si je sais qu'il s'est rendu à l'asso. Alors j'ai attendu, en gardant pour moi tout ce que ce baiser a provoqué au fond de moi. J'ai couru aussi, encore et toujours autour du parc. J'ai vu mes amis, je me suis jeté à corps perdu dans mon travail, pour cesser de penser.

Je lui ai finalement envoyé un sms hier soir, sachant que sa prochaine séance d'hypnose devait avoir lieu aujourd'hui. Je voulais juste m'assurer qu'il allait bien, qu'il se sentait prêt. Je sais très bien que la première séance est rarement miraculeuse, mais je ne lui ai rien dit pour ne pas le freiner. Je voulais savoir comment il envisageait tout ça, et puis... peut-être aussi que j'avais besoin de savoir comment il allait réagir vis-à-vis de moi. Même si cet éloignement est compréhensible et normal, je ne l'ai pas bien vécu. Il m'a manqué et j'avais vraiment peur qu'il me rejette.

Ce n'est pas arrivé.

Il m'a répondu presque instantanément et nous avons échangé un long moment avant qu'il ne me dise qu'il avait besoin de dormir. L'espace d'un instant, tout est redevenu comme avant. Avant ce baiser. Puis, à ma plus grande surprise, il m'a proposé que nous nous retrouvions en bas du cabinet du docteur Parriso. J'ai bien évidemment accepté avec empressement. Le retrouver là-bas a été toute une histoire. J'avais l'impression de me rendre à un rendez-vous, mon cœur battant un peu trop vite pour que ça soit anodin. J'ai fait un effort vestimentaire, je me suis battu avec mes cheveux pour ressembler à quelque chose et je me suis dépêché de le rejoindre, le pouls en déroute, balançant entre empressement et crainte.

Empressement de le voir enfin après ces jours de silence.

Crainte de ses réactions ou même des miennes.

Lorsque je l'ai vu, debout devant le porche de l'immeuble, dans son jeans un peu plus ajusté qu'à l'accoutumée, ses manches remontées de manière à ce que je puisse voir ses grandes et fines mains et son chignon dégageant son visage aux traits angéliques, j'ai senti comme une explosion au fond de moi.

Pourtant, une fois la séance passée, tout a dérapé et j'ai le sentiment tenace de ne pas avoir fait ce qu'il fallait. Je m'en veux terriblement. J'ai oublié l'espace d'un instant que l'essentiel, c'était Harry et sa guérison et certainement pas ce que je pouvais ressentir moi.

Je pince les lèvres, le cœur lourd et sans que je puisse le contrôler, les larmes jaillissent, inondant mes joues. Je me sens mal. Je me sens nul. J'essaie de rester discret, d'étouffer dans mon oreiller mes quelques sanglots, mais lorsqu'un bras m'entoure et qu'une paire de lèvres se dépose dans mes cheveux, je sais que j'ai lamentablement échoué.

Lou... hey, qu'est-ce qu'il se passe ? Tu as fait un cauchemar ? me demande la voix douce de Lottie tandis qu'elle m'étreint.

Je secoue la tête, incapable de lui répondre. Je me retourne dans ses bras et me love contre elle pendant que je laisse aller mes larmes. Elle me caresse gentiment le dos en me chuchotant des mots rassurants. Puis, elle commence à me raconter tout et n'importe quoi. Ses journées à la fac, les bêtises des jumeaux, les premiers amours des jumelles, la fête qu'organise Fizzy et mes pleurs se calment peu à peu. Je me sens un peu plus léger, bien que toujours habité par cette culpabilité qui me ronge.

Pour n'être qu'avec toi (LS)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant