La fille du désert

Je ne te vois pas

"Soliman! Tes yeux! Ils...

- Je sais. Peu de temps après ton départ, j'ai attrapé une maladie. Ils ont réussi à me sauver mais je l'ai payé assez cher.

Il soupire et reprend :

- Je suis aveugle Meryem. C'est pour ça que je ne peux pas aller combattre.
J'essaie d'aider nos femmes à accomplir les tâches quotidiennes mais ça n'est pas toujours facile.

- Écoute...je suis désolée, s'excuse Meryem.

- Tu n'as pas à l'être, tu n'y es pour rien.
Raconte-moi plutôt ta vie.

- Je vis à Paris où je suis journaliste. J'ai été envoyée ici pour faire un reportage.

- Et... c'est tout ?

La jeune femme ne répond rien. Soliman poursuit :

- Qu'est-ce que tu as fait après être partie?

- J'ai rejoint la mer et je suis montée clandestinement sur un bateau. Ils ont débarqué à Marseille, en France.
J'ai donc pu rejoindre mon oncle, Farid. Tu t'en souviens ?

- Vaguement, oui.

- Il s'est débrouillé pour m'élever et me faire faire des études. Ensuite, j'ai décroché un boulot dans un journal à Paris. Et voilà ! Je suis de nouveau ici.

- Le retour de la princesse ! Il faudrait en faire une histoire.

- C'est une idée !

Ils discutent encore quelques minutes quand Soliman lui dit:

- Suis-moi. Ma mère aimerait te voir.

Bien qu'il ait perdu la vue, il se dirige très bien dans les ruelles, sait par où passer, où est-ce qu'il ne doit pas mettre les pieds pour ne pas tomber. Meryem le suit tout de même d'assez près.
Il s'arrête brutalement si bien que la journaliste lui rentre dedans.

- Tu te souviens de chez moi? lui demande-t-il.

- Bien sûr ! Enfin, j'ai quand même un peu oublié mais je m'en souviens !

Ils entrent sous la tente. Une femme d'une cinquantaine d'années à la peau tannée est assise sur un tabouret. Elle prépare le repas. Quand elle les voit, elle se lève d'un coup et s'écrie :

- Meryem! Je n'y crois toujours pas!
Viens dans mes bras ma petite.

La "petite" s'exécute. Elle se serrent dans les bras.

- Où étais-tu passée ? J'étais inquiète !

- Et bien je suis rentrée maintenant !
Plus de souci à te faire!

- Tu vas manger le repas avec nous, dit?

- Avec grand plaisir !

- On pourra parler comme ça, alors que ce soir il y aura tout le monde, tu risque de ne pas être tranquille !

- Oui!

Meryem rit intérieurement. Fatima l'avait toujours amusée.

- Surtout Meryem, ne t'inquiètes pas si certaines personnes te regardent de travers. Il y a deux camps: ceux qui croient que tu es innocente et ceux qui croient que tu es coupable.
Je veux pas baisser ton moral mais il y en a un peu plus dans l'autre camp.
Comme quoi, il y a plus d'imbéciles que de gens sensés !

Soliman, qui n'a pour l'instant rien dit, intervient.

- En même temps, il y a beaucoup de preuves qui accusent Meryem.

Fatima lui donne un coup de coude dans les côtes. Il rectifie:

- Mais il est évident que Meryem n'aurait jamais pu faire ça !

- Fais attention à ce que tu dis mon fils...

- Ce n'est rien. Et puis je suis tout à fait d'accord, précise la journaliste.

- Tu as de la chance qu'elle le prenne bien! Gare à toi ! Dit-elle en prenant un air qui se veut menaçant.

Et ils explosent de rire.
Meryem, Fatima et Soliman continuent longtemps à parler (ils mangent aussi!). Tantôt heureux, tantôt émus, ils se racontent des histoires, ils racontent leurs vies.

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Merci infiniment. 1K vues c'est énorme ! J'espère que ce nouveau chapitre vous plaira! ( Je ne l'ai pas relu donc désolé pour les fautes d'orthographe !)