Nous sommes à Paris, un après-midi du mois d'août. Meryem est assise sur un banc en bord de Seine, protégé du soleil par les arbres.
La jeune femme de 36 ans est journaliste et... célibataire, pour son plus grand désespoir mais aussi sa plus grande joie. En effet, son travail ne lui laisse aucun temps pour avoir une vie privée. Elle est toujours envoyée dans un pays à l'autre bout du monde, et n'est quasiment jamais chez elle. Certes, elle a un métier dont elle a toujours rêvé, mais il prend beaucoup de place.
Cela tient peut-être aussi de son chef. Directeur du journal Vie de Voyageur, surnommé l'œil de Moscou, de son vrai nom Olivier Jourdœil, il envoie aux quatres coins du globe ses journalistes, et ils n'ont pas à discuter des ordres, ayant tous des places mais surtout des salaires assez élevées dans le journal, qu'ils ne trouveraient sûrement pas ailleurs. Ils vivent des aventures souvent extraordinaires, parfois dangereuses, et doivent ensuite la raconter aux lecteurs, pour la plus part des explorateurs chevronnés.
Alors même si elle maudit son patron pour sa sévérité mais aussi pour sa manie à fouiner dans la vie de ses employés, elle le remercie de lui faire vivre des voyages exceptionnels.Voilà moins d'une semaine que Meryem était rentrée de son dernier reportage, quand son patron lui demanda de venir dans son bureau.
Il lui avait dit, sans passer par quatres chemins, comme à son habitude :
"Mademoiselle Al-Khabu, je n'ignore pas vos origines maghrébines, mais surtout que vous parlez arabe.
Il contempla un instant la jeune femme.
- Je n'ignore pas non plus, reprit-il, que vous avez fui votre pays natal.
Meryem déglutit et tenta de ne laisser paraître aucune émotion.
- Oui...et alors ? Avait-t-elle chuchoté.
- Voilà votre billet, une chemise avec les documents nécessaires, et de l'argent pour vos besoins personnels. Vous partez pour le Sahara !
-Qu...quoi, comment?
Meryem était surprise. Elle pensait ne jamais devoir retourner là-bas.
- Vous allez faire un reportage sur les bédoins nomades du désert du Sahara. Tout est expliqué dans la chemise.
- Euh...oui...mais ça ne va pas être possible vous savez, euh... Ma mère, elle est mourante, et si elle devait... Enfin vous voyez ce que je veux dire... Vous me comprenez, je ne peux pas l'abandonner..., Avait-t-elle mentit.
- Bien sûr...J'avais oublié de préciser que je sais que vous n'avez plus aucune famille ici. Avait-t-il répondu. Vous allez aller au Sahara ou c'est votre place que vous devrez abandonner.
Meryem se retint de le gifler. Comment pouvait-il savoir autant de choses???
- Très bien, j'irai, rétorqua-t-elle avec aplomb.
La journaliste se surprit de l'audace avec laquelle elle lui avait répondu. La colère peut-être ? De toute façon, elle n'avait pas le choix. Elle tendit les bras et attrapa les dossiers
- Je préfère comme ça. Il faut que vous soyez raisonnable. Je vous met en congé demain pour que vous puissiez vous préparer. Vous partirez dans deux jours. Bon séjour en Afrique Mlle Al-Khabu.
- Au revoir Monsieur", dit-elle en même temps qu'elle sortait du bureau, en fermant assez brusquement la porte.
Meryem rouvre les yeux. Le jour commence à décliner. Elle avait dû s'assoupir un instant. Il n'empêche que même après une journée, la discussion qu'ils avaient eu avec Jourdœil l'énerve toujours autant. Elle en veut énormément à l'Oeil de Moscou.
"J'aurais ma revanche", se promet-elle, tout en se levant pour regagner son appartement.
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La fille du désert
Macera20 après l'avoir quitté, Meryem retourne contre son gré dans le désert du Sahara pour un reportage sur les bédoins nomades. C'est là le début de nombreuses péripéties et des retrouvailles. 1 ère publication le 31/08/18 1K vues le 21/03/19