Les gens s'empilent sur le bateau,
Ils se poussent, s'écrasent,
Ils se pressent, s'étouffent,
Personne n'arrive à respirer,
Personne n'arrive à se calmer.
Des bouées de sauvetage
Entourent leurs corps fatigués, fragilisés.
Souhaitant s'échapper,
Ils rament, essayent,
Déterminés à vivre, à survivre.
Des larmes coulent d'effroi,
D'incompréhension,
Leurs corps grelottent de froid.
Des cris, des pleurs,
Leurs familles sont décédées,
Ils sont perdus, égarés,
Seuls, en pleine mer.
Ils se sont sauvés,
Ils ont quittés leurs pays,
Pour fuir la mort,
Pour retrouver la vie.
Ils souhaitent avancer,
Tout oublier, recommencer,
Ils cherchent juste la paix.
Seulement,
Le vacarme des vagues
Résonne dans leurs oreilles,
Venant leur rappeler
L'explosion des bombes,
L'hurlement des fusils,
Les cris des corps démembrés.
Leurs âmes sont endommagées
À cause de toutes ces horreurs,
Ils ne peuvent plus penser
Rationnellement, clairement.
Chaque mètre de passé,
Ils risquent d'y passer,
Ils se demandent même, si, un jour,
Ils vont y arriver.
Ils prient, croient,
S'accrochent à l'espoir,
En vain.
Mais, soudainement,
Le vent souffle,
Le navire tombe à l'eau,
La barque se retourne,
Peu, sont ceux qui savent nager,
Peu à peu, ils sont tous entrain de couler.
L'instinct de survie foudroie leurs êtres,
Personne ne s'entraide, ils se bousculent,
Se piétinent sous le liquide gelé.
Certains, ne se battent plus,
Certains se laissent, juste,
Emporter par les ondes.
D'autres, s'agrippent à leurs
Gilets de sauvetage,
Attendant, patiemment,
Que quelqu'un, n'importe qui, vienne.
Mais,
Bébés, enfants, adolescents,
Adultes, vieux, parents,
Tous sont destinés a y rester,
Car,
Il n'y a personne pour les sauver.
Navire à l'eau,
Ils sont abandonnés
Dans l'eau glacée,
Ils sont condamnés,
Complètement paralysés.
Personne ne peut les aider,
Personne n'a été prévenu,
Même en se dépêchant, les secours
Ne peuvent arriver à temps,
Ils sont au milieu de l'océan,
Impuissants.
Et tous ces gens, vont mourir,
En souffrant.
Ils vont s'éteindre,
Délicatement, violemment.
Ils vont se décomposer,
Dans l'agonie.
Et,
Leurs visages seront figés,
Dans la douleur,
À tout jamais.
