Chapitre 4 : Petit papillon

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Nickaël

Il me tendit un Blue Lagoon dans un verre triangulaire où tout le cercle avait été recouvert de sucre vert pomme. Nos doigts s’effleurent alors que je m’en empare avec méfiance, m’envoyant une chaleur plus que déconcertante. Kithian Costa me regardait avec l’intensité d’un lion qui regarde un agneau. Je détestais ça. Me sentir vulnérable.

-Bois. Tu verras, mes cocktails sont les meilleurs, dit-il de sa voix profonde.

-Je ne suis pas une spécialiste en cocktails. Je serais bien mal placé pour juger, je lâche sans la moindre gentillesse.

Je ne voulais pas qu’il puisse savoir que me retrouver là devant lui me rendait toute chose.

-Je vois, alors en quoi es-tu une spécialiste ? S'amuse-t-il à me demander, les yeux rieurs.

-En langue.

Son éclat de rire m’oblige à resserrer les doigts autour de mon verre. La crispation m’envahis et je laisse une vague de gêne submerger la digue que j’avais érigé dans mon esprit.

-Puis-je avoir un aperçu de tes talents ? Je suis moi aussi très doué avec ma langue.

J’avale d’un trait mon blue Lagoon, vexée de m’être faite avoir comme une débutante alors que Zacharel me faisait tout le temps cette blague de mauvais goût.

-Tu rougis, c’est vraiment très mignon.

J’ai envoyé une gifle si fort sur sa joue gauche qu’il en est resté coït de surprise.

-C’est vrai que le rouge te va bien aussi, claqué-je avec fierté en voyant la marque de mes doigts rougir sur sa peau tannée par le soleil.

Merci maman, pensais-je en repensant à une histoire que Peter m’avait raconté sur ma mère.

-Tu es… stupéfiante, finit par murmurer Kithian en soutenant mon regard que je savais pas facile à interpréter.

Le démon a porté son verre de vodka pure à ses lèvres sans montrer un quelconque signe de colère ou d’un autre sentiment agressif. Il s’amusait juste à me découvrir comme une bête de foire.

-On me le dit souvent.

-Tu m'étonnes.

-Je crois que je plains ton frangin.

Le plaindre ? C’était nouveau ça.

-Pourquoi ça ?

-Tu es ingérable. Regarde toi. Tu acceptes un deal avec moi sans même me connaître, et tu ne montres aucune peur.

-Ce serait idiot de dévoiler une quelconque peur, cela me rendrait encore plus vulnérable que je ne le suis déjà.

-Donc tu as conscience d’être vulnérable.

-À toi de me dire si j’ai raison de me méfier.

Il ne répondit rien et se contenta de laisser naître un sourire espiègle sur son visage. Ses yeux orange me scrutant avec curiosité.

-Que veux-tu faire de ta soirée ? Dit-il soudain en ignorant totalement ma remarque.

-Dormir. J’ai passé une journée atroce.

-Ma chambre est au bout du couloir.

Cette fois-ci, c'est à moi de rire. Un rire amer toutefois.

HYBRID Resurrection - l'Héritage Où les histoires vivent. Découvrez maintenant