TOMBER DE HAUT

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[TW cauchemar]


Un océan de nuages blancs. C'est tout ce qu'il voyait au travers du hublot. L'avion volait loin au dessus des petits humains, des petites voitures, des petites maisons, des petits pays, des petits continents, de la petite planète cachés derrière ces nuages blancs.

- « C'est paisible n'est-ce pas ? » lui dit l'inconnue dans le siège à sa droite.

Tout dans sa rêverie, il ne l'entend pas tout de suite. Il émerge lentement de son état rêveur et remarque la femme qui le regarde fixement.

- « Hein ? Quoi ? Ah oui, oui... » acquisse-t-il, l'esprit ailleurs.

Il continue à admirer les nuages, tandis que ses paupières deviennent lourdes, très lourdes, et il glisse dans un sommeil paisible et profond.


« Pourquoi il fait froid comme ça d'un coup? » pense-t-il. « Pourquoi l'avion il est aussi bruyant ? C'est bizarre, il est où mon siège ? »

Il se risque à ouvrir les yeux, et les referme immédiatement. Son cerveau n'est pas sûr d'avoir bien compris, il rouvre donc les yeux une seconde fois. Et il hurle.

L'océan de nuages blancs est toujours là, mais plus l'avion. Plus rien n'est là. Il est seul, et il tombe.

L'océan se rapproche dangereusement. Il écarte les bras et les jambes, espérant ainsi ralentir sa chute. Ses yeux se referment d'instinct lorsqu'il percute les nuages, et se rouvrent de curiosité quand il se rend compte qu'il est encore vivant.

« Ce que je suis bête ! Je ne vais pas mourir percuté par un nuage ! » pense-t-il. Il ne se rend plus compte qu'il tombe. C'est paisible ici aussi. On croirait voler.


Mais cette sensation est de courte durée. Il atteint le fond de l'océan, et ressort de l'autre coté. C'est à ce moment là qu'il intègre pour de bon ce qui lui arrive. Il gagne de la vitesse à chaque seconde qui passe, et les petits humains, les petites voitures, les petites maisons, les petits pays, les petits continents et la petite planète grandissent de plus en plus vite. Il hurle, panique, cherche en vain un parachute dans son dos, agite ses bras comme des ailes, pleure, prie, hurle encore plus quand il se rend compte que ça ne marche pas, cherche à s'accrocher aux oiseaux qui passent, s'étouffe et tousse brutalement, puis hurle encore.


Le sol s'approche de plus en plus, de plus en plus vite.

Il pleure toujours, mais ses larmes sèchent sur ses joues dès qu'elles quittent ses yeux. Il pense à sa mère, à qui il n'a pas eu le temps de dire qu'il l'aime. Il pense à sa sœur, avec qui il s'est disputé au téléphone avant de prendre l'avion. Il regrette tellement de choses qu'il a fait et n'a pas fait dans sa vie.

Il peut à présent voir les maisons individuelles, et discerne les gens qui marchent dans la rue.

« JE NE VEUX PAS MOURIR ! », hurle-t-il. Il ne s'est même pas rendu compte qui était devenu silencieux.


Des gens tout en bas le remarquent, ou plutôt entendent un long cri qui vient du ciel. Nombreux sont ceux qui s'arrêtent pour regarder, remarque-t-il. « Mais ils ne font rien pour m'aider ! »

Il tombe, tombe, tombe... Le vent le rend sourd, lui donne froid, lui fait mal.

Il tombe, tombe, tombe...

Il voit où il va toucher le sol, en plein milieu de la place de l'église. « Au moins, ils n'auront pas besoin de me transporter longtemps pour aller au cimetière... »

Il se rapproche de plus en plus.

50 mètres. « J'ai froid. »

30 mètres. « J'ai faim. »

15 mètres « Pourquoi moi ? »

10 mètres « Je t'aime, maman... »

3 mètres « ... »

1 mètre « AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAaaaaaah... ? »



Il est par terre dans sa chambre, en sueurs à côté de son lit. Le chat s'en va, indigné que l'humain ait osé déranger son sommeil. La fenêtre est grande ouverte, et un vent glacial soulève les rideaux.

Il soupire de soulagement, repose sa tête sur le sol et se frotte le visage avec les mains.

« Ce n'était qu'un cauchemar... Rien qu'un cauchemar... » se répète-t-il pour se rassurer.

Il se lève lentement et va fermer la fenêtre. Il décide ensuite d'aller prendre une courte douche pour se débarrasser de la sueur, puis retourne se coucher.

Avant de fermer les yeux, il regarde le plafond dissimulé par l'obscurité, et se dit « Demain matin, j'appelle Maman. »

Bricoles et ConfettisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant