TOURNER EN ROND

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Les chandeliers scintillent loin au-dessus des têtes, accrochés aux plafonds hauts comme les cieux. Les piliers dorés, les grands miroirs et les bijoux des dames réfléchissent les lumières des ampoules jaunes.

Il est assis dans un coin sur une des chaises rembourrées d'un coussin de velours, et regarde nerveusement les robes des dames et les queues-de-pie des hommes virevolter. Sa jambe gauche s'agite frénétiquement de haut en bas, et son souffle se bloque dans sa poitrine quand il voit le vert étincelant de sa robe tourner dans la foule de danseurs.

Elle est tellement belle. Son sourire fait pâlir les chandeliers, son rire est plus clair que le plus pur des coupes de champagne en cristal. Ses cheveux rouges, dont tellement auraient honte, flambent de mille feux. Sa robe, assortie à ses yeux émeraudes, fait ressortir sa peau pâle sertie de taches de rousseur et ses joues rouges.

C'est la fin du morceau. Son cavalier recule d'un pas, la remercie pour la danse, puis lui fait une petite révérence accompagnée d'un baiser sur la main gantée de la belle. Elle lui sourit poliment, et à son départ fait demi-tour en soulevant sa robe d'une main pour se frayer un passage jusqu'au bord de la salle de bal. Elle attrape une coupe de champagne sur une des petites tables, puis s'assoit à côté de lui avec un soupir.

« Je ne sais honnêtement pas ce que nous faisons ici Ernest. » Sa main délicate lève la coupe à ses lèvres peintes en rouges « Tous ces aristocrates hautains qui me voient comme une bête de foire, unique bonne pour une nuit... » Ses yeux fixent pensifs le vide.

Il tente de déglutir le plus calmement possible, détend ses mains posées sur ses genoux et se tourne vers elle d'un air faussement naturel. « La musique est pourtant belle. Les musiciens sont très bons ce soir, ne penses-tu pas ?

- Comme si la musique permettrait d'oublier pourquoi j'ai été invitée à cette soirée mondaine, soupire-t-elle en se redressant

- Au moins tu n'es pas seule, Jeanne. Tu m'as demandée de venir avec toi, et je suis ici.

- C'est très vrai. Je t'en suis très reconnaissante ! Elle rit, et toute la mauvaise humeur s'évapore en un instant

Les violoncelles du petit orchestre entament un rythme 3-4 en piano, pendant que les premiers et deuxièmes violons entament une douce valse.

Ernest se tourne vers la femme qu'il a toujours admiré, suit du regard les boucles rousses légères, trace l'arc de ses lèvres, et finit sur ses yeux cachés derrière de longs cils. Il prend une grande inspiration, se lève et se met face à Jeanne. Il la regarde dans les yeux, et d'une révérence lui dit « M'accorderais-tu cette danse ? »

Elle lève un regard, surprise un court instant. Puis un sourire radieux apparaît, et en posant sa coupe, Jeanne attrape la main d'Ernest et le laisse la guider au milieu des danseurs.

Ils dansent ensemble jusqu'à la fin de la nuit, tournant au rythme des valses, le regard d'Ernest ne lâchant pas Jeanne un seul instant.

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⏰ Dernière mise à jour : Apr 01, 2020 ⏰

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