Chapitre 21

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Chapitre 21

– Tu veux y aller ? questionna Leta en grignotant sa baguette au réglisse.

– Il y aura beaucoup de monde...

– Pas autant que dans la grande salle à l'heure du repas.

– Oui... mais les cachots sont plus étroits.

La sorcière regarda son ami qui baissa les yeux. C'était la première fois que Norbert était invité à un anniversaire. Même son frère, Thésée, ne voulait pas de lui quand ses amis étaient là.

– Si j'étais une créature effrayante, commença Leta, je suis persuadée que je sortirais de ma cachette le jour d'Halloween.

Norbert ne releva pas, il se concentrait sur le dessin de Nick-Quasi-Sans-Tête, sans tête.

– Si j'étais une magie obscure échappée d'un livre, je suis persuadée que je sortirais de ma cachette le jour d'Halloween ! continua la jeune fille.

– Tu as envie d'y aller.

– J'en meurs d'envie !

– Mais ta réflexion n'est pas logique. On devrait justement explorer Poudlard pendant que tout le monde est à la fête.

– C'est toi qui n'es pas logique, se moqua-t-elle. Les professeurs seront de sortie. Les élèves vont justement vouloir jouer à se faire peur dans le château.

– Je trouve cette pratique ridicule. Je n'aime pas avoir peur, révéla le Poufsouffle.

Leta se garda bien de dire qu'elle, elle adorait faire peur aux autres. Norbert continua à dessiner, puis il releva la tête de son œuvre, l'air pensif.

– Tu penses vraiment que de la magie s'est échappée du livre ?

– Je croyais que tu n'aimais pas avoir peur ?

La Serpentard sourit en disant cela, mais les deux élèves avaient conscience que c'était effectivement une option.

– On devrait en parler avec Dumbledore.

– Ah, ça faisait longtemps que tu n'avais pas parlé de lui, grommela Leta.

– Je peux en parler à d'autres si tu veux, mais seul Dumbledore ne nous sanctionnera pas.

– Peut-être, mais il demandera ce que nous faisions dans la bibliothèque et nous serions obligés de lui révéler toute la vérité, la créature, Méridia...

Norbert souffla, conscient qu'il se faisait toujours avoir de la même manière.

– Écoute, Newt. Si, et je dis bien si, nous avons libéré quelque chose, soit elle a quitté le château soit elle est restée. Je lis chaque jour la gazette du sorcier. Si je vois quelque chose de suspect, on avertira Dumbledore. Et s'il se passe quelque chose d'étrange ici, eh bien...

– On avertira Dumbledore.

– Si nous ne pouvons rien faire, oui.

Norbert caressa son menton avec sa plume avant de reprendre la parole.

– Je t'imagine bien aller trouver notre professeur pour lui dire : Monsieur, le journal parle d'une forme noire, obscure, qui flotte dans les airs. Je pense que c'est une créature échappée d'un livre de la bibliothèque de Poudlard qu'on a ouvert pour, justement, trouver une créature qui peut faire « mourir de peur ».

– J'aime bien ton résumé ! pouffa Leta. Mais, fini de rire, il est temps d'aller se coucher.

Les deux élèves retournèrent dans leur dortoir respectif pour une nuit peuplée de rêves étranges.

Samedi 30 octobre

La grande salle s'était transformée en citrouille géante pour le petit-déjeuner. Des serpentins orange ondulaient de toutes parts, les murs de pierre c'étaient transformés en chair de potiron. De-ci de-là se trouvaient des courges évidées, gravées d'horribles faciès qui illuminaient la pièce. Des pommes croquées rouge sang flottaient dans les airs. Les tables et les bancs n'étaient plus faits de bois, mais de pierre. Des noms et des dates étaient gravés avec des pierres tombales. Pour une fois, les fantômes ne dénotaient pas du paysage. Nick se faisait d'ailleurs une joie de laisser sa tête décoller en permanence.

– Eh bien, ils n'y sont pas allés de main morte cette année, déclara July Marceau entre fascination et inquiétude.

C'est alors qu'un bras sortit de la terre battue qui composait le sol pour lui attraper la cheville. La Poufsouffle hurla de terreur, tout comme une dizaine d'autres élèves qui avait subi la mauvaise blague.

– Et si, ils y sont allés de « main morte », s'esclaffa Tayor en riant à gorge déployée.

L'exubérant Blimsk appréciait autant Halloween qu'il détestait Noël.

– Ce n'est pas drôle ! Dis-lui, Norby, que ce n'est pas drôle !

Norbert ne prit pas sa défense, il était trop occupé à observer les énormes chauves-souris qui volaient au-dessus deux.

– J'ai comme l'impression que cette journée va regorger de farces de toutes sortes, comprit Jacob en remarquant d'autres incidents.

– Bien vu, Baker ! félicita Mattyu. Cette année, les préfets ont décidé qu'on pouvait se venger des autres maisons en leur faisant plein de blagues ! Il y en a dans tout le château !

– Le but n'est pas de se venger, corrigea Muriel, la préfète en cheffe. Mais de nous distraire gaiment.

– A d'autres, Weasley ! Je me demande si l'équipe de Falco fera de meilleures farces.

Une étincelle de défi flamboya dans les yeux de la rouquine de dernière année. La compétition entre les maisons était toujours présente. D'ailleurs, Norbert ne savait même pas où en était le sablier.

Les élèves s'installèrent à leur place habituelle en se méfiant, à raison, des meubles et de la décoration. Plusieurs pommes se décrochèrent du mur pour mordiller quelques oreilles et certains doigts. Les hurlements se mêlaient aux rires dans une joyeuse symphonie.

Le festin apparut alors dans des plats en or. Certains, pas très malins, se jetèrent sur la nourriture. Mais tous comprirent assez vite qu'il ne fallait pas se fier à ses yeux. Ce qui semblait être salé avait un goût sucré et vice versa.

– J'ai comme l'impression que seul le jus de citrouille n'est pas modifié, déclara Ashley en essayant de verser le contenu de la cruche dans son verre.

Malheureusement pour elle, un film transparent avait recouvert sa coupe, et le jus gicla sur sa robe de sorcier.

Toutes les deuxième année rigolèrent, ou presque. Norbert Dragonneau ne savait pas sur quel pied danser. Il ne comprenait pas l'intérêt de tout cela. Mais le plus dérangeant était de voir ses camarades passer de colère à joie, de grognement à rire. Plus rien n'avait de sens. Plus rien n'était prévisible. Il en venait presque à regretter la fête de la Saint-Valentin avec les drôles d'angelots qui déclaraient des poèmes.

La journée s'annonçait difficile.


image de couverture =  PotterMore

Norbert Dragonneau et le feu follet | Newt Scamander tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant