Norbert Dragonneau et le feu follet | Newt Scamander tome 2

Chapitre 29

Chapitre 29

Le samedi 27 novembre

L'euphorie était palpable dans la maison des Poufsouffle. Aujourd'hui se jouait leur premier match contre Serdaigle.

July avait réussi à convaincre Norbert d'assister au match. Elle voulait qu'il vienne la voir jouer, et cela lui tenait particulièrement à cœur. Le jeune garçon étant apathique depuis l'éloignement de sa meilleure amie, il avait accepté sans vraiment y réfléchir. Il subissait les événements plus qu'il ne les vivait.

– Allez les Poufsouffle, on encourage notre équipe, hurla le capitaine.

Une explosion de joie retentit.

– July, cria Mattyu.

– MARCEAU, hurlèrent les élèves.

– Wendy ?

– SMITH !

– Alexander ?

– KEDDLE !

– Sabrina ?

– MARAY !

– Modesty ?

– ABERDEEN !

– Théodore ?

– DIGGLE !

– Et pour finir, reprit une des poursuiveuses. Matthyu ?

– GRANDSON !

Norbert profita de l'ovation du capitaine pour s'échapper de la salle commune. Il avait terriblement mal à la tête. Le sang dans ses tempes pulsait furieusement. Ayant besoin de calme, il partit se cacher dans l'ombre d'une alcôve. Le silence apaisa son tourment, jusqu'à ce que des pas se fassent entendre.

– Et pourquoi pas ? demanda une voix malicieuse et insolente que Norbert reconnut aussitôt.

– Je n'en vois pas l'intérêt, se contenta de dire un homme d'âge mûr.

– Pour m'impressionner.

– Pourquoi voudrais-je impressionner une fillette ?

Leta se mordit la lèvre, essayant de cacher sa frustration. Elle n'avait pas le corps adéquat pour séduire un adulte, elle ressemblait beaucoup trop à une enfant. Elle devait changer de technique si elle voulait arriver à ses fins.

– J'aimerais devenir Auror, dit-elle avec une candeur désarmante.

– C'est un choix de carrière dangereux.

– C'est vrai. Mais vous faites tellement pour protéger les sorciers... Je vous admire.

L'homme s'arrêta de marcher, apparemment, Leta avait attiré son attention.

– Nous sommes là pour ça.

– J'aimerais pouvoir en faire de même, mais je ne pense pas en être capable.

– Pourquoi ?

– Je ne suis pas assez douée, souffla-t-elle, la voix tremblante.

– Tu n'es qu'en deuxième année. Tu as le temps de t'entrainer pour devenir plus forte.

De sa cachette, Norbert put entrevoir la scène. L'Auror posa une main sur l'épaule de la fillette. Il se voulait rassurant et bienveillant.

– C'est vrai... ce que vous me dites me redonne espoir !

– Tant mieux.

– Pouvez-vous me donner un aperçu de votre magie ? Que je puisse garder ce souvenir précieux pour m'encourager quand je me sens défaitiste ?

L'homme ferma les yeux et finit par acquiescer. D'un geste rapide et précis de la baguette, il fit apparaitre une loutre spectrale qui valsa dans les airs avant de disparaitre.

Leta eut un mouvement de recul devant l'animal, mais se reprit très vite.

– Wouah, c'était magnifique ! Merci, merci infiniment, Marcus Paepe.

La Serpentard se retint de lui demander un autre sort. Elle ne devait pas trop en demander à ce brave Auror.

Ce duo insolite se sépara sans faire attention au jeune garçon qui n'avait pas bougé d'un cheveu. Il resta ainsi jusqu'à ce que la majorité des élèves quittent Poudlard pour aller dans les gradins du stade de Quidditch. Norbert décida de manquer le début du match pour aller faire un tour dans la grotte qui menait au lac noir.

Cette fois-ci, il n'eut pas besoin de la diversion de Peeves.

L'eau était calme, seul son clapotis contre le rocher venait déranger le silence de la grotte. Norbert avança d'un pas calme, appréciant la sérénité de ce lieu. Il hésita avant d'appeler Méridia, craignant de déranger la selkie. Une fois son souffle diffusé à l'aide du coquillage, le jeune garçon s'installa sur la pierre froide et humide et sortit son carnet de croquis. Il eut juste le temps d'ébaucher ce paysage si particulier que l'être de l'eau fit son apparition.

– Cela fait bien longtemps que je n'ai pas eu de tes nouvelles, jeune sorcier.

– Bonjour, Méridia, il n'est pas aisé de venir ici, expliqua-t-il, et puis je ne voulais pas te déranger.

– Tu ne me dérangeras jamais.

La voix de la selkie était claire. Son regard, d'un jaune mordoré, fixait le garçon. Norbert baissa les yeux, à la fois coupable de donner si peu de nouvelles, et gêné de voir l'attention que son amie lui donnait.

– Tu es seul ? demanda-t-elle sans percevoir le trouble de l'humain.

Il se contenta d'acquiescer, la voix bloquée dans sa gorge.

– Pourquoi ?

Comprenant qu'elle ne changera pas de sujet, Norbert décida de lui raconter tout ce qu'il s'était passé depuis leur dernière discussion, sans omettre le moindre détail.

– J'entends de moins en moins cet être qui pleure dans vos murs. Pourtant son malheur ne cesse d'augmenter. Parfois, il paralyse mes sens.

– Comment l'imagines-tu ? questionna Norbert.

– Je ne sais pas vraiment... Dans mon esprit, il ne ressemble pas à la créature que tu dépeins. Il m'évoque un nouveau-né. Un être sans barrière, sans protection. Il ne comprend pas, il est perdu.

La voix de la Selkie était vibrante. Elle percuta l'âme du garçon et fit trembler toute son essence. Norbert entrait en résonnance avec cette créature qu'il ne connaissait même pas.

Méridia observa attentivement le jeune sorcier. Il n'était qu'un enfant, un enfant qui se sentait fragile et démuni. Et pourtant, en cet instant, elle sentait en lui des forces qu'il ne soupçonnait même pas. Norbert la regardait droit dans les yeux, les sourcils froncés, la mâchoire serrée, les poings fermés.

– Je le trouverai. Je le protègerai, affirma-t-il sans hésiter une seule seconde.