Alors qu'ils n'étaient plus que cinq pour remettre la grange en état, William passa de l'eau fraiche sur son visage pour tenter de se remettre les idées en place. Marcus, le plus sobre de tous, rangeait la sono, Logan ramassait les gobelets en manquant à chaque pas de s'étaler sur le sol. Jenna et Sara riaient sans retenue dans un coin en observant William.
Il venait de jurer, ayant renversé un bac d'eau sur sa chemise. Il détestait lorsque l'alcool le rendait maladroit. Otant rageusement sa chemise, il la lança dans une barque et entreprit de nettoyer le bar.
Jenna, à l'autre bout de la pièce, sentit son sang cogner ses tempes à sa vue et ses jambes flageolantes la portèrent jusqu'à lui. Elle posa une main sur son avant-bras, savourant la texture douce et chaude de sa peau. Il se tourna vers elle, l'embrassa et se remit au travail. Mais elle insista en se collant à lui et il finit par se tourner complètement vers elle. Il la vit fiévreuse, savait que l'alcool ne jouait pas un grand rôle. Ce soir, elle lui faisait comprendre qu'elle voulait s'offrir à lui pour la première fois depuis le début de leur relation. Il s'en sentit flatté. Fier, même. Il avait toujours respecté les filles et leurs décisions et attendait qu'elles viennent à lui sans les presser. Et il aimait n'avoir rien à faire pour cela. Être lui. Juste lui.
– Viens, lui susurra-t-elle en l'emmenant dans la pièce contigüe, manquant de renverser Logan dans son empressement.
Il rentra chez lui une demi-heure plus tard, tenant à peine debout. Arrivé devant la porte, il remarqua avoir oublié son vélo à la Baraque. Il irait le récupérer le lendemain.
Rejoignant sur la pointe des pieds sa chambre, il fut rassuré d'entendre le ronflement paisible de son père. Ses parents dormaient. Otant ses vêtements, il se glissa sous ses draps froids et s'endormit aussitôt, assommé par l'alcool.William ouvrit les yeux le lendemain non sans une certaine difficulté. Son crâne le faisait souffrir, vestige d'une soirée un peu trop arrosée.
Grimaçant, il tourna la tête vers son réveil.
12:30.
Il laissa tomber sa tête sur son oreiller et soupira. Se lever aussi tard lui pourrissait toujours la journée. En plus, il pleuvait des cordes.
Il quitta son lit, ses muscles lui criant d'y aller avec un peu plus de délicatesse. Il enfila son pantalon de jogging, une paire de baskets et un T-shirt après avoir pris une douche glacée, histoire de se réveiller.
Dans la cuisine, sa mère et son père étaient attablés, l'un en face de l'autre. Rosemarie lisait un magazine de déco tandis que Patrick buvait sa tasse de café en lisant sa gazette journalière.
Lorsque William entra en trainant les pieds, ils levèrent tous les deux la tête et le suivirent du regard. Il alla sortir une bouteille de lait du frigo pour y boire à même le goulot, aussi bruyamment qu'un veau au bac. Sa mère ne tarda pas à réagir.
– William ! Qu'est-ce que je t'ai déjà dit à propos de cette bouteille de lait ? Il y a d'autres personnes qui passent après toi.
Ignorant la remarque de sa mère, le jeune homme s'assit à table, beurra sa tartine et y étala une épaisse couche de confiture.
– Écoute ta mère quand elle te parle ! dit alors son père d'une voix forte. Et puis, tu pourrais dire bonjour.
William releva la tête et dévisagea son père. Depuis quand son père volait-il au secours de sa mère ?
– Où étais-tu hier soir ? continua son père.
William reprit ses esprits et mordit avec gourmandise dans sa tranche de pain.
– Je chuis allé prendre l'air pendant que fous fous dichputiez.
– Et tu es rentré à deux heures et demie du matin, lança sa mère. Tu ne serais pas plutôt allé à cette soirée ? On ne t'avait donné aucune permission.
Il déglutit avec difficulté. Comment allait-il s'en sortir sans que ça hurle dans toute la maison ?
– Bah je me suis qu'en attendant que vous arrêtiez de vous disputez, je pouvais aller faire un tour du côté de la Baraque...
Sa mère lui lança un regard sévère. Ce fameux regard qu'il détestait tant et qui le replongeait toujours quinze ans en arrière, lorsqu'à cinq ans, il avait traversé la route et manqué de se faire renverser. Ça s'annonçait très mal.
– Tu dépasses les bornes, William ! siffla-t-elle. Tu sors sans notre permission, on ne sait jamais où tu vas ni avec qui tu traines. Qu'est-ce qu'on doit penser de tout cela nous ?
– Je n'ai pas besoin que vous me dictiez ma conduite ! répliqua William en posant sa tartine sur la table, conscient de l'importance que prenait la conversation. Je suis assez grand pour me débrouiller tout seul !
– En es-tu sûr ? intervint son père. Dois-je te rappeler que c'est encore ta mère qui repasse et lave ton linge ? Tu as vingt ans dans deux mois et tu n'es même pas capable de te cuire un œuf. Deux années tu as doublé parce que tu ne penses qu'à rouler des mécaniques et draguer tout ce qui bouge. Combien de filles est-ce qu'on a pas vu défiler ici ? On a encore l'impression d'avoir un gamin de dix ans à la maison !
– Je suis très mature pour mon âge, tenta de se défendre William.
– Certes, tu es intelligent et réfléchi mais fainéant ! Un fainéant qui s'imagine que tout va venir à lui sans même un claquement de doigts, dit sa mère.
William baissa les yeux. Si ses potes le voyaient se faire rabaisser de la sorte, il était sûr qu'il deviendrait la risée du groupe.
– Alors, ta mère et moi avons pris une décision, annonça son père. Rosemarie, je te laisse lui annoncer.
Et il reporta toute son attention sur sa lecture.
William fixa sa mère, peu confiant en ce que lui réservait la suite.
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Cet été-là
RomanceWilliam est un jeune homme au physique charmeur, au sourire enjôleur, jouant sur son paraître pour se faire aimer. Ses parents ne le supportent plus et l'envoient chez les Savarin, une famille aux valeurs simples. Mais que faire lorsqu'en arrivant...