Chapitre 11 - L'Office

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Charlotte, dans sa chambre, choisit une légère robe couleur coquelicot lui descendant à hauteur des genoux, une paire de ballerines blanches et retint ses cheveux par un ruban blanc dans sa nuque. Elle n'avait jamais été aussi féminine mais ce garçon méritait que l'on se mette sur son trente-et-un tous les jours. Elle sortit de sa chambre en même temps que William.

Elle fit mine d'être surprise.

– Oh, William, tu étais là ?

Le jeune homme ne fut pas dupe mais joua le jeu.

– Je suis allé me changer. D'après ce que j'ai observé des sorties de l'église, les fidèles sont toujours tirés à quatre épingles.

– On n'est pas aussi sérieux qu'en ville mais on garde une tenue correcte. Celle-ci te va d'ailleurs à ravir.

Ça ne lui allait pas à ravir. Ça le rendait terriblement sexy !

Il savait qu'elle attendait un compliment en retour.

– Tu es très belle dans cette robe aussi, lui dit-il dans un sourire.

Elle sembla ravie et s'enfuit au rez-de-chaussée.

Térésa sortit alors de sa chambre. A la tête qu'elle tirait, elle avait tout entendu de la conversation et celle-ci ne semblait pas du tout lui avoir plu. Mais William s'en fichait. Il était plutôt intrigué par la singularité de sa robe. Ou plutôt son extrême simplicité qui la rendait particulière. De couleur bleu ciel, elle s'évasait jusque sous le genou et soulignait la fine taille de la jeune femme pour remonter jusqu'à la naissance de son cou tout en découvrant ses épaules. Ignorant William, elle déposa un châle défraîchit sur ses épaules, rompant le charme de la robe et suivit sa sœur.

Suivre le cours de l'office sans que son esprit soit détourné par le moindre mouvement qui se faisait autour de lui fut un supplice pour William.

Les gens toussaient, d'autres parlaient à voix basse, certains enfants se mettaient à pleurer ou éclataient de rire sans raison apparente. A côté de lui, Louise se dandinait sur sa chaise mais montrait clairement la volonté de se contrôler en joignant les mains et en fermant les yeux si fort que ses sourcils se fronçaient tandis que Madeleine tenait la main de son grand frère avec vigueur. Charlotte, elle, passait nerveusement sa main sur son avant-bras et jetait des regards furtifs à William qui ne la remarquait pas. Il avait fini par poser son regard sur Térésa. Assis dans la rangée derrière elle, il avait tout le loisir d'observer son profil et la sérénité qu'il pouvait y lire lui apporta un certain calme qui lui permit de passer le reste de la Messe plus attentif à l'ambiance paisible qui régnait.

Enfin la paix.

Le reste de la famille arriva dans la soirée. Le jeune homme fit la connaissance d'Annie, de Jean et de Tim venu avec sa jeune épouse Anna.

Tim s'était marié un an plus tôt et Anna était enceinte de sept mois. Ils étaient aussi bien assortis qu'une chaussette noire avec une blanche. Tim n'était pas franchement bel homme. La trentaine, quelques rides au bord des yeux, il n'avait plus le corps d'un jeune homme mais plutôt celui d'un père de famille auquel l'épouse préparait de bons petits plats tous les jours. Il avait le teint brun, les cheveux blonds et les yeux bleus, emplis de tendresse. Et il paraissait d'une sympathie débordante. Ce devait être la seule chose qu'il avait en commun avec sa femme.

Elle, était fine et élégante, d'une beauté exotique. Elle portait de longs cheveux noirs et ses grands yeux sombres brillaient d'intelligence. Ses hautes pommettes, son nez droit et ses lèvres au dessin exquis ajoutaient à son charme une note de sensualité.

Quant à Annie et Jean, la ressemblance était frappante. Annie était Jean au féminin : la coupe blonde au carré, elle était légèrement plus petite que son frère et plus fine. Tous deux avaient des yeux noisette aux reflets dorés.

A la tenue que portait Jean, il n'y avait aucun doute quant au chemin de vie qu'il avait choisi d'emprunter. Sa sœur, elle, devait toujours être secrétaire ou dans le milieu administratif, à voir le tailleur bleu pâle qu'elle portait.

Ils étaient au complet. Onze personnes dans une maison, ça faisait beaucoup. William s'imaginait à quoi ressemblerait la demeure si quelques-uns de ses amis étaient présents. La scène imaginée lui arracha un sourire. Deux milieux totalement différents, deux manières de penser en opposition, des moqueries d'un côté, de l'incompréhension de l'autre. Si ses amis le voyaient, ils lui riraient sans doute au nez d'avoir été obligé de se perdre dans une famille si banale.

Le festin fut un joyeux régal. Tous riaient et William, comme s'il n'avait jamais été un étranger, se joignait à la conversation avec plaisir. Et Charlotte ne manquait pas une occasion de le taquiner. Sans prêter attention aux réactions de Térésa, il se prenait au jeu et lui renvoyait la pareille en riant.

Cet été-làOù les histoires vivent. Découvrez maintenant