Partie 8 - Térésa Savarin

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Même s'ils venaient de la même famille, ils étaient tous différents. Le plus grand, costaud et altier, devait être le militaire dont lui avait parlé Louis, à voir la tenue de terrain qu'il portait. Il avait le crâne rasé, le teint bruni par le soleil et le vent, son regard bleu et dur trahissait la rage et la dureté des combats.

La plus jeune avait tout l'air d'un ange avec son regard à la fois doux et espiègle. Ses courts cheveux blonds bouclés ajoutaient un charme frais au visage enfantin et rosé.

Celle qui se tenait contre son père semblait d'une nature touchante et attendrissante. Elle avait les cheveux longs, lisses et bruns. Ses yeux dans lesquels brillaient des larmes de joie avaient la teinte du chocolat. Et William ne manqua pas de remarquer le tremblement de son menton, signe qu'elle retenait ses larmes. Sans doute était-elle heureuse de revoir sa famille réunie.

Il observa ensuite les deux plus âgées. L'une d'elle, grande et élancée, dépassait sa sœur d'une demi-tête. Elle avait attaché ses longs cheveux bruns en une queue de cheval sportive. Elle devait encore être une adolescente, mais le regard qu'elle posa sur lui était celui d'une jeune femme à qui il faisait de l'effet. Ce devait être Charlotte.

Remarquant qu'il la dévisageait, Charlotte lui offrit un grand sourire.

Il lui répondit d'un sourire plus discret, analysant la dernière, quelque peu intrigué.

Elle aussi à l'écart des retrouvailles, elle demeurait immobile, fixant sa famille d'un regard vide. Ce devait être elle, la jeune aveugle. Elle portait une longue robe blanche jusqu'au chevilles sous un gilet à fines mailles d'un blanc cassé, couvrant ses bras. Si elle avait défait son chignon un peu trop stricte pour laisser gambader sa chevelure fauve autour de son visage, elle aurait été l'incarnation parfaite d'une jeune vierge prête à être sacrifiée en offrande aux dieux. Ses traits fins respiraient la paix et une force d'esprit hors du commun. Elle n'avait plus rien à voir avec l'adolescente banale aux taches de rousseur. Ces dernières avaient même un certain charme sur elle.

Son père la dévisagea.

– Alors, Térésa, tu comptes rester loin de ton père le restant de tes jours ? demanda-t-il en avançant vers sa fille.

Comme sortie d'un songe, elle alla vers lui d'un pas assuré, à la manière d'une personne voyant parfaitement. Elle plongea dans ses bras et savoura la joie d'être à nouveau chez elle, avec sa famille.

– Annie, Tim et Jean n'arriveront que demain soir, annonça Monsieur Savarin. Le festin ne sera pas pour ce soir.

Louise eut un petit cri étouffé.

– J'ai envie d'un festin, moi !

William ne put s'empêcher de sourire devant son ton plaintif tandis que la famille riait.

– En attendant, je vous présente notre invité : William Schumann.

L'intéressé s'avança vers eux.

– C'est le fils de Patrick Schumann, l'homme que j'ai aidé à monter dans les hautes sphères.

Les regards se portèrent sur lui.

– Bonjour, dit-il joyeusement.

L'entendant parler, Térésa put le localiser et leva les yeux sur lui. Au son de sa voix, elle frémit. Une voix rauque, chantante, sûre et séduisante. Voilà encore un jeune homme qui devait plaire à la gente féminine.

– Salut ! Moi, c'est François. Enchanté !

Il lui tendit une main que William serra avec force.

Cet été-làOù les histoires vivent. Découvrez maintenant